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- 1 - Le combat d'une maman
- 2 - Pouvez-vous nous parler de Romain, quel genre de garçon était-il ?
- 3 - Ce jour-là, comment apprenez-vous le drame ?
- 4 - « Ce qu’il a fait à mon fils, il l’aurait fait avant à ses animaux »
- 5 - La police est-elle intervenue rapidement ?
- 6 - Ce voisin, Arthur André, vous le connaissiez ? Vous saviez que Romain l’avait rencontré ?
- 7 - Vous êtes en colère, aujourd’hui, que cet homme ait été relâché par son médecin ?
- 8 - « On veut savoir qui dit la vérité »
- 9 - Où en est l’enquête aujourd'hui ?
- 10 - Vous voulez dire qu’il pourrait y avoir plusieurs suspects, hormis le voisin qui a été abattu ?
- 11 - Vous avez besoin de connaître la vérité pour faire votre deuil ?
- 12 - « J’ai envie de me battre pour mon fils »
- 13 - Comment essayez-vous de tenir le coup depuis le drame ?
- 14 - Vous avez été harcelée, menacée, chez vous à Tarascon peu après le drame…
- 15 - Vous avez créé une association en mémoire de votre fils…
C’est un drame à peine imaginable qui a totalement détruit la vie de Karine, une mère de famille de 40 ans qui vit à Tarascon (Bouches-du-Rhône).
Le 18 juillet 2021, le corps de Romain, son jeune fils de 13 ans, est découvert, démembré et enroulé dans un sac dans la baignoire d’un voisin. Sa tête « partiellement mangée » selon les premières constatations, a été sciée grossièrement. Elle gît dans un sceau, à quelques mètres du corps. La scène est insoutenable. Le jeune garçon, un peu rebelle avait fugué, deux jours plus tôt de chez lui, alors que Karine s’était absentée pour le week-end.
Le combat d'une maman
L’homme chez qui il a été retrouvé sans vie, c’est Arthur André, un déséquilibré de 32 ans qui venait tout juste de revenir dans le quartier, après un long séjour en hôpital psychiatrique. C’est son voisin, qui venait ce matin faire le ménage chez lui qui a découvert le cadavre du jeune garçon, et alerté les forces de l’ordre.
Lorsque la police arrive sur place, le suspect s’échappe sur les toits de l’immeuble. Il est abattu par un adjoint de sécurité.
Huit mois plus tard, les questions sont encore nombreuses pour Karine, la maman de Romain, qui doit faire face, en plus d’un deuil insoutenable, aux méandres du monde de la justice. Car pour l’heure, l’enquête n’a pas permis de savoir ce qu’il s’était passé ce soir-là, pourquoi, et par qui Romain avait réellement été pris pour cible. Le combat de Karine, c’est désormais d’obtenir la vérité, coûte que coûte. Elle a accepté de témoigner pour Enquêtes de vérité.
Pouvez-vous nous parler de Romain, quel genre de garçon était-il ?
Karine : C’était un garçon adorable, qui donnait beaucoup d’amour, il aidait beaucoup, et il avait un cœur énorme. Mais il souffrait terriblement psychologiquement. Avec moi comme avec ses frères et sœurs, par moment c’était un peu conflictuel. Il a été placé en foyer à cause des ses problèmes, mais on est restés très proches. Il avait toute ma confiance. Mais vers la fin, Romain ne parlait plus, il gardait tout en lui, il ne s’exprimait plus que par des crises de colère, ou en faisant des fugues. J’essayais de comprendre pourquoi, mais il ne me disait rien.
Ce jour-là, comment apprenez-vous le drame ?
Karine : J’étais partie tout le week-end à Toulouse. Dans la nuit de vendredi à samedi, sa meilleure amie m’envoie un message : « Romain n’est pas rentré, je m’inquiète ». Je lui dis de ne pas se tracasser, « tu sais comment il est, il va revenir ». Mais le lendemain, il n’était toujours pas là. Et le dimanche, lorsque je rentre chez nous, à Tarascon : toujours pas de Romain. C’est à ce moment-là que voisin a envoyé un message à mon autre fils Lucas en lui disant : « je sais ce qui s’est passé, je suis parti faire le ménage chez Arthur André et j’ai vu une forme de corps dans un sac, dans la baignoire, c’est Romain. J’ai reconnu ses vêtements par terre, pleins de sang. » J’entend des bribes de leur conservation, et je me dit qu’ils sont fous, que ça n’est pas possible.
« Ce qu’il a fait à mon fils, il l’aurait fait avant à ses animaux »
La police est-elle intervenue rapidement ?
Karine : Non pas tout de suite. Après cet appel, je me suis déplacée devant chez ce Arthur André, et je lui ai demandé : « où est mon fils ? ». Il a fermé ses volets.
J’ai ensuite appelé la police, mais ils m’ont répondu en me raccrochant au nez. J’ai dû finalement me rendre à l’hôtel de police, et il a fallu près de deux heures pour qu’ils finissent par intervenir chez cet homme, avec l’aide des pompiers. C’est là qu’Arthur a pris la fuite et a été abattu. Et qu’ils ont découvert le corps de mon fils.
