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Alors que 130 personnes ont été tuées dans les attentats qui ont récemment frappé Paris, 161 sont toujours hospitalisées à cause de leurs blessures physiques, dont 26 se trouvent actuellement en réanimation.

Elles ont survécu à l’enfer mais le chemin est encore long avant de pouvoir retrouver un semblant de "vie normale". Le 13 novembre dernier, 130 personnes ont été tuées dans des attaques terroristes visant Paris, et plus de 200 ont été blessées. Hospitalisées dans la foulée de ces tragiques évènements, certaines ont depuis été autorisées à rentrer chez elles, tandis que d’autres sont contraintes de rester hospitalisées à cause de leurs blessures. Elles sont en tout 161, dont 26 se trouvent actuellement en service de réanimation.

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Des blessures de guerreRappelons que les terroristes qui ont fait feu ont utilisé des armes de guerre, lesquelles ont causé des blessures balistiques très sérieuses. "J’ai vu à peu près tous les types décrits dans les livres : à la tête, au thorax, dans l’abdomen, dans les jambes… Certains avaient une balle dans le corps, parfois mal placée, d’autres plusieurs", a confié à L’Express le professeur Denis Safran, médecin-chef de la BRI qui a pénétré dans le Bataclan pour secourir les blessés. "On parle de chirurgie de guerre parce que la balle ou l'éclat d'obus va provoquer des lésions qu'on appelle pluritissulaires. Il y a bien sûr la peau, les muscles, les tendons, les nerfs, les artères… et on est exactement dans cette situation", a de son côté précisé à France TV Info le professeur Masmejean, chirurgien orthopédique à l’hôpital européen Georges Pompidou. "Un certain nombre de patients sont sortis ou vont sortir du bloc opératoire sans une réparation parfaite de toutes leurs structures parce qu'on ne peut pas ou alors parce que ce n'est pas le bon moment", a-t-il également expliqué.

Au-delà des blessures physiques, le traumatisme psychologiqueDéjà sortis de l’hôpital ou pas, tous les blessés doivent également faire face à d’autres blessures de nature psychologique. Plusieurs dangers les guettent en effet, comme le stress post-traumatique, qui peut se manifester de différentes manières, et le syndrome de Lazare. "C’est le sentiment chez les rescapés d’une catastrophe de ne plus être en phase avec leur entourage, a estimé le psychiatre Patrick Clervoy dans les colonnes de L’Obs. Leur premier réflexe est de se dire 'j’ai survécu'. Ensuite, ils sont envahis par les images violentes des attentats, que les autres n’ont pas vues. Cela crée un décalage. (…) Ces survivants ne peuvent pas retrouver tout de suite une vie ordinaire. Ils sont inhibés, ont peur de sortir. Ils vivent dans une tension permanente".

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Certains de ces miraculés peuvent également souffrir du "syndrome du survivant", ou, en d’autres termes, culpabiliser d’avoir eu la chance de survivre à ces terribles attaques. "Pourquoi je ne suis pas mort, et les autres ne sont pas vivants? Pourquoi je n’ai pas aidé les gens? (...) Pourquoi cette femme enceinte a été piétinée? Pourquoi ces gamins ont reçu une balle, alors que ce n’était même pas le début de leur vie, alors qu’ils étaient juste en train de commencer à kiffer des choses que l’on adore tous… On se dit qu’on n’a pas le droit de vivre à leur place", s’est ainsi demandé Pierre, un rescapé du Bataclan.

"Ces rescapés reviennent de chez les morts""Les personnes présentes lors des attaques à Paris ont été traversées par différentes émotions : la surprise, l'effroi et, surtout, le sentiment de mort imminente, sans aucun secours possible. Elles ont parfois eu l'impression de planer, d'être désorientées, de traverser un état de dépersonnalisation. Ces rescapés reviennent de chez les morts", a insisté auprès de L’Obs Louis Crocq, médecin général des Armées à la retraite, psychiatre spécialistes des névroses de guerre.

Pour aider les rescapés à faire face, le gouvernement a mis en place une cellule interministérielle. "Les victimes blessées lors des attaques terroristes du 13 novembre qui ne se seraient pas encore fait connaître auprès de la Cellule interministérielle d’aide aux victimes sont invités à prendre contact dès que possible avec cette dernière, afin de pouvoir bénéficier d’un accompagnement", a fait savoir le ministère des Affaires étrangères en début de semaine. Un numéro de téléphone a même été mis à leur disposition : le 0800 40 60 05.

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