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Inévitable polémique."Je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien, là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder", a déclaré Emmanuel Macron devant les lecteurs du Parisien, à qui il a livré ses "quatres vérités". Le titre de presse francilien, qui a rendu l’échange possible, a publié la conversation en une de son journal ce mercredi 5 janvier 2022, sous le format d’une interview fleuve. Cette dernière, parfois très acide à l’encontre de certaines franges de la population, n’a pas manqué de faire polémique. Voilà revenu le président des "petites phrases" ; celui que l’ancien ministre de François Hollande s’était pourtant engagé à ne pas ré-inviter.
C’est que le président de la République n’en est pas à son coup d’essai en la matière ; tant et si bien que d’aucuns y voient là une pique tout à fait réfléchie. D’autres, à l’image d’Edouard Philippe, se contenteront de dire qu’Emmanuel Macron s’exprime parfois "de façon familière" mais que cela a le mérite de rendre son propos clair… Pour autant, cela le rend-il plus acceptable ? Pas nécessairement, affirme le politologue Raul Magni-Berton, enseignant-chercheur à l’Institut d’Etudes Politique de Grenoble (IEP, Sciences-Po), spécialisé notamment dans les domaines de la démocratie, de la citoyenneté, des élections ou de la redistribution.
Emmanuel Macron veut "emmerder" les non-vaccinés : des propos inacceptables ?
"De tels propos sont profondément inacceptables de la part d’un président de la République. Il est, ne l’oublions pas, le garant de l’équilibre des pouvoirs et de la constitution. Il lui revient donc de défendre l’intégralité des Françaises et des Français, d’assurer les conditions du pluralisme d’opinion le pays. Il fait précisément ce que tout président digne de ce nom devrait éviter de faire", assène d’entrée de jeu l’enseignant.
Pour autant, il serait malhonnête de ne faire ce reproche qu’à Emmanuel Macron. "Il n’est bien sûr pas le premier président à rompre de la sorte avec l’exercice de ses fonctions. Cela fait 20 ans que les présidents s’improvisent chefs de gouvernement. Cependant, il va plus loin qu’aucun autre n’avait osé s’aventurer", juge encore Raul Magni-Berton.
Emmanuel Macron diabolise-t-il ses ennemis politiques ?
Sans grande surprise, l’opposition n’a pas tardé à réagir. Valérie Pécresse, candidate investie par Les Républicains pour représenter la droite de gouvernement en 2022, s’est dite "indignée" par les propos du président, jugeant qu’il ne lui revenait pas de "trier entre les bons et les mauvais français". Elle a aussi appelé à "mettre fin au quinquennat du mépris", rapporte Paris Match.
Autant de critiques que le politologue trouve justifiées. "La situation sanitaire ne justifie pas ce type de comportement. En Suisse, le Premier ministre a dit dans son discours de nouvelle année que le covid avait divisé la nation et que 2022 devrait constituer l’occasion de renouer ensemble. Il est donc possible d’opter pour une ligne politiquement plus consensuel, alors même qu’il ne lui incombe pas toutes les responsabilités qui pèsent sur les épaules du président", rappelle-t-il avant tout.
"Le président n’hésite pas à stigmatiser les gens qui sont en désaccord avec sa ligne politique. Ici, il dresse effectivement la ligne entre les bons et les mauvais Français, mais force est de constater que cette deuxième catégorie est aussi large qu’elle n’est mouvante : il s’agira de tous ceux qui s’opposent à lui. Parfois, ce sont les gilets jaunes, parfois ce sont les anti-vaccins…", observe encore Raul Magni-Berton Berton, pour qui il arrive à Emmanuel Macron de "diaboliser" ses adversaires.
Emmanuel Macron veut "emmerder" les non-vaccinés : un dérapage ou une stratégie ?
Le retour du "président des petites phrases" pourrait laisser penser qu’Emmanuel Macron réfléchit à ce genre de piques avant de s’accorder de tels propos polémiques. "A ce stade, il est difficile de dire qu’il ne s’agit que d’un pure dérapage. La ligne de notre président repose en partie sur cela : il s’agit en fait de se choisir des ennemis pour tenter de souder son propre camp", analyse le politologue.
"En théorie, il est plus aisé de gagner de point en prônant l’union. En pratique, cependant, Emmanuel Macron n’a pas encore souffert de ce genre d’attitude plus autoritaire. Tant que cela continuera, il n’hésitera pas", juge le chercheur.