Retraité retrouvé mort les mains coupées : qu’en est-il de la piste du tueur sadique ?AFP
Plus d'un mois après le meurtre sordide d'un retraité et de son infirmière dans le Loiret, les autorités ont annoncé la mise en examen de deux personnes. Leur mobile commence à se dessiner, mais les enquêteurs restent prudents.

Les habitants de Châlette-sur-Loing craignaient qu’un tueur sadique agisse dans les environs. Le meurtre de Jacques Samson, retrouvé mort les mains coupées, a suscité émoi et frissons dans cette petite ville du Loiret, située non loin de Montargis. Pendant plusieurs semaines, alors que les enquêteurs remontaient la piste des malfaiteurs, le déchaînement de violence dont a été victime l’octogénaire avait de quoi inquiéter certains habitants.

Auprès de La République du Centre, des voisins ont affirmé qu’ils avaient "peur", alors que le ou les meurtriers n’avaient toujours pas été arrêtés. Un tueur des environs commettait-il des meurtres en emportant les mains de ses victimes, comme une signature ?

Deux personnes mises en examen

L’affaire posait d’autant plus de questions que l’infirmière de Jacques Samson a, elle aussi, été tuée ce jour-là. Le corps de Karine Foucher a été retrouvé à plusieurs centaines de mètres du domicile du retraité, mains et pieds liés, présentant des blessures au thorax et au cou. Pour les enquêteurs, cela ne faisait aucun doute, les deux meurtres étaient liés, mais comment ? L’enquête a connu un nouveau rebondissement le mercredi 4 décembre avec l’interpellation de huit personnes, dont un frère et une sœur. Après 48 heures de garde à vue, ces deux derniers, Fazia M. et Messaoud M., ont été mis en examen pour "homicides aggravés" et "atteinte à l’intégrité physique d’un cadavre".

Selon les premiers éléments de l’enquête, fournis par le procureur de la République d’Orléans, la piste du tueur sadique ne serait pas envisagée à ce stade. Interrogé par Le Parisien, Nicolas Bessonne explique que les suspects "on nié toute implication" pendant leur garde à vue. "A ce stade de la procédure, la thèse privilégiée est le mobile crapuleux", a-t-il ajouté, cité par La République du Centre.

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S'agit-il d'un crime crapuleux ?

Si les enquêteurs restent prudents, ils ont pu retracer dans le détail les événements du 21 octobre et la journée des suspects. Selon le procureur de la République d’Orléans, "les investigations des gendarmes ont permis de les impliquer sur la foi d’éléments scientifiques, de téléphonie et des témoignages". Le frère et la sœur se seraient introduits à l’aube chez Jacques Samson, l’auraient battu à mort au visage avant de lui couper les mains post-mortem. Auraient-ils agi par appât du gain ? Rien ne manquait dans la maison du retraité, un ancien cheminot qui bénéficiait d’une pension modeste.

Les deux suspects auraient pu manquer de temps pour dérober quoi que ce soit car, d’après les enquêteurs, c’est au domicile de Jacques Samson qu’ils ont croisé Karine Foucher, venue lui administrer une piqure tôt le matin. Présente au mauvais endroit au mauvais moment, l’infirmière aurait ensuite été ligotée et transportée à l’intérieur de son véhicule jusqu'à un distributeur de Châlette, où les suspects ont effectué un retrait de 800 euros. Elle aurait ensuite été poignardée mortellement dans sa voiture avant d’être déposée au bord d’une route de Pannes. C’est après ce deuxième meurtre que le frère et la sœur seraient retournés au domicile de Jacques Samson, pour une raison encore inconnue. Au regard de ces éléments, le procureur de la République d'Orléans explique qu'"il est tout à fait objectif d’indiquer que la fouille du domicile de Jacques Samson et le retrait d’argent militent pour un mobile crapuleux".

Les suspects ont laissé beaucoup de traces

D'autres éléments ont permis aux enquêteurs d'écarter la piste d'un tueur sadique. Selon les enquêteurs, Fazia M. et Messouad M. ont laissé ce jour-là beaucoup de traces qui ont conduit jusqu’à eux. Lors d’une conférence de presse, le procureur de la République d’Orléans a indiqué que "l’ADN de Fazia M. a été retrouvé sur les deux scènes de crime". Premièrement au domicile de Jacques Samson, "sur une boîte de boule Quiès, sur un mégot de cigarette à l’endroit où l’on peut penser qu’il y a eu une lutte à l’arrivée inopinée de Karine Foucher. Ce mégot ayant été retrouvé à côté d’une barrette et d’un chouchou de l’infirmière".

L’ADN de Fazia M. a également été retrouvé "sur la poignée arrière droite de la voiture de Karine Foucher" et sur ses vêtements. Auprès du Parisien, un proche du dossier conclue que "le travail n’était pas professionnel et l’ensemble du périple meurtrier a eu lieu dans un rayon d’un kilomètre". Les proches de Jacques Samson et de Karine Foucher attendent désormais de connaître la vérité.