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Plan pauvreté d’Emmanuel Macron : les retraités laissés pour compte ?
"Faire plus pour ceux qui ont moins". C’était l’un des mots d’ordre du plan pauvreté présenté par Emmanuel Macron ce jeudi 13 septembre, au musée de l’Homme à Paris. Pour "enrayer les inégalités de destin qui se perpétuent de génération en génération", le président a prévu une "stratégie nationale" qui devrait permettre de lutter contre la pauvreté. Au cœur de ce plan, pour lequel le chef d’Etat a débloqué 8 milliards d’euros, un "changement radical d’approche". Qui ne concerne manifestement pas les retraités…
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"Indéniablement, les Français les plus âgés ne sont pas le centre de ce plan de lutte contre la précarité", confirme Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’Epargne. Pourtant, le président de la République à rappelé l’importance de "n’oublier personne", parmi les 9 millions de pauvres qui vivent en France. Mais il n’a pas fait mention des retraités. "Les retraités ne sont pas la priorité du gouvernement. Ce plan s’inscrit dans la même logique que la hausse de la CSG", poursuit l’économiste.
Selon lui, ce n’est d’ailleurs pas aberrant. "Statistiquement, les retraités sont moins frappés par la précarité. Seul 8% d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté, contre 14% pour l’ensemble de la population. Chez les jeunes actifs, ce taux monte jusqu’à 30%. Et, contrairement aux retraités qui bénéficient au moins du minimum vieillesse, ces derniers n’ont pas de garantie de revenu."
Plan pauvreté d’Emmanuel Macron : un changement de paradigme pour sortir les jeunes de la pauvreté ?
"Derrière ces chiffres auxquels on s’habitue très bien, il y a le scandale de la pauvreté", a commencé le chef d’Etat, souhaitant brosser le portrait de ce qu’il entend combattre. "Être pauvre ce n’est pas une situation. C’est un combat de chaque instant pour tenter de survivre", poursuit-il, non sans déplorer "l’encerclement, la reproduction à laquelle on ne pourrait pas échapper". C’est précisément pour combattre cette dimension de la pauvreté que le président entend passer d’une "logique de prestation monétaire" à une logique "d’accompagnement social", qui devrait notamment bénéficier aux jeunes actifs et à leur famille.
Fondamentalement, il s’agit de revoir notre modèle qui, "s’il corrige un peu, s’il permet de mieux vivre" ne permet pas, ou pas suffisamment de "prévenir la pauvreté", de "l’éradiquer". Et pour cela, le président prévoit plusieurs mesures. D’abord, il entend "dire aux premiers de cordée, n’oubliez pas les derniers de cordée". Il s’agit selon lui d’un point essentiel pour assurer la cohésion du pays. Ensuite, il souhaite également rendre la garde d’enfant accessible à tous, via la construction de davantage de crèches et la distribution d’aides à la garde, dès le début d’année 2019.
Autre mesure en faveur des jeunes : les repas à la cantine devraient coûter un euros seulement. De la même façon, les écoles devraient proposer des petits déjeuners pour les enfants les plus démunis. Par ailleurs, pour prévenir le chômage précoce, Emmanuel Macron a décidé d’imposer une formation obligatoire pour les jeunes de 16 à 18 ans. Il s’agit également de repenser la formation et l’apprentissage. A cet effet, 50 millions d’euros devraient être consacrés à l’aide sociale à l’enfance.
Plan pauvreté : un retour à l’emploi facilité ?
Les "inégalités de destin" ne sont pas responsables de l’intégralité de la pauvreté en France. Il a également insisté sur l’importance du retour au travail. "Je ne veux pas d’un plan qui permette aux pauvres de vivre mieux pauvres. Je veux qu’ils s’en sortent", assène-t-il, avant d’assurer qu’il ne faut pas penser que "si on doublait le RSA on aurait réglé le problème". Non, selon lui, il faut développer un nouveau service public de l’insertion, pensé spécialement pour les chômeurs de longue durée. A partir du 1er janvier 2019, l’Etat devrait donc aider financièrement les départements bons élèves, et pénaliser les mauvais.
Il souhaite également simplifier "le maquis" des prestations sociales. C’est dans cet objectif qu’il veut mettre en place le revenu universel d’activité (RUA). "Je souhaite créer par une loi en 2020 un revenu universel d’activité qui fusionne le plus grand nombre de prestations et dont l’Etat sera entièrement responsable", a-t-il précisé, non sans prendre la peine de s’éloigner des propositions – assez différentes – de Benoit Hamon. "Je n’ai jamais cru à un revenu universel qui puisse être sans activité". En contrepartie, il dit souhaiter un "contrat d’engagement réciproque" et "l’obligation d’inscription dans un parcours d’insertion avec l’impossibilité de refuser deux offres raisonnables d’emploi".