Sophia Chikirou, mise en examen, escroquerieIllustrationabacapress
En sursis depuis 2022, date à laquelle elle avait été convoquée une première fois, la députée insoumise Sophia Chikirou a comparu mardi matin devant le tribunal judiciaire de Paris pour le financement illégal de campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en 2017. Elle a été mise en examen pour plusieurs motifs dont celui d'escroquerie aggravée.
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"Escroquerie aggravé, abus de biens sociaux et recel d’abus de confiance". Telles sont les motivations du tribunal judiciaire de Paris qui a décidé de mettre en examen ce mardi 24 septembre la députée LFI Sophia Chikirou a annoncé une source à l'AFP.

Via sa société de conseil en communication Mediascop, elle est soupçonnée d'avoir financé illégalement la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, dont elle est très proche, en 2017. Ce en surfacturant des prestations, ce qui n'est pas sans rappeler l'affaire Bygmalion pour laquelle Nicolas Sarkozy avait été condamné en 2021.

La France Insoumise a publié un communiqué sur X (ex-Twitter) en début d'après-midi et Jean-Luc Mélenchon a déclaré : "nous n'avons pas peur, nous ne sommes pas intimidés", cité par Le Figaro, puis "pas une seule de ces accusations n'a le moindre fondement concret."

"La République, c'est moi !"

La députée insoumise était dans l'œil du cyclone depuis 2018 déjà. Auparavant, fin 2017, La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) avait pourtant validé ceux des onze candidats de l'époque nous apprend l'hebdomadaire.

Mais elle avait tout de même émis un signalement pour des "interrogations" concernant "les dépenses facturées par l'association l'Ère du peuple - un prestataire - et par Mediascop". L'organisme avait découvert que 434 939 euros sur les 10,7 millions déclarés pour la campagne de Jean-Luc Mélenchon avaient été "retranchés".

C'est suite à ce signalement qu'avait eu lieu le 16 octobre 2018 la fameuse perquisition demandée par le parquet au domicile du leader de La France Insoumise qui avait fait un scandale devant les caméras, en déclarant notamment aux forces de l'ordre "la République, c'est moi !"

Sophia Chikirou mise en examen "pour de bon" ?

Ce même mois, la même année, Sophia Chikirou, aujourd'hui 45 ans, déclarait : "il n'y a pas eu de surfacturation, Mediascop n'a pas surfacturé, il n'y a pas d'enrichissement personnel, il n'y a pas eu de détournement de fonds publics." Elle venait d'être entendue en audition libre pendant deux jours à Nanterre par la police anticorruption (Oclciff), rappelle Le Point.

Un rapport d'enquête que s'est procuré Mediapart, issu d'un dossier d'instruction confié aux juges en novembre 2018, révèle toutefois que Mediascop a vu "sa rentabilité bondir" après la campagne 2017. À un point "considéré par les experts comme étant supérieur à celui des entreprises du secteur de même taille".

Le site d'investigation fondé par Edwy Plenel va plus loin : la députée LFI, grâce à ces élections, alors qu'elle était la conseillère en communication personnelle de Jean-Luc-Mélenchon, aurait pu "se verser à titre personnel plus de 135 000 euros de salaires et dividendes avant impôts dont elle a décidé seule du montant en tant que présidente et unique actionnaire de Mediascop."

Déjà convoquée en 2022, Sophia Chikirou avait évoqué "un problème" d'agenda afin d'éviter la justice, puis un changement de juge avait "retardé l'examen du dossier", toujours d'après Mediapart. Cette fois-ci était la bonne, et l'Insoumise a bien été mise en examen.

Sophia Chikirou choisit de garder le silence

Après ce coup de tonnerre, Sophia Chikirou, accompagné par l'un de ses avocats M e Dominique Tricaud, a préféré ne pas faire de déclaration à sa sortie du tribunal. C'est l'Ère du peuple qui a fini par précipiter les choses. D'abord mise en examen au printemps 2021 pour "prêt illicite de main-d'œuvre ", des charges plutôt légères, l'association a été rattrapée par de nouvelles révélations de Mediapart, reprises par Le Point.

"Des missions facturées par l'Ère du peuple étaient en réalité réalisées par d'autres prestataires." L'association "aurait alors émis de fausses factures pour justifier les frais". Trésorier de l'Ère du peuple en 2017, le député LFI de Seine-Saint-Denis Bastien Lachaud avait finalement lui aussi été mis en examen en septembre 2021 pour "prêt illicite de main-d'œuvre, faux, escroquerie et tentative d'escroquerie."

Les poursuites contre l'association ont alors été revues et alourdies dès 2022, année de la première convocation de Sophia Chirikou. À laquelle elle n'a pu donc échapper ce mardi 24 septembre 2024.