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Le contenu des programmes scolaires reste un sujet hautement politique. A fortiori lorsqu'il est question de sexualité. Les polémiques entourant le nouveau programme “d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle” en sont une nouvelle preuve. De manière schématique, des personnes issues des milieux conservateurs s’opposent à une approche laïque de la question centrée notamment sur la notion de consentement, mais qu’ils accusent de servir de cheval de Troie pour la diffusion de soi-disant “théorie” du genre.
Histoire d’un tabou
Au-delà de controverses soulevant de bien plus vastes enjeux, c’est l’occasion de se pencher sur l’histoire d’un tabou jamais été totalement levé. Faut-il transmettre un enseignement aux enfants et aux adolescents sur la sexualité, et si c’est le cas, comment s’y prendre ? Cette quadrature du cercle, pédagogues, médecins, mais aussi membres du personnel ecclésiastique et responsables politiques se sont efforcés de la résoudre depuis le XIXe siècle.
Juste après la Seconde guerre mondiale, dans la foulée des réformes portées par le Conseil national de la Résistance, le plan Langevin-Wallon envisage d’ajouter les questions liées à la sexualité dans les programmes éducatifs.
En 1948, une commission composée de 25 membres, dont 7 femmes et dirigée par Louis François remet un rapport sur le sujet. Il est notamment écrit que l’école “travaille à libérer l’enfant de toutes les ignorances”. Elle “ne peut pas négliger la plus nocive” des ignorances car elle “n’a pas seulement pour but d’instruire, de lancer dans la vie des bacheliers plus ou moins brillants, mais aussi de préparer des hommes et des citoyens” (cité par Revenin, Régis. « De l’éducation sexuelle : le rapport de 1948 ». Louis François et les frontières scolaires, édité par Jean-Paul Martin et Nicolas Palluau, Presses universitaires de Rennes, 2014)
Dans ce cadre, toute éducation à la sexualité est d’abord conçu pour être destinée aux garçons et dans une volonté de “responsabilisation”. Ce rapport ciblait ainsi la masturbation, encore jugée néfaste, ainsi que l’homosexualité, quant à elle fermement condamnée.
En dépit de ces recommandations, aucune instruction à la sexualité ne figure officiellement au programme, sauf de manière très indirecte, avec des mentions sur la reproduction dans les manuels de sciences naturelles. En revanche, les travaux des Américains William Master et Virginia Johnson ou les résultats des rapports Kinsey, pionniers en matière de sexologie, restent largement ignorés. Néanmoins, la “libération sexuelle” fait son chemin, non sans réticences. Ainsi en 1971, un tract diffusé par le “Dr Jean Carpentier” provoque un scandale. Il était intitulé : “Apprenons à faire l'amour” (texte intégral publié par le Centre de recherche pour l’Alternative sociale de Toulouse). Ainsi ce n’est qu’après 1973 et la circulaire du ministre Joseph Fontanet que la transmission d’un savoir sur la sexualité entre, de manière très encadrée, à l’école. Une “information sexuelle” est prévue, dans le cadre des sciences naturelles, pour les élèves de 6e et 5e. Dans cette interview diffusée dans un reportage télévisé, mis en ligne par l’Institut national de l’audiovisuel, une enseignante en biologie explique qu’en 1974, que parmi les thèmes abordés figure la Ces brefs aperçus très indirects, sont parfois complétés par des sessions facultatives animées par des bénévoles, souvent des soignants. Aucune référence explicite n’y est vraiment de mise. A la fin de la décennie, suite à l’adoption de la loi Veil, l’avortement commence à être abordé, là aussi sous un angle plutôt médical. Les tabous demeurent et avec eux une certaine ignorance. "Même des agrégés de biologie connaissent assez mal le cycle féminin ", relève un membre du Conseil supérieur de l'information sexuelle à l’occasion d’un rapport sur l’éducation sexuelle remis en 1979 (cité dans L e Monde). A la décennie suivante, avec l’arrivée du Sida, l’approche médicale se renforce. C’est en 2001 que l’éducation sexuelle devient obligatoire à l’école. Les controverses les plus récentes semblent donner raison au philosophe Michel Foucault, qui, dans La Volonté de savoir, premier tome de son Histoire de la sexualité, écrivait :Un tournant dans les années 1970
“notion de mâle et de femelle, de père et mère, la fécondation, le développement des embryons, et le problème de leur mise au monde (...) lorsque l’on fait l’étude des batraciens on peut observer des accouplements (...) par extension, ils peuvent comprendre que mâles et femelles doivent se rapprocher pour assurer une fécondation.”
Un discours, une répression
“La sexualité n’a pas cessé d’être l’objet d’un savoir, d’un discours, et dans un même temps, l’objet d’une répression, mais d’une répression qui n’a cessé de se renforcer.”