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Selon les derniers recensements de djihadistes français, plus de femmes que d'hommes partent rejoindre les rangs de l'Etat islamique. Comment expliquer ce nouveau phénomène ?

Selon un récent décompte des jeunes arrêtés aux frontières européennes en direction ou en provenance d'Irak et de Syrie, les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Sur 771 personnes recensées en Syrie ou en Irak et celles en transit vers cette zone, 493 sont des femmes et 278 des garçons, comme le rapportait déjà Le Figaro il y a un an. 

Les femmes ne partent pas pour les mêmes raisons

Toutes les femmes ne partent pas pour les mêmes raisons. "Le premier motif de ces jeunes femmes (60%) est de retourner dans un lieu où elles pourront exercer leur religion plus librement", nous explique le spécialiste du monde arabo-musulman et islamologue Mathieu Guidère. En France, elles se sentent discriminées, brimées. Elles veulent donc émigrer vers une terre où elles seront libres d'exercer leur religion. Là-bas par exemple "on ne les empêche pas de porter le voile ni la burka", explique Mathieu Guidère.

"Ces jeunes femmes sont avant tout séduites par l'idéologie", explique Amélie Boukhobza, psychologue clinicienne et docteur en psychopathologie clinique. "Elle ne veulent pas de la loi de la République, elle veulent l'application de la charia (loi isamique, Ndlr)". Une fois sur place, les femmes obéissent à un principe de non-mixité. Il existe la bas, une police féminine qui contrôle uniquement les femmes et la police masculine qui ne contrôle que les hommes. Un principe qu'elles ne retrouvent pas en Occident où les hommes et les femmes sont mélangés. "Aujourd'hui, la terre la plus authentiquement musulmane est donc selon elles l'Etat islamique", ajoute la psychologue spécialiste de la radicalisation chez les jeunes.

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Le second motif qui pousse ces jeunes femmes à partir est matrimonial. Elle sont "en quête d'un homme religieux, fort, sincère, d'un vrai musulman", explique Amélie Boukhobza. Le but est de trouver un mari et d'avoir des enfants qui seront de futurs combattants. Cette motivation matrimoniale fait des femmes un élément clef dans la pérénisation et l'expension de l'Etat islamiste car elles assurent la prolifération des combattants.

D'autres femmes partent aussi pour des raisons humanitaires, voulant s'occuper d'enfants. Un fois sur place, les jeunes mariées s'occupent des enfants et ont des fonctions d'infirmières. "Dès qu'elles sont mariées, la mission des femmes qui intègrent le groupe Etat islamique est de s'occuper des enfants", confie Mathieu Guidère.

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Les profils mentaux sont multiples 

Selon la psychologue Amélie Boukhobza, les femmes qui partent rejoindre le groupe Etat islamique n'ont pas de profil psychologique. "Les profils mentaux sont multiples, il n'y a pas plus de troubles que dans la population générale", précise-t-elle.

Si les femmes paraissent autant attirées par l'idéologie islamique c'est aussi car elles le montrent beaucoup, notamment via les réseaux sociaux. Généralement, les jeunes femmes s'intéressent à la question via des déclencheurs comme des reportages, des discussions. Elles se connectent ensuite sur Internet et commencent à échanger avec différentes personnes. "Elles se nourissent de discussions avec des personnes déja parties ou bien des personnes qui projettent de le faire", explique Mathieu Guidère. Les jeunes femmes sont très actives sur les réseaux sociaux. C'est avec ces discussions qu'elles organisent souvent leur départ. "Elles se créent un réseau en devenant 'amies sur Facebook' avec des personnes qui pourront les aider à partir", ajoute-t-il. Certaines sont très jeunes et se laissent très vite séduire par l'avenir que l'organisation terroriste leur promet.

Beaucoup plus visibles que les hommes 

Leur activité régulière et participative sur les réseaux sociaux tels que Facebook ou Twitter rend les jeunes femmes très visibles pour les autorités de surveillance. Les femmes en lien avec le groupe Etat islamique sont de ce fait beaucoup mieux repérées par les services de contrôle que les hommes qui, eux, sont plus discrets. Les services de renseignement parviennent mieux à les suivre grâce à leurs activités sur les réseaux sociaux et peuvent donc les arrêter plus facilement. Ceci justifie donc qu'un plus grand nombre de femmes est recensé aux frontières européennes. Toutefois, de nombreux hommes parviennent à échapper aux contrôles et ne sont donc pas comptabilisés dans les recensements.

"Si les filles sont plus arrêtées, c'est aussi parcequ'elles sont plus surveillées par leur famille", explique encore Mathieu Guidère. Les parents et les proches remarquent parfois plus vite les changements de comportement ou de fréquentation d'une fille que d'un garçon, qui est généralement plus discret. On signalera donc plus rapidement la disparition d'une fille que celle d'un homme.