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Il fut "marabouté par des vautours", de ceux qui en auraient prétendument voulu à sa considérable fortune. C'est en tout cas ce qu'annonçait sa fille, Sylvie, en 2014, près de six ans avant son décès. Albert Uderzo, l'un des deux papas du Gaulois à casque ailé le plus célèbre du monde s'en est allé ce mardi 24 mars 2020, des suites d'une crise cardiaque, rapporte Le Monde. Il avait 92 ans, et certaines des dernières années de sa vie ne furent, de toute évidence, pas les plus reposantes qu'il eut été possible d'envisager.
D'abord, sans aucun doute, parce que ce monument de la bande dessinée qu'on ne présente plus a du se battre contre une leucémie qui l'a considérablement fragilisé. Mais aussi parce que les procédures juridiques, les conflits de famille et les piques blessantes se sont multipliées jusqu'en 2014, où le père et la fille finirent par se réconcilier. En cause ? Le succès phénoménal d'Astérix, en l’occurrence davantage sur le plan financier que sur le plan culturel — lequel ne peut pourtant être nié.
A force de dessiner, et plus tard de narrer les aventures d'Astérix et d'Obélix, Albert Uderzo a finit par amasser un véritable trésor de guerre, sans cesse alimenté par les revenus issu du parc créé en l'honneur des personnages pensés avec René Goscinny, mais aussi des films en animation ou en live action. En tout et pour tout, rappelait le Parisien en 2018, cela représentait à l'époque largement plus d'une centaine de millions d'euros pour près de 400 millions d'albums écoulés à travers le monde.
Et ce fut là le nœud du conflit.
Tout commence après la mort de René Goscinny, la création des éditions Albert-René en son honneur, et le premier procès intenté contre les éditions Dargaud qui publiaient jusqu'à présent les premiers tomes des aventures du petit Gaulois à la moustache de blé.
Des relations complexes avec Bernard de Choisy, le gendre
En 1995, alors que Sylvie Uderzo épouse Bernard de Choisy, le dessinateur serre l'homme dans ses bras et lui dit : "Maintenant, j'ai un fils". Pourtant, les relations se détériorent vite. Rapidement, il le surnom Iznogoud, indique Le Parisien, du nom du personnage créé par René Goscinny et Jean Tabary. A celles et ceux qui l'ignorent encore, il s'agit d'un vizir manipulateur, qui tente sans cesse de renverser son calife.
Deux ans plus tard, Albert Uderzo finit d'ailleurs par l'écarter sur le conseil de son avocat, Yves Sicard, qui le présente comme un "coureur de dot". De Choisy, vexé, accepte tout de même partir... Mais pas sans se séparer d'une couverture de La Rose et le Glaive offerte par le papa d'Obélix lui-même.
Une bataille judiciaire longue de 7 ans
Mécaniquement, les relations se tendent. Le Parisien évoque un « long feuilleton », pour parler du "combat âpre entre un père et sa fille". Avec au cœur de tout, l'argent, les prétendus "aigrefins" qui manipulaient Albert Uderzo, le prétendu appât du gain qui "aveuglait" sa fille unique, à qui il n'aurait pourtant jamais rien refusé, de l’aveu de proches.
Après la première rupture, cependant, les deux pans de la famille parviennent à se réconcilier et travaillent ensemble 8 ans durant. Jusqu'à la seconde rupture, qui survient après la parution de Le ciel lui tombe sur la tête, très critiqué, qu'Albert Uderzo vivra comme une honte personnelle. Il accuse alors son gendre d'avoir gonflé ses notes de frais puis licencie sa propre fille, pour pouvoir vendre ses parts dans les éditions Albert-René à Hachette Livre. C'est pour cela que Sylvie Uderzo attente un premier procès contre son employeur, auprès des Prud'hommes. Pour licenciement abusif, elle touche 270 000 euros d'indemnités.
En 2008, elle publie alors une tribune dans les colonnes du Monde. Elle y attaque son père de façon "acerbe" et avec "ironie" explique le quotidien régional qui revient en long et en large sur l'affaire. Son mari s'exprime lui aussi dans la presse, tirant sans hésiter sur l'avocat qui conseillait son retrait des années plus tôt. Il l'appelle "le maître diabolique" et dénonce les "vils manipulateurs".
Les époux Uderzo rejettent cependant la faute sur leur gendre, qu'ils soupçonnent de monter leur fille contre eux.
Des procédures judiciaires à go-go jusqu'à la réconciliation ?
Ce n'est que la première procédure d'une longue lignée : en 2011, elle porte plainte contre X, estimant qu'on abuse de la faiblesse de son père, alors âgé de 83 ans. Le tribunal de Nanterre l'estimera cependant lucide. De toute évidence, le père ne goûte que peu à cette initiative : il attaque sa fille pour "violences psychologique"...
Fort heureusement, avant que le procès ne se tienne, les deux partis ont fini se réconcilier, en raison notamment des deux petits enfants d'Albert Uderzo, auxquels il était apparemment très attaché. Entre la fille et le père, au moins.