Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
À quoi sert l'uniforme ? Diminuer les inégalités sociales, réduire les violences, améliorer l’assiduité des élèves… Cette tenue unique portée par nos parents aurait bien des vertus. C’est du moins ce que met en avant le gouvernement, qui a décidé de lancer une expérimentation sur la tenue unique, qui débute ce lundi 26 février.
Béziers est la première à tenter l’expérience ce lundi
Quelque 87 établissements se sont pour l’instant portés volontaires pour l'essayer.Et la ville de Béziers est la première à tenter l’expérience à partir de ce lundi. Mais qu’en est-il vraiment ? Que disent réellement les études faites sur le sujet en matière d'inégalités, de violence et de résultats scolaires ?
Diminue-t-il réellement les inégalités sociales ?
"Un enfant pauvre portant un uniforme reste un enfant pauvre", estime Michel Tondellier, sociologue, maître de conférences à l’Université des Antilles et auteur d’Uniforme scolaire à la Martinique, interroger l’évidence (Ed. L’Harmattan, janvier 2024), revient un article de 20 minutes. L'idée majeure ; effacer les marqueurs de la position sociale. Mais les vêtements de nos jours sont loin d'être les seuls indicateurs d'une classe sociale
D'autres accessoires tels que le sac, le téléphone portable ou les bijoux sont autant d’indicateurs socio-économiques, pointe également l'article." Il y a aussi les connaissances, la manière de s’exprimer, de se tenir", ajoute le sociologue. La tenue unique ne permettrait donc pas d’éradiquer les inégalités socio-économiques, mais seulement d’en atténuer les aspects les plus visibles.
L'uniforme serait-il une fausse solution ?
"Ma crainte, c’est qu’on reproduise des inégalités entre les régions selon leur richesse"
" Le problème, c’est que ces sondages sont réalisés par des acteurs qui sont à l’initiative du port de l’uniforme, comme les chefs d’établissements ", nuance Michel Tondellier.
En Martinique, chaque établissement définit son uniforme, rappelle le sociologue. Le port de l'uniforme est en effet obligatoire depuis la fin des années 1980, à quelques exceptions près, dans les établissements primaires comme secondaires. Pourtant, l'expert redoute le développement de cette idée à l’échelle nationale. "Ma crainte, c’est qu’on reproduise des inégalités entre les régions selon leur richesse."
L'uniforme aiderait-il à réduire la violence par ailleurs ?
La tenue unique diminue-t-elle la violence ?
L'uniforme est-il synonyme d'ordre ? Une croyance tenace prétend que l’uniforme ferait rentrer les élèves dans le rang et permettrait de réduire le nombre de rackets, d’agressions et de cas de harcèlement, pointe également l'article.
Cette dernière est apparue en 1996, date à laquelle une expérimentation réalisée à Long Beach, aux États-Unis, a fait l’objet d’évaluations dithyrambiques. Elles faisaient état d’une baisse du nombre d’agressions." Ces résultats ont été complètement remis en cause par la suite, car les études ont été réalisées par les acteurs eux-mêmes et ne reposaient sur aucun indicateur fiable d’un point de vue statistique ", nuance Michel Tondellier.
La fameuse étude de David Brunsma montre au contraire que l’uniforme n’a aucun impact sur le contrôle de soi à l’école élémentaire. " Une autre étude faite aux États-Unis en 2000 arrive aux mêmes conclusions, et toutes deux se basent sur des données nationales en comparant les statistiques de tous les établissements, que les élèves y portent ou non l’uniforme. " La tenue unique n’aurait donc pas non plus d’effet sur le climat scolaire.
Les études se contredisent et le sujet divise. Car vu par certains comme un retour en arrière.
Une expérimentation qui divise
La fédération des parents d'élèves (FCPE) voit dans cette expérimentation "une diversion" du ministère de l'Education "pour éviter les vrais sujets alors que la carte scolaire est présentée", commente une représentante dans un reportage de France 3. Le syndicat se pose aussi des questions sur le côté "ménager" de ces vêtements à porter chaque jour : "La charge mentale à la maison, pour faire les lessives. Il faudra s'assurer que l'uniforme est prêt à réutiliser en temps et en heure. Sans parler des difficultés en cas de garde alternée." La FCPE aurait préféré des engagements sur la baisse des effectifs en classe.
Le ministère vient d'annoncer qu'il reculait à juin la date butoir pour que les communes se portent candidates au port de la tenue unique. Il faudra au moins 100 écoles pour lancer cette expérimentation, conclue le reportage.