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Avec un jour d'avance, François Fillon a donc été mis en examen mardi matin, comme l'a révélé le Canard enchaîné le jour même. Le candidat à la présidentielle avait été reçu - à sa demande - discrètement par les juges Serge Tournaire, Aude Buresi et Stéphanie Tachaud afin d'éviter la nuée de journalistes prévue pour le lendemain.
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Une mise en examen anticipée
L'audition aura duré en tout 2h30, dont une heure de délibération de la part des juges qui ont donc décidé, sans surprise, d'une mise en examen, notamment pour "détournement de fonds publics", "recel et complicité d'abus de biens sociaux" et "manquement aux obligations déclaratives à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique".
Si les juges ont décidé de mettre en examen le candidat à quelques jours du premier tour de la présidentielle - fait inédit sous la Ve République - c'est pour une bonne raison. Selon des propos rapportés par Le Figaro, les juges d'instruction auraient dit ceci à François Fillon : "Vous êtes un candidat sérieux à l'élection présidentielle qui a de bonnes chances de gagner. Si tel était le cas, le statut d'inviolabilité du président de la République nous empêcherait de poursuivre pendant cinq ans cette procédure et on nous le reprocherait."
"Il n'est pas facile de lutter contre le soupçon"
Au Figaro, l'avocat du couple Fillon fait part de son désarroi : "Nous leur (les juges, ndlr) avons rappelé que ce n'était pas à nous de prouver l'innocence de mon client mais plutôt à la justice d'apporter les éléments de culpabilité. Ce qui est évidemment impossible à ce stade puisque les actes d'enquête continuent, que les investigations sont toujours en cours et que les saisies faites lors des perquisitions réalisées lors de ces dix derniers jours n'ont pas encore été exploitées. D'habitude, les juges mènent une enquête et mettent en examen sur les fondements de cette dernière. C'est du jamais vu."
Lors de son audition, François Fillon n'a pas souhaité être interrogé par les juges, mais leur a lu une lettre, dans laquelle il affirme "qu'il n'est pas facile de lutter contre le soupçon" et qu'il a "établi la réalité de ce travail". Il a également rappelé auprès des enquêteurs qu'"il n'appartient pas à l'autorité judiciaire de porter une appréciation sur la qualité ou la teneur de ce travail", en vertu de la séparation des pouvoirs. "Je ne demande ni dérogation, ni faveur, mais simplement le respect du droit. (…) J'attends d'être traité comme tous les citoyens de notre pays, sans précipitation et avec le seul souci que la justice soit rendue en toute impartialité", a-t-il conclu.
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