Naufrage du Concordia : un enregistrement audio accable le commandantabacapress
Déjà accusé d'avoir dévié le paquebot de sa trajectoire, le commandant du Costa Concordia va aussi devoir s'expliquer sur un enregistrement audio indiquant qu'il a quitté le navire bien avant les passagers.

Actuellement placé en détention, Francesco Schettino,  le commandant du Costa Condorcia, échoué vendredi soir près de l'île italienne du Giglio, est maintenant discrédité par l'enregistrement d'une conversation téléphonique, récupéré dans l'une des boîtes noires du navire.

Joint sur son portable à 1h46 par la capitainerie, pour lui ordonner de rester à bord après l'accident – dont le bilan provisoire s'élève aujourd'hui à 11 morts –,  le commandant semble déjà bien loin du navire… 

"Maintenant, vous allez à la proue, vous remontez par l'échelle de secours et vous coordonnez l'évacuation. Vous devez nous dire combien il y a encore de gens, enfants, femmes, passagers, le nombre exact dans chacune des catégories", indique l'officier dans l'enregistrement, avant de s'interroger : "Que faites-vous ? vous abandonnez les secours ?".

Schettino lui répond alors : "Non, non, je suis là, je coordonne les secours".  Mais en vain… Selon la capitainerie, le commandant s'était déjà réfugié sur la rive dès 00h30 et ne remontera jamais à bord pour piloter les opérations de sauvetage qui se poursuivront jusqu'à 6 heures.

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Selon la capitainerie, il était déjà réfugié sur la rive avant minuit, comme en témoigne un appel précédent dans lequel il aurait dit : "Nous ne pouvons plus monter à bord car le navire est en train de se cabrer côté poupe (arrière)".

"Commandant, vous avez abandonné le bateau ?", demande alors d'un ton très surpris l'officier, auquel le commandant répond, désemparé : "Non non, évidemment que non!"

Écoutez l'enregistrement audio (sous-titré en anglais) :

Garde-côtes : Donnez-moi votre nom s'il vous plaît.

Capitaine : Je suis le capitaine Schettino, chef.

GC: Écoutez Schettino. Il y a des gens piégés à bord. Allez-y avec votre chaloupe. Sous la proue du navire, côté tribord, il y a une échelle. Grimpez à cette échelle et montez à bord du navire. Allez à bord du navire puis rappelez-moi et dites-moi combien il y a de personnes. Est-ce clair ? J'enregistre cette conversation, capitaine Schettino.

(...)

C: Le navire donne de la gîte à présent.

GC: Je comprends bien. Des gens descendent par l'échelle de proue. Faites demi-tour, retournez sur le bateau et dites-moi combien de personnes s'y trouvent et ce qu'ils ont à bord. Dites-moi s'il y a des enfants, des femmes et de quel genre d'aide ils ont besoin, et dites-moi le nombre de chacune de ces catégories. Est-ce que c'est clair ? Écoutez Schettino, vous vous êtes peut-être sauvé vous même de la noyade mais je vais vous faire beaucoup de tort. Vous allez me le payer. Bon sang, retournez à bord !

(On entend des bruits de fond. D'autres membres des gardes-côtes s'exclament "le navire, le navire !")

C: S'il vous plaît...

GC: Il n'y a pas de s'il vous plaît ! Retournez à bord ! Promettez-moi de retourner à bord !

C: Je suis sur un canot de sauvetage. Je suis en-dessous, ici. Je ne vais nulle part. Je suis là.

GC: Que faites-vous, capitaine ?

C: Je suis là pour coordonner les secours...

GC: Qu'est-ce que vous coordonnez de là ? Allez à bord ! Coordonnez les secours depuis le bateau ! Est-ce que vous refusez ?

C: Non, je ne refuse pas.

GC: Est-ce que vous refusez d'aller à bord, capitaine ? Dites-moi pourquoi vous ne retournez pas à bord.

C: (Inaudible)... il y a un autre canot de sauvetage...

GC: Vous retournez à bord ! C'est un ordre ! Vous n'avez rien d'autre à faire. Vous avez ordonné l'abandon du bateau. Maintenant, c'est moi qui donne les ordres. Retournez à bord. Est-ce que c'est clair ? Vous ne m'entendez pas ?

C: Je retourne à bord.

GC: Allez-y ! Appelez-moi immédiatement quand vous serez à bord. Mes équipes de secours sont face à la proue.

C: Où est votre bateau de sauvetage ?

GC: Mon bateau de sauvetage est à la proue. Allez-y ! Il y a déjà des cadavres, Schettino. Allez-y !

C: Combien de cadavres y a-t-il ?

GC: Je ne sais pas ! Seigneur, c'est vous qui devriez me dire ça !

C: Vous êtes conscient qu'il fait sombre et qu'on n'y voit rien ?

GC: Et alors, vous voulez faire quoi, rentrer à la maison, Schettino ? Il fait sombre et vous voulez rentrer à la maison ? Allez à la proue du navire, là où se trouve l'échelle, et dites-moi ce qu'il faut faire, combien de personnes il y a et de quoi elles ont besoin ! Maintenant !

C: Mon second est ici avec moi.

GC: Alors allez-y tous les deux ! Tous les deux ! Comment s'appelle votre second ?

C: Il s'appelle Dmitri (inaudible)

GC: Quel est son nom complet ? (inaudible) Vous et votre second, allez à bord maintenant ! Est-ce que c'est clair ?

C: Écoutez chef, moi, je veux y aller, à bord, mais l'autre chaloupe qui est ici s'est immobilisée et elle dérive. J'ai appelé...

GC: Ça fait une heure que vous me le dites ! Allez à bord maintenant ! Allez à B-O-R-D, et dites-moi immédiatement combien de personnes il y a !

C: OK, chef.

GC: Allez-y ! Immédiatement !" 

Témoins à charge

De nombreux témoignages de passagers restent en plus de ça accablants pour M. Schettino, soupçonné de s'être approché bien trop près des côtes pour saluer les habitants de l'île.

Le patron de Costa Croisière, société propriétaire du paquebot, a dénoncé lundi une erreur "humaine" et s'est "dissocié" du commandant, en affirmant que la trajectoire suivie était "une initiative de sa propre volonté, contraire aux règles" de la compagnie. Celle-ci a également rendue hommage aux membres de l'équipage "qui se sont tous comportés en héros" et ont réussi à évacuer "plus de 4.000 personnes en deux heures".