Gisele Pelicot© Coust Laurent/ABACAabacapress
Après onze semaines d'audiences, le procès des viols de Mazan entre dans une nouvelle phase ce lundi 25 novembre avec les premières réquisitions des 51 accusés.
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En cette journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, l’heure est au réquisitoire du parquet au procès des viols de Mazan après une suspension de quatre jours. Pour la douzième semaine d’audience, Jean-François Mayet et Laure Chabaud, les deux avocats généraux, débutent leurs réquisitions pour les 51 accusés.

Ce matin, ils ont requis la peine maximale contre Dominique Pelicot, soit 20 ans de réclusion criminelle, avec suivi socio-judiciaire de dix ans et un réexamen de sa situation à la fin de sa peine.

Une peine attendue 

“Vingt ans d'une vie, vingt ans d'un homme, ce n'est pas rien. Mais c'est à la fois beaucoup et trop peu : trop peu au regard de la gravité des faits commis, qui ont été répétés”, a insisté Laure Chabaud, à propos du principal accusé poursuivi pour avoir drogué, violé et fait violer sa femme par plus de 80 hommes recrutés sur internet entre 2011 et 2020.  “Sa responsabilité dans les actes commis est donc pleine et entière”, a-t-elle estimé.

Cette peine était attendue dans la mesure où Dominique Pelicot, présenté comme le "chef d'orchestre" d'un "schéma criminel", avait concédé être "un violeur" lors de son premier interrogatoire à la barre le 17 septembre 2024. L’homme de 71 ans avait reconnu les faits “dans leur totalité” et avait affirmé : “je suis coupable de ce que j’ai fait […] J’ai tout gâché, j’ai tout perdu. Je dois payer”.

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La majorité des accusés nient le viol 

Mais la très grande majorité des accusés continuent de nier fermement avoir participé à un “viol”, se disant victimes d’un Dominique Pelicot qui les aurait piégés et manipulés. Tous encourent une peine de 20 ans de réclusion criminelle même si dans cette situation, les avocats généraux devront s'appuyer sur d'autres éléments pour requérir des peines individualisées comme “des éléments de personnalité, leurs antécédents judiciaires, les conditions dans lesquelles ils sont venus au domicile du couple, les faits reprochés…” comme le précise BFM TV

"Il n'y avait rien d'ambigu, ni dans le contexte, ni dans l'attitude de Gisèle Pelicot, qui pouvait laisser croire à ces hommes qu'elle était d'accord pour subir ces actes sexuels dans l'état léthargique qui était le sien", a tranché Laure Chabaud. Et d'ajouter : "On ne peut plus, en 2024, considérer que parce qu'elle n'a rien dit, c'est qu'elle était d'accord."

17 ans de réclusion criminelle pour un autre accusé 

Les avocats généraux ont également réclamé 17 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Jean-Pierre M., le deuxième cas examiné ce lundi. Cet homme est accusé d’avoir violé sa propre épouse avec Dominique Pelicot qui lui avait fait part de sa méthode de soumission chimique. Les deux hommes se sont fixés "une dizaine de rendez-vous sur une dizaine d'années", précise Jean-François Mayet qui estime que Jean-Pierre M. "avait le temps suffisant pour se rendre compte de ce qui se jouait".

Le réquisitoire devrait durer trois jours et se clôturer ce mercredi en fin de matinée, le parquet estimant à une quinzaine de minutes en moyenne le temps consacré à chaque accusé.