Pendant ce temps, j’étais encore au commissariat, mais je voyais la secrétaire se taper le front, au téléphone. Je sentais qu’il se passait quelque chose, alors je suis partie directement. Sur place, on ne m’a rien dit, à part d’attendre… Vers 3 heures du matin, je reçois un message sur les réseaux sociaux qui m’annonce que mon fils est mort, que c’est bien lui qui a été retrouvé dans le logement. La police ne me l’a confirmé qu’à 6 heures, sans me préciser qu’il s’agissait d’un meurtre. Mais j’avais déjà compris que ce n’était pas une mort accidentelle.
Ce voisin, Arthur André, vous le connaissiez ? Vous saviez que Romain l’avait rencontré ?
Karine : J’ai habité pendant un an et demi sur Tarascon, je ne l’ai jamais croisé, pourtant, on vit dans la même rue. Sa maison était toujours fermée, pour moi il n'y était plus. Mais on m’avait souvent dit : « fais attention, c’est quand même un fou ». Des rumeurs circulaient, il aurait été cruel avec les animaux. Ce qu’il a fait à mon fils, il l’aurait fait avant à ses animaux.
Dans son congélateur, les enquêteurs auraient d’ailleurs trouvé des chiots. Il avait aussi eu des altercations avec des forces de l’ordre par le passé, il leur avait lancé des cocktails molotov.
On ne savait pas qu’il revenait à ce moment-là d’un séjour à l’hôpital psychiatrique. Je l’ai appris plus tard pendant l’enquête. Il n’y était resté que 3 ou 4 jours. Bien que la préfecture avait ordonné son internement, le psychiatre avait, lui, décidé de le laisser partir le 16 juillet. Deux jours plus tard, on retrouvait Romain.
Vous êtes en colère, aujourd’hui, que cet homme ait été relâché par son médecin ?
Karine : Oui. Pour moi, l’hôpital et le psychiatre sont responsables de ce qu’il s’est passé. On ne peut pas relâcher un homme schizophrène et dangereux au bout de quelques jours, surtout avec ses antécédents. Il y a eu une grosse erreur médicale.
« On veut savoir qui dit la vérité »
Où en est l’enquête aujourd'hui ?
Karine : Cela fait 8 mois que mon fils nous a quitté désormais. Au début, je me sentais vraiment abandonnée par la justice. Mais il y a quelques jours, un juge d’instruction a enfin été nommé. Je l’ai rencontré pendant plusieurs heures, et on a beaucoup discuté. Au niveau de l’enquête, ça avance très bien.
Mais on se demande qui a vraiment tué mon fils. Car il y a eu plusieurs versions par rapport à ce week-end : certaines personnes ont des témoignages qui ne collent pas entre eux, on dit que Romain a été vu à tel et tel endroit, avec telle ou telle personne…
On veut savoir qui raconte la vérité, et surtout, qui a vraiment tué Romain.
Vous voulez dire qu’il pourrait y avoir plusieurs suspects, hormis le voisin qui a été abattu ?
Karine : Je ne prends pas la défense d’Arthur, mais le monsieur devait être shooté, il sortait de l’hôpital psychiatrique… Il aurait, en plus, bu de l’alcool… Était-il vraiment en état de faire cela ?
Et puis, mon fils il s’entendait avec tout le monde, et il donnait sa confiance à tout le monde. Mais je ne sais pas pourquoi il est allé là-bas, et je ne sais pas pourquoi Arthur aurait fait ça.
Il y a encore beaucoup de zones d’ombre à éclaircir.
Vous avez besoin de connaître la vérité pour faire votre deuil ?
Karine : Le deuil, je ne le ferai jamais. On a enlevé la vie de mon fils. Mais je veux des réponses à mes questions. Je veux notamment que le psychiatre me dise pourquoi il a laissé sortir cet homme, et je veux qu’il soit radié et condamné, car c’est grave ce qu’il a fait.
Les gens en psychiatrie ont besoin d’aide, et on ne peut pas les laisser sortir comme ça.
« J’ai envie de me battre pour mon fils »
Comment essayez-vous de tenir le coup depuis le drame ?
Karine : Je tiens grâce à mon entourage, qui me soutient tous les jours, mais c’est très dur. De ne plus recevoir de coup de téléphone de mon fils… C’est un vide. Malgré son comportement difficile, c’était un gentil garçon qui était très aimé.
Aujourd’hui, j’ai envie de me battre pour lui, pour que justice lui soit rendue. Je veux aussi me battre aussi pour les autres familles qui sont confrontées à des situations similaires.
Vous avez été harcelée, menacée, chez vous à Tarascon peu après le drame…
Karine : Un mois et demi après le drame, mon grand fils a reçu des messages très violents d’une personne anonyme. C’était des menaces de mort : on voulait nous faire subir à notre tour ce qu’avait subi mon fils. La personne a même osé dire que Romain ne s’était débattu : mais comment le sait-t-elle? Qui est-ce ?
Nous avons peur, car cette personne semble connaître beaucoup de détails sur notre vie. Nous avons dû déménager. J’ai également porté plainte, mais pour l’instant, la justice n’a pas donné de suite.
Vous avez créé une association en mémoire de votre fils…
Karine : Oui, on a créé « Romain Plus Jamais ça », c’est pour que les gens puissent s’exprimer sur ce drame, et nous aider à avancer, et essayer de stopper tout ça. Il y a également une cagnotte en ligne pour m’aider à financer la sépulture de Romain.