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Ce jeudi 25 janvier, une réunion d'urgence doit se tenir à Matignon, afin de tenter d'apaiser la colère des agriculteurs et de prendre des décisions vraisemblablement en leur faveur. Toutefois, le mouvement de mécontentement, comme certains l'appelle, poursuit son amplification ces derniers jours. De la menace d’un blocage complet de Paris et de toutes les autoroutes qui mènent à la capitale, en passant par des dépôts d'ordures devant des dizaines de préfecture, le blocage a d’ores et déjà reçu le soutien de plusieurs professions. A l'instar du mouvement des gilets jaunes en 2018, celui des agriculteurs pourrait s'engager et constituer un embrasement (bien) plus global.
Pour tenter d’éteindre ce qui ressemble à un début d’incendie, le gouvernement a donc promis des annonces "dans les jours à venir", cite Le Parisien. Peut-on craindre un embrasement, à l’image des Gilets jaunes en 2018 ? L’hypothèse semble "peu plausible" pour le moment, estime auprès du journal Eric Agrikoliansky, professeur de science politique à l’université Paris-Dauphine, et spécialiste des mouvements sociaux. Pourtant, le soutien que reçoit le soulèvement pourrait vite inquiéter les plus hautes sphères du gouvernement.
Les chauffeurs routiers solidaires des agriculteurs
Face à cette gronde d’une puissance inédite pour le secteur, d’autres professions ont affiché leur soutien au mouvement. Certaines, de manière individuelle et parfois discrète, tandis que d'autres rejoignent même les rangs des manifestants dans certaines villes. Des chauffeurs routiers ont ainsi aidé les agriculteurs, mardi, à bloquer l’A7, dans la Drôme. "On a décidé de converger avec les agriculteurs parce qu’on a les mêmes revendications qu’eux", a justifié l’un d’eux, évoquant des "problèmes de concurrence déloyale, de prix, de charges, qui sont en train de nous étouffer", sur l'antenne de Cnews.
D'autres secteurs pourraient également intégrer la contestation
Les opérations escargot se poursuivent donc, et sont désormais presque visible aux quatre coins de l'Hexagone. En Occitanie, là où le mouvement a fait ses débuts, les chauffeurs routiers ont donc décider de rejoindre la meute de producteurs agricoles en colère. Egalement contestataire il y'a quelques semaines de cela, les taxis imitent le mouvement. S'ils se disent solidaires des agriculteurs, eux dénoncent la nouvelle mesure du gouvernement qui veut rendre obligatoire le transport groupé de patients dans le cadre de transports sanitaires. Toutefois, comme l'explique l'Union Nationale des Taxis (UNT), l’organisation ne compte pas "surfer" sur la contestation pour avancer ses propres revendications : "Nous n’avons pas besoin, affirme Rachid Boudjema, son président. Nous sommes capables de nous mobiliser et avoir du poids, sans utiliser le climat actuel".
Egalement contrariés par des mesures rendant difficile leur métier, les pêcheurs rejoignent le mouvement des agriculteurs en Bretagne. Alors que la profession dénonce fortement la dégradation de ses conditions de travail, l’interdiction pour 500 navires de pêche français de naviguer dans le golfe de Gascogne a mis le feu aux poudres. Si le but de cette mesure est de protéger les dauphins des captures accidentelles, c'est une solution qui témoigne de l'absurde, et qui n’est bonne ni pour les pêcheurs, ni pour les dauphins, estime pour Ouest-France, Didier Gascuel, professeur en écologie marine à l’Institut Agro de Rennes-Angers. Ils sont donc également susceptibles de devenir les alliés des agriculteurs.
Une union de contestation peu probable
Pour l’heure, aucune organisation n’a ainsi appelé officiellement à rejoindre le mouvement. Si les hôteliers restaurateurs ont simplement exprimé leur solidarité, l’Union nationale des taxis (UNT) a donc clairement annoncé qu’elle ne comptait pas profiter de la contestation des agriculteurs pour avancer ses propres revendications. Idem pour les pêcheurs, qui manifestent déjà pour leurs droits, ou encore chez les chauffeurs de poids lourd, qui, malgré leur soutien, voient au contraire leur activité très perturbée par le mouvement et espèrent une issue rapide.
"Depuis le début de la Cinquième république, il y a eu de multiples mobilisations de ce type-là de la part des agriculteurs, et elles n’ont jamais véritablement débouché sur des mouvements de très grande ampleur et de contestation directe du pouvoir", se souvient Eric Agrikoliansky, spécialiste des mouvements sociaux. Si l'on peut croire l'expert, personne n'avait pu prédire le mouvement des Gilets jaunes.