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La gestion RH de la RATP vivement critiquée. Dans un rapport de 142 pages, publié ce lundi 25 janvier, la Cour des comptes fustige la politique sociale du réseau de transports publics à Paris et en Ile-de-France. "Comme d’autres entreprises publiques de transport, la RATP se trouve confrontée à une exigence de performance économique et de qualité de service dans un contexte d’ouverture progressive à la concurrence de son activité historique", note en premier lieu l’institution. Selon les Sages de la rue Cambon, malgré de multiples efforts (polyvalence des agents, climat "assez apaisé", etc.), la gestion ubuesque des ressources humaines du groupe l’empêche de pouvoir faire face à l’arrivée de la concurrence.
Et ce, même si la RATP a mis en place différents projets de modernisation de son réseau. Car "l’ensemble de ces actions s’est inscrit dans un cadre social historique que l’entreprise n’a pas souhaité, jusqu’à présent, faire évoluer", estime la Cour des comptes. Celui-ci "induit des surcoûts susceptibles de la pénaliser lorsqu’elle répondra aux futurs appels d’offres dans le cadre de l’ouverture à la concurrence de son réseau historique", prévient l'institution.
RATP : des durées annuelles de travail "trop faibles"
Principale critique de l’institution ? Un travail trop peu productif. Les organisations de travail sont "non seulement trop rigides, mais également fondées sur des durées annuelles théoriques de travail parfois trop faibles".
La durée "journalière de référence" se situant entre 6h30 et 7h24 en fonction des métiers, "fonctionne en réalité comme un plafond journalier", pointe la Cour des comptes. "Il est impossible de le dépasser, fut-ce ponctuellement."
Ainsi, cette durée journalière de référence, "qui trouve sa source dans deux arrêtés du 29 décembre 1942, aboutit à rigidifier l’organisation du travail en exigeant la déclinaison de la norme de 35 heures (par semaine, ndlr) à l’échelle de chaque journée". Les pertes de productivités pour l’entreprise sont ainsi énormes. Les conducteurs de métro et RER profitent, eux, fort bien de ces avantages.
RATP : le régime "trop avantageux" des conducteurs de métro et de RER
Pour la Cour des comptes, le régime alloué aux conducteurs de métro et RER est "trop avantageux", voire "problématique". En plus d’avoir un temps de travail journalier des plus bas (6h30), leur temps de travail annuel l’est aussi. "En 2018, le temps de travail réel (soit hors jours de repos, maladie et autres absences, ndlr) a été particulièrement faible pour les conducteurs de métro (1 235 heures et 14 minutes) et les conducteurs de RER (1 216 heures et 5 minutes pour le RER A, 1 199 heures et 44 minutes pour le RER B)", observe l’institution. Ce qui est bien inférieur à la durée annuelle légale de 1 607 heures (soit 35 heures par semaine).
Afin d’augmenter le temps de production des opérateurs, l’institution propose ainsi d’augmenter le nombre de jours travaillés chaque année "dans les années à venir". Cela devra se faire "en amont de l’ouverture à la concurrence du mode ferré prévue fin 2039", alertent les auteurs de l’étude.
Quid du système de primes ?
RATP : un système de primes "très complexe", "illisible" et parfois "injustifié"
311 primes différentes sont versés chaque année aux agents de la RATP. Un système jugé "très complexe", qui a représenté 344,1 millions d’euros en 2018, soit 22,6% du salaire de base.
"Mais chaque prime peut avoir de nombreux taux différents décrivant des situations particulières, ce qui multiplie de fait le nombre de primes. Ainsi, la prime de qualification-pénibilité (PQP), l’une des plus importantes à la RATP puisqu’elle concerne tous les opérateurs (soit près de 35 000 agents), comprend environ 1 900 taux différents", détaille l’institution.
Si une batterie de primes vise "à inciter les agents à travailler à des périodes de forte activité", le dispositif "manque de cohérence et perd en lisibilité".
"Il est clair que de nombreuses primes sont versées par erreur et que les montants en jeu ne sont pas négligeables, notamment sur le plan individuel. Il devient urgent que la RATP crée une procédure de contrôle sur les primes versées", relèvent les auteurs du rapport.