De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Les futurs retraités devront probablement payer les erreurs du passé. Si de nombreux actifs ont pu bénéficier de l’abaissement de l’âge de départ de 65 à 60 ans en 1981 sous François Mitterrand, les règles de financement, elles, n’ont pas été modifiées. Pourtant, l’espérance de vie à cette époque a augmenté de 8 ans. Si, pour tenter de combler le déficit, Nicolas Sarkozy a rehaussé la mesure à 62 ans, cela n’a pas suffi.
Bien qu’Emmanuel Macron se soit engagé à ne pas modifier l’âge légal, le sujet est revenu maintes fois lors des discussions mouvementées sur la réforme des retraites. D’ailleurs, au sein de son système universel en points, le chef de l’État a tenté lui aussi de relever l’âge, mais de manière détournée, avec la mise en place d’un âge pivot à 64 ans. Les Français pouvaient ainsi s’ils le désiraient partir à 62 ans, mais pas sans conséquences. Pour ne pas subir de décote, ils auraient été obligés de patienter deux années de plus. La grogne sociale a retardé l’échéance, et après un vote en première lecture à l’Assemblée, la "mère des réformes" a été stoppée nette en mars 2020, en raison de la pandémie de la Covid-19.
Qu’en sera-t-il au sortir de la crise ?
Retraite : l’équilibre du système risque de ne pas être atteint en 2045
Selon le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR), l’équilibre du système de retraite ne pourra pas se faire avant 2045, tout au mieux. Car la crise sanitaire a lourdement pesé sur les déficits. D’autant que, comme le pointe Le Figaro, ces projections sont fondées sur des hypothèses économiques bien trop optimistes : 7% de chômage et plus de 1% de gain de productivité annuelle. Chiffres que la France n’a jamais atteints depuis 20 ans.
Retraite : repousser l’âge légal à 64 ans pourrait ne pas suffire
"La France ne travaille pas assez pour financer son système de protection sociale, ce qui fait courir un risque d’appauvrissement à nos enfants et petits-enfants", a averti Bruno Le Maire. Un risque de crise intergénérationnelle est à prévoir. Avec la mise en place du plan de relance, fixer un âge de départ à 64 ans pourrait ne pas suffire. Pourrait-il être repoussé bien au-delà ?
Seuls trois leviers permettent de revenir à l’équilibre : âge, pension, cotisation. Quels sont alors ceux qui pourraient être modifiés ?
Retraite : baisser les pensions déjà faibles ou repousser l’âge de départ ?
Pour l’économiste Didier Blanchet, président du comité de suivi des retraites (CSR), les trois leviers que sont l’âge, la pension et les cotisations représentent "le triangle infernal", permettant un retour à l’équilibre.
Sauf que, la France est déjà championne des cotisations. Une nouvelle augmentation sanctionnerait alors la compétitivité et accroitrait le chômage.
Si certains émettent l’idée de baisser les pensions, en soulignant que les retraités jouissent d’un niveau de vie supérieur aux actifs, ils omettent que les pensions diminuent déjà du fait de leur non-indexation régulière sur l’inflation. La pension moyenne de 1432 euros brut mensuels n’est d’ailleurs pas représentative.
Reste donc le troisième levier, l’âge de départ : "C’est le sujet le plus simple techniquement, mais le plus compliqué politiquement", note un expert. Si l’Insee vient de publier une petite diminution de l’espérance de vie en raison de la Covid-19, en règle générale, les Français vivent plus longtemps, et restent plus longtemps en bonne santé. Seront-ils pour autant prêts à travailler deux ans de plus ? Rien n’est moins sûr…