Sur les 51 hommes poursuivis pour viols aggravés sur Gisèle Pelicot, un quart affirment avoir eux-mêmes subi des viols dans leur enfance.
Dans plusieurs affaires d’infanticides, les petites victimes, tuées à leur sortie l’utérus, n’ont même pas de nom. Ces nouveau-nés n’ont pas eu d’existence légale. Leurs mères, elles, sont devenues pour certaines tristement célèbres. Véronique Courjault, Dominique Cottrez, Audrey Chabot…
En apparence, pourtant, elles avaient tout l’air de femmes ordinaires. Souvent, même, leurs crimes sont passés inaperçus pendant des années.
« Pourquoi les Françaises tuent leurs bébés ? »
Mais ces derniers temps, beaucoup de ces drames ont été mis en lumière. Ils seraient liés, pour la plupart, à ce que l’on appelle le déni de grossesse. En 2010, Le phénomène pousse même le magazine américain Time à titrer un article « Pourquoi les Françaises tuent leurs bébés ? »
Ce trouble désigne le fait pour une femme d'être enceinte, sans le reconnaître, soit en le dissimulant par tous les moyens, soit en étant tout à fait inconsciente de son état. Il concernerait jusqu’à 3 naissances sur 1000 chaque année dans l’Hexagone.
Michel Delcroix, ancien gynécologue et exprès près de la cour d’assises, expliquait dans les colonnes de Time : « Ces femmes sont tellement convaincues que leur grossesse est impossible que lorsqu’elles accouchent de cet enfant dont elles n’ont jamais voulu, elles ne peuvent l’accepter et s’en débarrassent pour retrouver l’ordre des choses, pour retrouver un monde où elles n’ont pas été enceintes ».
Le déni de grossesse au cœur du débat
Selon plusieurs experts, les femmes ayant connu des épisodes de vie traumatisants, comme un viol ou des agressions physiques, seraient plus à même de développer ce trouble.
Pour d’autres, c’est « l’impossibilité » de se sentir mère qui provoque le déni. « Certaines femmes ne réussissent pas à se faire à leur nouvelle identité lorsqu’elles sont enceintes, et d’autres veulent seulement être enceintes, mais pas avoir réellement d’enfant. Alors, quand le bébé arrive, il n’a pas d’existence réelle, psychologique pour ces femmes. Elles ne le voient pas comme u, « vrai » bébé », ce qui faciliterai le passage à l’acte criminel, expliquait encore le psychiatre Pierre Lamothe au Parisien.
Aujourd’hui, plusieurs médecins militent pour le déni de grossesse soit reconnu comme une maladie.
Pour les mères infanticides, c’est en tout cas un argument qui a permis à certaines d’entre elles d’échapper à de lourdes peines de prison.
Elles ont tué 5, 6 ou même 8 de leurs enfants : découvrez les histoires de ces 8 femmes.