De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Que prévoit la loi concernant le statut de Première dame ?
Robert Schneider* : "Absolument rien ! Légalement, la Première dame n’existe pas. Elle n’a pas de statut officiel et n’apparaît pas dans l’organigramme de l’Élysée. Cela a d’ailleurs souvent fait enrager Bernadette Chirac : pendant le septennat de son mari, lorsque à Élysée, on annonçait « Madame Chirac », il ne s'agissait pas d’elle, mais de sa fille, Claude, alors conseillère de son père.
Dans les faits, la Première dame a le rôle que veut bien lui donner le président de la République. Cela remonte à De Gaulle. En arrivant à l’Élysée, il a voulu donner un rôle à son épouse Yvonne. À l’époque, il correspondait à celui d’une femme issue de la Bourgeoisie. Il était notamment question d’intendance au Palais, mais aussi de représentation et d’accompagnement de son mari pendant ses déplacements officiels. Yvonne de Gaulle n’avait aucune influence politique. Et quand elle essayait de donner son avis à son mari, celui-ci lui arguait : ‘Laissez, vous n’y connaissez rien'. Les autres présidents ont ensuite marché dans les pas de Gaulle et donné un rôle à leurs épouses.
Avec Claude Pompidou et Bernadette Chirac, il n’y a pas eu de grands changements. Elles avaient, elles aussi, reçu une éducation bourgeoise et catholique. Cela a commencé à changer avec Danielle Mitterrand. Élevée dans une famille socialiste et laïque, elle était militante et rebelle, et se prêtait donc moins au rôle initialement déterminé par De Gaulle. Le grand bouleversement a véritablement eu lieu des années plus tard, avec l’arrivée de Cécilia Attias, puis de Carla Bruni et de Valérie Trierweiler. Ces trois femmes sont arrivées à l’Élysée en ayant déjà eu une vie. Émancipées, elles avaient déjà été mariées, étaient mères de famille et avaient des métiers. Et si Carla Bruni a accepté de mettre sa carrière de mannequin et de chanteuse entre parenthèses le temps du mandat de son mari, Valérie Trierweiler, elle, a voulu rester journaliste. Ce qui n’était vraiment pas facile.
Qu’en est-il de Julie Gayet ?
Robert Schneider : On ne peut pas dire qu’elle est Première dame. D’abord parce qu’elle n’a jamais été officiellement présentée comme la compagne du président et encore moins comme la Première dame. Ensuite, parce qu’elle n’a jamais assisté à aucun de ses déplacements officiels ni n’a jamais officiellement reçu qui que ce soit à l’Élysée. Enfin, elle continue d’exercer son métier de comédienne-réalisatrice.
Quels sont les usages concernant le statut de Première dame ?
Robert Schneider : Pour éviter les conflits d’intérêt et les polémiques, il est d’usage que la Première dame ne travaille pas. Cette question ne s’était jamais posée avant Carla Bruni car la plupart des épouses de président étaient femme au foyer. Il est également courant que la Première dame dispose d’un bureau à l’Élysée, de collaborateurs et d’un chauffeur. Concernant ses activités, c’est souvent elle qui régente la vie au Palais et y organise les réceptions. Elle a par ailleurs souvent la mission d’accompagner son mari pendant ses déplacements officiels en France et à l’étranger.
Certaines Premières dames ont-elles outrepassé leurs ‘fonctions’ ?
Robert Schneider : Danielle Mitterrand n’a pas créé une fondation caritative, mais une association de défense des Droits de l’Homme. Alors qu’elle était très engagée, elle a parfois pris des positions contraires à celles de la France. A tel point que lorsqu’elle partait en déplacement à l’étranger, François Mitterrand demandait aux ambassadeurs de surveiller son épouse et de veiller à ce qu’elle ne fasse pas de déclarations intempestives. Bernadette Chirac, quant à elle, a abusé financièrement. Elle est de loin celle qui a le plus dépensé. A titre d’exemple, elle a fait refaire deux fois les appartements de l’Élysée. Elle avait également l’habitude d’organiser des réceptions fastueuses.
Quelle empreinte les autres Premières dames ont-elles laissée ?
Robert Schneider : Cécilia Attias a de son côté usé de son influence pour servir les intérêts de ses proches. Au moment où Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir, leur couple battait de l’aile et il était prêt à tout pour la garder. Aussi, l’a-t-il laissé décider de nommer Rachida Dati à la Justice et d’empêcher Brice Hortefeux d’obtenir un ministère régalien. Cécilia Attias n’a été Première dame que cinq mois, mais elle a été la plus influente de toutes… Ensuite, Carla Bruni a été la plus discrète, ce qui n’était pas gagné d’avance vu son passé de ‘Don Juan au féminin’; tandis que Valérie Trierweiler a été la plus détestée et aussi, la seule à avoir été répudiée".
*Robert Schneider est l’auteur de Premières dames (éd. Perrin).