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Adoption : "est-il possible de retrouver mes parents biologiques ?"
Notre histoire ne nous a jamais été cachée. Aussi loin que je m’en souvienne, nos parents ont essayé de nous faire comprendre la situation. J’aimais beaucoup en discuter avec eux, découvrir de nouveaux détails. Quand nous en parlions, c’était quelque chose de très naturel. Il n’y a jamais eu de gêne, ni de tristesse. Cette adoption a toujours été une très belle histoire. Elle ne m’a jamais pesé, mais je l’avais toujours à l’esprit. Je ne pense pas que ce soit quelque chose que l’on peut laisser de côté.
A 14 ans, j’ai demandé à ma mère : "Est-il possible de retrouver mes parents biologiques ?" A cette époque-là, je ne savais pas si j’avais le droit d’engager des démarches, mais je me sentais suffisamment grande pour "encaisser" d’éventuelles découvertes. Elle m’a répondu que oui, et que pour commencer, nous pourrions aller à l’hôpital où ma sœur et moi sommes nées. Elle m’a expliqué qu’une fois sur place, je pourrais questionner les sages-femmes. Problème, l’hôpital a été détruit, et les archives déplacées dans un autre établissement.
Finalement, le temps a passé. Il y a un an, j’ai réalisé un exposé sur l’Institut européen de bioéthique, qui permet de retrouver ses origines. C’est ce qui m’a donné envie de tenter le coup, moi aussi. J’ai commencé à me renseigner, et j’en ai parlé avec ma mère, qui m’a soutenue. Finalement, le plus difficile, c’est de s’y mettre. Si c’était quelque chose de facile, je l’aurais fait depuis longtemps.
Très vite, j’ai pris conscience qu’être une enfant adoptée influait dans mes relations au quotidien. Toutes petites déjà, ma sœur et moi avions souvent peur d’être abandonnées. Lorsque nos parents nous laissaient au club enfants, nous pleurions. J’avais aussi extrêmement peur du noir. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de mal à dire aux gens que je les aime, parce que j’ai tout le temps peur que ce soit éphémère. Je ne ressens pas le besoin de savoir, mais je pense qu’il est préférable de connaître les circonstances de sa naissance, pour se construire. En tout cas, je n’ai rien à perdre.
Il y a six mois, peu après ma majorité, j’ai réalisé que je n’avais besoin de personne pour entreprendre activement des recherches. Jusque-là, je n’en étais qu’au stade des idées. Je savais ce que je voulais, mais rien n’était concret. La première chose que j’ai voulu découvrir, ce sont mes origines ethniques. Ma sœur et moi sommes "typées", mais on ignore complètement d’où l’on vient, puisque nous sommes nées en France. Voilà pourquoi, il y a quatre mois, nous avons fait un test ADN. C’est un début.
Je suis très fière des parents que j’ai eus. Je ne ressens jamais de tristesse, mais une immense gratitude. L’amour des parents adoptifs, c’est quelque chose de très particulier. Ils voulaient tellement avoir un enfant, mais n’y parvenaient pas… A notre naissance, ils avaient 40 et 44 ans. Ce miracle s’est produit alors qu’ils n’y croyaient plus. Mon adoption fait partie intégrante de mon identité. Ce n’est pas un sujet tabou. Bien sûr, je me pose des questions : à quoi ressemblait ma mère, qui était mon père, pourquoi ont-ils fait ce choix… Mais s’ils se tenaient devant moi, je n’aurais aucun ressentiment. On m’a offert une vie certainement beaucoup plus belle que celle à laquelle j’étais destinée.