La pension de réversion protège-t-elle encore les femmes seniors ?IllustrationAdobe Stock
Attribuée au conjoint survivant, la pension de réversion est une aide essentielle lors de la perte d'un partenaire de vie. Elle contribue à réduire les écarts de revenu entre hommes et femme à la retraite, mais protège-t-elle encore ces dernières ?
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Lors de la perte d’un conjoint, c’est tout un monde et un quotidien qui s’écroulent. La pension de réversion permet en principe de protéger le partenaire de vie survivant en lui octroyant une partie de la retraite perçue ou qui aurait pu l’être par le disparu. Des conditions demeurent néanmoins à respecter et mieux vaut en avoir conscience pour éviter les déconvenues au moment de déposer sa demande. Mais la pension de réversion est-elle encore un moyen de protection optimal ? Permet-elle d’accompagner comme il se doit les femmes seniors ? Philippe Bainville, expert retraite à la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV), nous apporte de précieux éléments de réponse.

Pension de réversion : des conditions à enregistrer

Expert retraite à la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), Philippe Bainville revient sur le fondement de la pension de réversion. Comme il l’explique, il s’agit d’un “système qui permet à l’ayant-droit de percevoir une partie de la retraite, à 54%”. Dans le cas où le conjoint décédé possédait une retraite de 1 000 euros, 54% représente 540 euros en sachant que “la pension de réversion peut être différentielle”. Il notifie ainsi que, selon les ressources, “on peut la diminuer ou pas”, d’autant que le plafond est à “2019 euros”. Il fait un rapide calcul en précisant que “si vous avez 1 800 euros de ressources, le droit peut être étudié, mais vous n’aurez pas droit aux 540 mais aux 219 euros”.  

Philippe Bainville examine l’idée “du cas par cas” avec “une condition d’âge appliquée à la personne qui demande”. Il est impératif de déposer un dossier papier ou bien de faire “une demande de réversion en ligne”. Selon lui, cet avantage est particulièrement important puisque la demande en ligne touche automatiquement tous les régimes auxquels avaient été affiliés la personne décédée. Tel qu’il l’analyse, la pension de réversion est “une aide, une prestation viagère contributive”, qui répond à un système de cotisations et dont le droit est fermé aux personnes qui ont des ressources supérieures.

Pension de réversion : une aide bienvenue

Toujours sur la pension de réversion, Philippe Bainville affirme que vous pouvez la toucher jusqu’à la fin de votre vie car elle n’est pas considérée comme “une aide”, mais comme “une retraite”. Il revient, à nouveau, sur l’une des conditions principales pour obtenir la pension de réversion à savoir avoir été marié avec la personne disparue.

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Dans les conditions à respecter pour toucher la pension de réversion, Philippe Bainville met l’accent sur le mariage en rappelant que “le concubinage et le PACS ne font pas des personnes survivantes des ayant-droits”. Il revient également sur l’âge minimum de 55 ans, mais aussi l’examen complet des ressources attendu avant de rendre une décision.

Pension de réversion : des femmes seniors encore bien protégées ?

Quant à savoir si la pension de réversion protège les femmes seniors, Philippe Bainville s’appuie sur des chiffres parlants. Même s’il note que “le fait de percevoir une partie de la retraite de son partenaire de vie concerne les deux membres du couple”, il parle du chiffre important de femmes veuvesqui touchent une pension de réversion.

Pour le régime général, en 2023, il y avait ainsi “à peu près 2,8 millions de retraites de réversion en paiement” et, sur ces 2,8, “2,56 étaient des femmes” pour “230 000 hommes”. Dans les chiffres, le rapport est, selon lui, “très fort”, malgré des conditions d’accès qui varient en fonction du régime général ou du privé.