Société
A l'approche de l'épiphanie, l'UFC-Que Choisir a dévoilé son classement des meilleures galettes des Rois à la frangipane. Découvrez le classement au sein de notre diaporama.
© ANDBZ/ABACAabacapressEn plus d'une petite astuce qui permet de réduire sa facture d'électricité en modifiant la puissance du compteur Linky, Enedis a constaté une augmentation des fraudes concernant une technique qui consiste à le mettre hors réseau, et s'apprête à sévir. Ne cédez donc pas à la tentation, cela pourrait vous coûter plusieurs dizaines de milliers d'euros.
Hier encore, nous vous expliquions la démarche à faire à propos de votre compteur Linky pour réaliser jusqu'à 50 euros d'économie par an. La puissance délivrée de 6 kVA est en effet souvent plus importante que vos besoins réels, il vous suffit alors de la réduire à 3 kVA en vous rendant sur votre compte personnel en ligne pour adapter votre contrat.
Mais ce n'est pas ce qui préoccupe de plus en plus Enedis. Nos confrères de TF1 INFO révèlent que plus de 100 000 compteurs trafiqués ont déjà été identifiés. La technique employée par les escrocs permettrait de réduire la facture d'électricité jusqu'à 70 %, voire 100 % comme l'a constaté la première chaîne dans un reportage passé dans l'émission Sept à huit.
Fraude au compteur Linky : c'est vous qui payez la note
En effet, les fraudeurs se branchent directement sur le réseau général, l'électricité ne passant plus ou seulement en partie par le compteur Linky. Or, "cette électricité consommée frauduleusement est payée par l’ensemble des 38,8 millions de clients d’Enedis à travers le tarif d’utilisation du réseau public d’électricité. Ce sont donc les consommateurs non-fraudeurs qui payent pour les clients malhonnêtes", précise Olivier Molinero, Directeur Communication et RSE chez Enedis, au quotidien La Dépêche du Midi.
Le fournisseur d'énergie, comme ses abonnés donc, aurait ainsi perdu plus de 250 000 millions d'euros depuis 2022 (le prix de l'électricté ayant augmenté de 43 % depuis cette année). Un chiffre faramineux qui explique pourquoi l'entreprise va littéralement partir à la chasse aux fraudeurs. Il emploie plus de 250 opérateurs dans ses bureaux parisiens pour traquer en temps réel les éventuelles anomalies sur l'ensemble compteurs installés dans toute la France.
Vidéo du jour
Une analyste explique aux caméras de TF1 qu'à partir du moment où un boîtier est ouvert, une alarme apparaît sur son écran, et que dès lors, la consommation correspondant à l'adresse est surveillée comme l'huile sur le feu. D'après Bertrand Boutteau, le directeur du service, tous les "resquilleurs" seraient déjà connus. "Nous avons mis au point un certain nombre d'algorithmes qui permettent d'identifier les compteurs qui ont été trafiqués" affirme-t-il. La suite se passe sur le terrain.
Le risque : 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende
C'est la peine encourue si des agents assermentés d'Enedis débarquent chez un particulier ou un professionnel suspecté de fraude. Après contrôle de l'installation, ils sonnent chez le "client". Lui font constater ce qui est généralement une dérivation réalisée avec des câbles qui ne sont pas supposés être là. Et le "client" a bien du mal à se défendre (s'il refuse l'accès au compteur, l'agent a le le droit de couper le courant)...
Exemple de dialogue de sourds vu dans le reportage de Sept à huit lors d'une visite dans un pavillon de région parisienne.
- "On a constaté une anomalie sur votre compteur. À partir du 28 avril 2023, la consommation est nulle. Vous voyez, ces deux câbles bleus n'ont rien à faire ici."
- "Mais c'est vous qui les avez installés !"
Excuse classique. L'un des agents déplore : "Il y a un branchement direct depuis notre réseau. Donc, il n'y a aucun enregistrement du compteur. C'est gonflé ! Parce que là, la consommation est de zéro."
Un procès verbal est rédigé qui sera envoyé au tribunal d'instance, qui décidera de la peine, qui peut aller jusqu'à 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende. Sans oublier la régularisation de la facture : 2 900 euros dans le cas de cet homme, qui ne payait plus que 46 euros par mois, soit le prix de l'abonnement pour sa maison...
Une fraude qui rapporte gros à des amateurs
Si Enedis annonce que près de 500 agents seront bientôt déployés sur tout le territoire pour mettre fin à cette fraude, elle risque de ne pas s'arrêter de sitôt. En effet, les journalistes du magazine ont pu contacter un "trafiquant amateur". En un peu plus de 6 minutes, équipé du matériel adéquat, on le voit faire baisser la consommation d'un compteur Linky de 70 % ! Et replacer des scellés apparemment authentiques, "achetés sur internet", sur la façade.
Il avoue avoir suivi une formation pour tout connaître sur la fraude, ce qui lui à coûté 1 500 euros, via un contact sur les réseaux sociaux. Ce qui n'est pas grand chose au final. Il affirme toucher 350 euros pour modifier le compteur d'un particulier, 600 euros pour un pofessionnel. "C'est très simple, même un ado pourrait le faire (...) Je n'ai absolument pas de formation d'électricien. Si vous savez un peu vous servir de vos dix doigts, ça marche très bien."
Il admet gagner très correctement sa vie, 3 000 euros par mois avec son métier de mécanicien. Mais il cherchait un complément de revenu. "Ça fait à peu près maintenant six mois que je fais les trafics de compteurs Linky. Ça revient entre 2 000 et 3 000 euros par mois."
Enedis va donc réagir en doublant ses effectifs sur le terrain. Attention donc à ne pas vous laisser séduire par le très important nombre d'annonces vantant cette fraude sur les réseaux sociaux comme Snapchat ou Telegram. Vous risquez au final de le payer très cher. Le dernier "client" pris en flagrant délit sera lui régularisé de 7 000 euros, en attendant sa convocation devant le tribunal...
