Paul G., 31 ans est accusé d’avoir violé Gisèle Pelicot en 2016. Il a reconnu les faits dans leur totalité ce vendredi 8 novembre, avant de faire part à la cour de son souhait de devenir pasteur.
Avez-vous un jour pensé à tout quitter, partir et changer de vie ? Oui, sans doute. Mais l’avez-vous fait ? En France, environ 5 000 personnes sautent le pas chaque année. Un chiffre obtenu après un calcul basé sur le nombre total de disparitions par an. En tout, 55 000 disparitions sont enregistrées chaque année sur le territoire, expliquait Slate en 2015. "Parmi elles, 45 000 fugues, et un bon paquet de jeunes filles ou de garçons qui font le mur puis reviennent ensuite (…), 5 000 disparitions liées à des profils de personnes suicidaires, de malades d’Alzheimer, de gens dont on découvre bien vite le destin et sur lesquels il ne place aucun mystère. Dans ce cas, le travail de la police permet de résoudre rapidement l’enquête. Et les personnes sont retirées du fichier", détaillait le site. Ce qui ramène donc à 5 000 le nombre de personnes qui ont fait le choix de ne plus donner de donner de nouvelles à leurs proches et de s’évaporer dans la nature.
"Il y a dix ans, certaines personnes disparaissaient temporairement, quelques semaines voire quelques mois, avant de revenir chez elles. Mais c’est fini. A présent, quand les gens prennent la décision de tout quitter c’est définitif", nous confie Pascale Bathany, la vice-présidente de l’association Assistance et recherches de personnes disparues (ARPD). "La société a évolué, de plus en plus de gens éprouvent un grand ras-le-bol de leur quotidien et souhaitent prendre la fuite de leur propre vie", ajoute-t-elle.
Un départ qui est toujours planifié
Et c’est bien là le seul point commun à toutes les personnes qui disparaissent volontairement. "Il n’est pas question d’âge, de sexe ou de milieu social", insiste Pascale Bathany. La seule chose que l’on retrouve dans chacune de ces histoires est un ras-le-bol généralisé. "Ce sont à chaque fois des gens qui ne supportent plus leur vie et qui ont préparé leur départ en mettant de l’argent de côté pour ensuite s’enfuir loin, parfois même très loin, se refaire une nouvelle vie, détaille-t-elle. Ces personnes ne fuient pas forcément des dettes, comme on a tendance à le penser. Elles cherchent juste à se défaire d’un poids".
"J’avais une vie réglée. Je partais tous les matins vers 6 h pour rejoindre la gare RER de mon domicile. J’arrivais au travail environ une heure plus tard. Ce matin-là, je suis parti exactement comme d’habitude, sauf que je ne suis pas allé au travail et que j’ai pris un train qui m’a conduit à l’étranger, a raconté à Midi Libre un homme, bien évidemment anonyme, qui a sauté le pas il y a plusieurs années. J’avais tout planifié. J’avais fait des papiers en récupérant les documents d’état civil de quelqu’un d’autre, je versais de l’argent tous les mois sur un compte à ce nom ouvert pour l’occasion, que j’alimentais avec l’argent que je gagnais au noir en faisant des petits boulots de maçonnerie".
Ils sont dans leur droit
Une situation toujours très difficile pour les proches de ces disparus, d’autant que légalement ces derniers sont dans leur droit. La loi prévoit en effet que les personnes majeures sont libres d’aller et venir sans obligation de rendre des comptes à leur famille. À partir du moment où les autorités ne considèrent pas la disparition comme inquiétante, elle n’est pas considérée comme un délit et n’est donc pas du ressort du pénal. Bien évidemment, les proches du disparu peuvent porter plainte pour abandon de famille, mais cela abouti très rarement à des retrouvailles, et parfois même la justice les déboutent.