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Journée mondiale de la Procrastination : Pourquoi les Français remettent-ils toujours au lendemain ?IllustrationIstock
Ce mardi 25 mars 2025 est mis à l'honneur la journée de la procrastination. Nous avons en effet tendance à remettre nos envies et nos projets à plus tard. Comment expliquer ce phénomène ? Une psychologue clinicienne nous répond.
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Repousser nos démarches administratives, remettre à demain la prise d'un rendez-vous médical... Des mauvaises habitudes qui ont un nom : la procrastination. Le phénomène nous concerne (presque) toutes et tous, puisque 85 % des Français y sont confrontés, selon Le Figaro. En cette journée internationale de la procrastination, voici tout ce que vous devez savoir sur le phénomène et comment moins procrastiner. 

La procrastination est liée "à l'absence de récompense immédiate"

Planet s'est entretenu avec Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne, auteure et consultante santé pour BFMTV. Selon son point de vue, la procrastination serait liée à deux angles de réflexion. Le premier : "l'absence de récompense immédiate". Quand on doit faire une tâche (comme faire le ménage par exemple), l'effort et la motivation peuvent être rendus difficiles, "parce qu'on ne réalise pas le plaisir ressenti à court terme une fois que la tâche est effectuée", nous confirme-t-elle.

Nous sommes ainsi amenés à privilégier les activités qui sont justement gratifiantes immédiatement : manger, prendre un bain ou écouter de la musique, par exemple. 

Un manque de confiance en soi quand on procrastine ? 

Un second élément symbolise la procrastination. Le rapport de soi vis-à-vis de l'extérieur. "La procrastination ne nuit pas seulement à soi-même, elle est susceptible d'impacter aussi les autres. En reportant nos tâches, on prend en otage le temps des autres et cela montre souvent un manque de confiance en soi" nous confirme la psychologue clinicienne. En résumé, la procrastination serait liée au rapport que l'on a avec soi-même (avec le manque de récompense immédiate) et au lien avec les autres. Comment être moins dépendant du phénomène ?

"Accomplir ses tâches les unes après les autres et se fixer des repères" 

Comme nous le rappelle Johanna Rozenblum, la procrastination peut être extrêmement douloureuse "pour les personnes qui s'avèrent incapables de réaliser une tâche dans l'immédiat" pour diverses raisons (pouvant être liées à l'anxiété ou au fait d'être consciencieux). Il existe des recommandations pour y faire face.

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Tout d'abord, vous pouvez vous fixer des repères et des objectifs quotidiens, en les répertoriant sur une feuille, en les notant sur votre téléphone, de manière à vous apporter un cadre. "Toutes les stratégies qui permettre de se mettre une forme de discipline sont bonnes à prendre, au fur et à mesure, il y a une forme d'habituation qui se fait et ce rappel va devenir une routine avec le temps" évoque madame Rozenblum. 

Vous pouvez également fractionner vos tâches. Préférez scinder "comme les marches d'une échelle qu'on aurait à gravir" vos objectifs et ainsi accomplir ses tâches les unes après les autres de façon successive. Cela vous permettra de passer à l'étape suivante dès que vous avez fini la première, "plutôt que d'attendre et de voir la problématique gonfler et grossir". La montagne face à vous sera ainsi plus facile à appréhender. Si la procrastination est souvent mal vue, peut-elle avoir des avantages ?

La procrastination peut avoir un impact positif 

Comme évoqué précédemment, la procrastination peut être très mal vécue pour certaines personnes. Si elle n'est pas à prendre à la légère, elle peut permettre, dans certains cas, d'aboutir à une réflexion plus fournie : "Je pense que ça peut être intéressant de procrastiner, notamment quand il faut prendre une décision. On peut alors trouver dans la procrastination un gain de temps nous permettant de différer une décision pour la prendre à tête plus reposée ou à distance des émotions et des affects qui pourraient perturber notre choix". 

Un dernier élément pourrait expliquer notre habitude à procrastiner : l'ère du tout numérique.

"L'hypersollicitation crée une surcharge qui peut conduire à la procrastination" 

Nos modes de vies sont désormais tournés vers le numérique. On consulte l'actualité sur notre téléphone, vous lisez cet article en ligne et discutez par messages avec vos proches. Or, cela peut être gage d'hypersollicitation : "On reçoit des liens pour tout, des applications, on est ultra-sollicité". C'est cet afflux d'informations qui crée une surcharge qui peut à terme développer une procrastination. Sans cesse déconcentré, cela peut amener à vous éloigner de vos tâches et de vos objectifs. Johanna Rozenblum, interprète cette procrastination liée au numérique comme "une réaction pour se protéger d'être tout le temps en action et notre volonté à essayer d'être passif en reprenant notre souffle face à notre hypersollicitation". 

Enfin, dans une société toujours plus complexe, la tendance à procrastiner peut s'expliquer par un manque de reconnaissance, des contraintes administratives fortes ou encore des semaines très remplies. Si la procrastination est difficile à vivre pour vous, vous pouvez consulter un professionnel de santé.