Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
La manœuvre est subtile, mais visiblement efficace. Depuis quelques années, l’Etat a pris une fâcheuse habitude : celle de décaler de quelques mois la revalorisation de votre pension de retraite. De fait, si celle-ci doit être augmentée de 0,8 % le premier octobre 2017, il semblerait que la date de la prochaine revalorisation annuelle ne soit plus fixée au 1er octobre 2018, mais bien au 1er janvier 2019. Un décalage de quelques mois qui n’est pas dénué de conséquences. Tout du moins sur le plan financier.
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Pourquoi ?
Parce qu’en procédant de la sorte, cela donne à l’Etat la possibilité de réaliser des économies significatives estimées à 380 millions d’euros grâce aux 3 mois de décalage en 2018. Très concrètement, cela implique que vous perceviez plusieurs mois durant, une pension moins élevée que celle que vous auriez dû obtenir si la revalorisation avait eu lieu en temps voulu. De fait, si les pensions de retraite étaient revalorisées chaque année au 1er janvier comme le voulait la tradition jusqu’à l’ère Sarkozy, depuis cette période, les Présidents de la République ont pris l’habitude de la reporter. Décalée au 1er avril sous Sarkozy en 2009, au 1er octobre sous Hollande en 2014, voilà qu’Emmanuel Macron envisagerait de repasser au 1er janvier d’ici 2019. Soit un tour complet de calendrier. Seulement voilà, si l’on comprend l’enjeu côté gouvernement, côté retraités, ce petit décalage de quelques mois est synonyme de perte cumulée.
Un calcul simple
Si vous percevez 1 000 euros par mois une fois la retraite venue et que celle-ci était revalorisée de 1 % à partir du 1er octobre, vous recevriez alors chaque mois à partir d’octobre 1 010 euros. Mais si tel n’est pas le cas et que cette revalorisation n’intervient qu’à partir de janvier, vous devrez alors vous contenter de 1 000 euros par mois et vous auriez alors perdu 30 euros sur trois mois. Si l’opération semble anodine, sachez pourtant que depuis 2009, cette manœuvre aura généré une perte cumulée estimée à 446 euros en 10 ans selon les calculs réalisés par le cabinet Optimaretraite pour le compte du magazine Capital. Soit près de 41 % de votre pension mensuelle. Résultat : si la revalorisation de vos pensions avait effectivement eu lieu chaque année au 1er janvier, vous disposeriez alors aujourd’hui de 446 euros de plus dans votre portefeuille.
1 300 euros de perte en 10 ans
A cela s’ajoute le fait que, si votre pension de retraite avait été revalorisée chaque année en temps voulu, vous auriez touché en 2018 grâce aux augmentations légales non pas 1086 euros, mais bien 1097 euros. Soit un manque à gagner de 10,9 euros par mois qui, cumulé sur 10 ans, implique une perte de 1300 euros. Et dire, qu’en plus de ces manœuvres, la contribution sociale généralisée (CSG) est supposée augmenter de 1,7 point à compter du 1er janvier 2018, la faisant passer de 7,5 % aujourd'hui à 9,2 %.
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