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Pistes trop peu explorées, "nonchalance" de la justice… Dans un entretien accordé à la Dépêche du midi, Me Jean-Baptiste Alary, l’avocat de Cédric Jubillar, dénonce la stagnation de l’affaire. Depuis le 18 juin dernier, le mari de Delphine Jubillar, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, est incarcéré à la prison de Seysses et mis en examen pour "homicide volontaire sur conjoint". Si la thèse du départ volontaire a été écartée au profit de la piste criminelle, de nombreuses zones d’ombre demeurent. À commencer par "l’inaction de la justice". Comme le pointe l’avocat du suspect, "ils ont mis en examen et incarcéré quelqu’un depuis un mois. Et à part ordonner son expertise psychiatrique et psychologique, ce qui est traditionnellement le premier acte fait par un juge d’instruction, il ne se passe rien".
Cédric Jubillar : "Il faudrait quand même envisager de l’auditionner"
Alors que l’homme de 33 ans, placé à l’isolement pour sa sécurité, clame toujours son innocence, depuis son incarcération, il n’a plus été interrogé. "On ne peut se permettre au début de l’été d’incarcérer les gens et laisser les choses en attente comme cela pendant plusieurs mois. C’est quelqu’un qui clame son innocence, nous sommes en droit de demander à ce qu’il soit auditionné avant trois mois. Ce n’est pas normal", fustige Me Jean-Baptiste Alary dans les colonnes du quotidien régional.
Et d’ajouter : "Il est en prison, alors qu’il a fait des déclarations spontanées. Dans un dossier comme celui-ci, je m’attendais à être convoqué dans les 15 jours qui suivent l’incarcération pour être entendu. C’est quand même un droit d’être entendu par son juge."
Quelle est la raison de cette "nonchalance", que signale l’avocat ?
Cédric Jubillar : "Ils ont trouvé leur coupable"
Jean-Baptiste Allary estime que l’époux de la jeune infirmière disparue est "jugé sur la place publique", sans réelles preuves. "Il a répondu largement à toutes les questions des enquêteurs. Maintenant qu’il a été placé en détention, il est en droit de demander à répondre aux questions des juges. Ce sont les juges qui l’ont arrêté, qui l’ont mis en examen. C’est à eux de reprendre l’instruction. Mais il ne se passe rien. Pour eux, ils ont trouvé leur coupable. Alors pourquoi aller plus loin, pourquoi même l’auditionner, pourquoi se creuser la tête ?"
"Au lieu de placer le débat judiciaire dans un tribunal, parce qu’on sait que ce combat-là sera perdu, on le déplace dans l’opinion publique. Parce que si un tribunal ne condamne pas Cédric Jubillar, on sait que l’opinion publique s’en chargera", fustige-t-il.Pourtant, l’avocat affirme avoir d’autres éléments…
Affaire Jubillar : les recherches n’ont pas été étendues à la région
Selon Me Jean-Baptiste Allary, chargé de la défense de Cédric Jubillar, certaines pistes n’ont été que peu explorées. "On aurait pu penser qu’avec cette détention, certaines vérifications seraient faites, qu’on l’aurait interrogé de nouveau. Mais cela fait un mois, et il ne se passe rien. Il n’y a plus d’investigations, pas de commission rogatoire, etc. C’est le néant total", déplore-t-il.
Pourtant, "on a d’autres éléments. Mais je vais m’appesantir encore plus sur ce qui n’a pas été exploité. On écarte la piste du rôdeur de façon pitoyable. Dans un dossier d’une telle envergure, écarter une telle piste est inadmissible. On nous dit, on a interrogé le Fijais (fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes), ce qui impliquerait un rôdeur déjà connu de la justice. De cette façon, on écarte les primo-délinquants", explique-t-il.
Or, pour être récidiviste, il faut avoir été condamné au moins une fois. "Donc cela signifierait que c’est quelqu’un qui est déjà connu de la justice, et pour des faits de nature sexuelle. Mais qui a dit que Delphine Jubillar a été violée ? Qui a dit qu’elle a croisé la route d’un pervers sexuel ? Qui a dit cela ? Personne !"
"Et de plus on interroge le Fijais, mais on se limite aux personnes qui résident dans le Tarn, comme si c’était une île ? Voilà comment on écarte la piste du rôdeur. On n’a même pas étendu les recherches à la région", conclut l’avocat.