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Une réponse négative. Après avoir demandé 8 milliards d’euros d’avance de trésorerie à Gérald Darmanin, le 7 mai dernier, pour assurer le versement des pensions de juin et de juillet, le verdict est tombé : l’Etat ne viendra pas en aide à l’Agirc-Arrco. "Rien d’anormal", estime Eric Chevée, de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). "D’abord parce que l’État estime que nous avons les réserves suffisantes pour assumer cette baisse de cotisation et ensuite parce que les prévisions sont moins mauvaises que prévu", rapporte Capital.
En effet, si l’Argirc-Arrco prévoyait un manque à gagner de 50% en avril, la baisse des cotisations perçues, liée majoritairement au chômage partiel engendré par la crise sanitaire, n’est finalement que de 25%. Le milliard d’euros de trésorerie manquant (et non de solvabilité) devrait par ailleurs être emprunté, au lieu d’être puisé dans les réserves des caisses complémentaires. Le prêt serait gagé sur ses actifs en gestion.
Retraite complémentaire : pas d’impact pour le moment, et après ?
Si pour l’heure, cette recherche de trésorerie ne devrait pas impacter les actifs et les retraités - Argirc-Arrco possède d’ailleurs 65 milliards d’euros de réserves, permettant de garantir neuf mois de pensions retraite, sans aucune récolte de cotisations - qu’en serait-il si la situation venait à perdurer ?
"Difficile de deviner à quel niveau sera la situation dans quelques mois", admet Frédéric Sève de la CFDT. "Oui, nous avons connu un fort recul des cotisations versées, mais ce le plus grave serait que pendant les prochains mois, le niveau de cotisation demeure 10% en dessous de la normale. Dans ce cas, nous devrons réfléchir à la trajectoire que devra prendre l'Agirc-Arrco", ajoute-t-il.
Quelles seraient alors les pistes envisagées ?
Agirc-Arrco : vers un gel des pensions ?
Un remake de la crise de 2008 pourrait alors avoir lieu. A l’époque, pour revenir à l’équilibre, les partenaires sociaux en charge de la gestion de l’Agirc-Arrco avaient conclu des mesures drastiques , telles que le gel des pensions et la création d’un bonus-malus. Celui-ci devait permettre d’encourager les actifs à travailler plus longtemps (au moins jusqu’à 63 ans). "Nous n’avons aucune idée pour le moment de ce qui nous attend dans les prochains mois. La baisse des cotisations pourrait continuer si le nombre de chômeurs augmente beaucoup", craint de son côté Frédéric Romain de la CFTC.
Quid de la revalorisation des pensions prévues ?
Retraite complémentaire : une revalorisation en dessous de l’inflation ?
Bien que les comptes devraient basculer dans le vert en 2019, ce qui n’était pas arrivé depuis 9 ans, le calcul de revalorisation a été revu jusqu’en 2022. Les pensions doivent ainsi être revalorisées au minimum en fonction de l’inflation.
S’il n’y a plus de clause permettant de revaloriser les pensions en dessous de l’inflation (coefficient minoré de 1 point), "en fonction de l’évolution de la situation, nous allons peut-être être amenés à repenser la question", indique Frédéric Romain. "Si l’activité reprend vite, ce qui pour moi est le scénario le plus plausible, nous n’aurons pas à nous poser la question", note toutefois Alain Griset, président de l’Union des entreprises de proximité (U2P), dans les colonnes du magazine économique. "Mais il faut pour cela que l’État prenne des mesures favorables aux entreprises pour éviter le chômage et donc, par effet rebond, la baisse des cotisations"