Emploi des 50 ans et plus : 3 questions au secrétaire national de la CFDT, Laurent Berger abacapress
Laurent Berger est secrétaire national de la CFDT, chargé du dossier de l'emploi. Il répond aux questions posées par les internautes de Planet.fr sur le thème de l'emploi des plus de 50 ans, lors du chat du 13 octobre 2010 avec Laurent Wauquiez, alors Secrétaire d'État chargé de l'emploi.

1) Comment pourrait-on faire profiter les entreprises de cette richesse, sans pour autant imposer de quotas comme pour les salariés handicapés ?

Pour redonner une place aux seniors sur le marché du travail, il faut sortir d’une vision à très court terme de la vie de l’entreprise, où le senior représente un coût. Les compétences des salariés, leur santé, leur satisfaction au travail sont autant d’éléments déterminants qui peuvent faire la différence dans la compétitivité d’une entreprise. Ce sont également des éléments essentiels de la sécurisation des parcours professionnels. Les employeurs doivent donc accepter de négocier davantage avec les organisations syndicales sur ces questions, et cela à tous les niveaux, du national à l’entreprise.

Focus de l'enquête Planet.fr-Ifop "Les 50-65 ans face à l'emploi"

Précarité et discrimination des 50-65 ans dans le monde du travail Selon le dernier baromètre de la Dares (août 2010), basé sur les chiffres de Pôle emploi, "le nombre d'actifs de plus de 50 ans inscrits au chômage a bondi de 16,7 % sur un an". 89% des Français âgés de 50-65 ans jugent que l’emploi de leur classe d’âge constitue un vrai problème de société aujourd’hui en France. Cette problématique de l’emploi des seniors apparaît d’autant plus importante que leur valeur ajoutée est très clairement soulignée par les 50-65 ans: 93% des personnes interrogées jugent que les seniors constituent une vraie richesse pour l’entreprise, dont 61% «tout à fait».

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2) Comment protéger les seniors de ce creux fréquent entre licenciement prématuré et allongement de l’âge de la retraite ?

Avec la crise, on a vu réapparaitre des préretraites dans certaines grandes entreprises. Ces politiques sont risquées pour les seniors, qui partent parfois avec des garanties insuffisantes, et très couteuses pour la collectivité (basculement sur l’indemnisation chômage, les minimas sociaux, etc.). Les employeurs doivent favoriser le maintien des seniors dans l’emploi jusqu’à l’âge de leur droit à la retraite. 

Pour la CFDT, il est nécessaire de mieux gérer la transition entre emploi et retraite, en développant par exemple le temps partiel en fin de carrière et en rénovant le dispositif aujourd’hui trop restrictif de retraite progressive.

Focus de l'enquête Planet.fr-Ifop "Les 50-65 ans face à l'emploi"

Politique gouvernementale pour l’emploi des 60-65 ans 71% d’entre eux estiment que l’emploi des seniors n’y a pas assez d’importance. Seuls 18% estiment que cette problématique dispose d’une place suffisante. 83% des chômeurs interrogés estiment que la question de l’emploi des seniors n’est pas assez prise en compte dans la politique actuelle.

3) Comment l'État pourrait-il combattre cette forme de discrimination intergénérationnelle ?

Pour la CFDT, le problème des seniors ne relève pas de la discrimination même si elle existe, notamment à l’embauche. Les représentations qui existent sur les seniors sont très ambivalentes : en négatif, la mauvaise maitrise des technologies, la réticence au changement, mais en positif, la richesse de l’expérience, la capacité à prendre du recul et à gérer le stress, etc. Le regard que notre société porte sur sa jeunesse n’apparait pas beaucoup plus tendre qu’envers ses ainées.  

 Inverser réellement la tendance sur l’emploi de seniors et agir pour les seniors de demain, c’est agir dès l’embauche et tout au long du parcours professionnel. C’est aussi repenser la question des temps de travail tout au long de la vie, pour que toute l’exigence de productivité ne repose pas sur une seule génération : les 30-45 ans. 

Focus de l'enquête Planet.fr-Ifop "Les 50-65 ans face à l'emploi"

Discrimination dans la société 80% des répondants estiment les seniors discriminés au sein de la société en général (dont 24% «beaucoup»), prouvant par là-même que le problème de l’emploi des seniors s’inscrit dans le cadre plus large d’une société française qui peut nourrir un rapport difficile avec ses aînés.