De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Des valeurs en commun
Nul doute que c’est avec ses proches et entouré de son épouse, Elisabeth Badinter, et de leur trois enfants, que Robert Badinter a célébré ce vendredi 30 mars, ses 90 ans. L’ancien Garde des Sceaux qui a permis l’abolition de la peine de mort et l’historienne forment l’un des couples les plus connus de la République.
C’est à la faveur de leurs familles, que Robert Badinter et Elisabeth Badinter se rencontrent. C’est d’ailleurs l’histoire de leurs familles qui se connaissent, qui les rapprochent, entre autre. "Leurs deux familles ont connu les horreurs de la Shoah. Ils sont tous les deux attirés par les valeurs de la République et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, mais aussi la laïcité", explique l’historien Alain Frerejean, auteur de Robert et Elisabeth Badinter – Deux enfants de la République (L’Archipel), contacté par Planet. Robert Badinter était un habituée des déjeuners qu'organisait le père d'Elisabeth Badinter le dimanche à Villennes.
Ils tiennent tous les deux à leur indépendance
Mariés depuis plus de 60 ans, Robert et Elisabeth Badinter ont pourtant fait domaine à part. Jamais ensemble sur les plateaux de télévision, il est hors de question d’empiéter sur le domaine de l’autre. "Ils sont très indépendants l’un de l’autre, et refusent d’ailleurs qu’on les appelle "Les Badinter". Chacun à son rôle et chacun est maître dans son domaine", précise Alain Frerejean. Au point d’avoir chacun un étage à soi dans leur appartement. D’ailleurs, outre la quinzaine d’ouvrage qu’elle a publiés, et la dizaine qu’il a écrits, Robert et Elisabeth Badinter n’ont produit qu’un seul livre ensemble, Condorcet, un intellectuel en politique, paru en 1988. Là-encore, chacun avait sa partie, à Elisabeth les faits historiques, à Robert le côté politique.
Malgré leurs travaux reconnus, le couple n'a jamais cherché à particulièrement se mettre en avant. Cette discrétion touche d'ailleurs parfois leurs propres réalisations. Alain Frerejean tient notamment à rappeler que Robert Badinter a permis d’éviter une guerre qui s’ annonçait sanglante en Macédoine. C'est en effet lui qui a été chargé d'émettre les bases d'une nouvelle consitution. "Ce qui a quand même certainement empêché plusieurs dizaine de milliers de morts", commente Alain Frerejean.
Un couple lié par les livres mais aussi les voyages et la vie de famille.
Ce goût de l’esprit, et de l’épanouissement intellectuel, Robert Badinter et Elisabeth Badinter l’ont également cultivé pendant leurs vacances. "Ils ont fait énormément de voyages notamment avec François Mitterrand, Anne Pingeot et Mazarine. Ils allaient à travers le monde visiter les maisons de grands écrivains. Ils voulaient voir dans quelles conditions ils vivaient, dans quel climat", raconte Alain Frerejean.
Le sport a aussi eu une certaine importance. Robert Badinter était un très bon skieur alors que son épouse a régulièrement été emmenée sur les pistes par son père. D'ailleurs, s'il n'avait pas eu le ministère de la Justice, le seul autre maroquin que l'avocat de formation aurait accepté, c'est la Jeunesse et les Sports.
Les deux époux ont également en commun le goût du théâtre et du cinéma. Ensemble le couple a eu trois enfants : Judith, Simon et Benjamin.
Fidèles et loyaux
Très proches de l’ancien président de la République, François Mitterrand, c’est Elisabeth Badinter qui a rédigé l’acte de reconnaissance de Mazarine Pingeot. "Mazarine avait 9 ans. L’affaire commençait à se savoir et il y avait du chantage. Il fallait réagir. François Mitterand a donc accepté de reconnaître sa fille, cependant cela nécessitait de se faire devant notaire. C’est Robert Badinter qui en a recommandé un en qui il avait confiance. Sauf que par peur des paparazzis, c’est le notaire qui est venu chez les Badinter et c'est Elizabeth qui a rédigé l’acte", raconte Alain Frerejan.
Entre eux, les époux Badinter sont évidemment d’une solidarité à toute épreuve. En menant son combat contre la peine de mort, l'ancien Garde des Sceaux a pu compter sur le soutien indéfectible de son épouse, alors même que leur famille était sujette aux menaces et insultes. "Robert Badinter est un homme droit et sincère, qui pouvait se laisser envahir par ce qu’il défendait. Son indignation et sa volonté étaient d’une puissance inouïe quand il a défendu l’abolition de la peine de mort. Elizabeth Badinter a su l’apaiser et le calmer. De son côté, Robert Badinter a toujours soutenu son épouse qui, elle aussi, n’a pas toujours été populaire", commente Alain Frerejean.
Alliance et éléphant
Refusant une quelconque médiatisation, le couple a eu à cœur de mettre avant tout en avant ses combats et ses valeurs. Derrière cette pudeur, Robert et Elisabeth Badinter cachent toutefois un amour sincère qui n’appartient qu’à eux et qui se manifeste dans cette anecdote rare. "Tous les 4 à 5 ans, Robert offre à Elisabeth une nouvelle alliance. Elle doit désormais en avoir près de Chaque année, il lui offre également un petit éléphant. Cela leur vient du père d’Elisabeth. Surnommé "Le Lion", ses proches lui offraient des statuettes, des peluches et de nombreux autres objets représentant un lion. Jusqu’au jour où on lui a d’ailleurs offert un vrai lion, qui a par la suite été placé dans un zoo. Robert a de son côté décidé d’offrir à Elisabeth un petit éléphant", raconte Alain Frerejean.