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Pendant quelques heures, le 24 juin l’expression “#JeSoutiensMelenchon” suscitait des messages sur le réseau social X, dont celui du réalisateur britannique Ken Loach. Le même jour, l’ancien député de la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône écrivait sur son blog, s’exprimant à la troisième personne, à propos du sort qui lui est réservé : “Quand je vois comment ‘Mélenchon’ est traité, je suis saisi d’émotions glacées. La haine qui s’exprime à son égard dans les médias est d’une qualité si rare, si venimeuse, si totale. (...) Le 'Mélenchon' dont il est question dans cette actualité dégradante, ce n’est pas moi. C’est un avatar. C’est seulement un prétexte. L’avatar d’un prétexte à proclamer une fois de plus 'plutôt Hitler au Front Populaire' .”
Deux jours plus tôt, invité dans une émission sur France 5, celui qui a plusieurs fois répété : “je ne m’élimine pas, mais je ne m’impose pas”, comme candidat du Nouveau Front Populaire pour Matignon, glissait aussi “j’ai l’intention de gouverner ce pays.”
Invité par ses opposants
Le triple candidat à l’élection présidentielle (en 2012, 2017 et 2022) se trouve en tout cas au centre de bien des débats… À commencer par celui où il ne figurera pas : la rencontre qui doit avoir lieu ce jeudi entre Jordan Bardella pour le Rassemblement National, Gabriel Attal pour Ensemble (majorité présidentielle) et Manuel Bompard pour le Nouveau Front Populaire.
Les deux premiers ont d’ailleurs appelé le fondateur de la France insoumise à se présenter face à eux lors des différentes rencontres télévisées qui sont prévues avant le premier tour des élections législatives le 30 juin, puis entre les deux tours.
Gabriel Attal, qui parle de “Nupes” pour nommer ses opposants à gauche, l’a convié à cette rencontre et a qualifié Manuel Bompard de “porte-parole de Monsieur Mélenchon”, lors d’une interview sur CNews face à Laurence Ferrari. De son côté, Jordan Bardella a assuré en conférence de presse que “le choix n’est plus, s’agissant des élections de dimanche, un choix entre trois blocs, c’est un choix entre Jean-Luc Mélenchon et nous”.
Cette désignation par les deux camps rivaux représente un enjeu stratégique. En effet, l’ancien ministre délégué à l’enseignement professionnel dans le gouvernement Jospin pâtit, si l’on en croit un récent sondage d’opinion, d’une image dégradée. Ainsi seuls 15% des sondés estiment que Jean-Luc Mélenchon serait le “meilleur ou le moins mauvais” Premier ministre en cas de victoire de son camp (contre 39% en faveur de Jordan Bardella et 44% rejetant l’un et l’autre), selon une étude Odoxa-Backbone pour le Figaro parue le 20 juin. En outre, toujours selon le même sondage, près de 80% des personnes interrogées déclarent que Jean-Luc Mélenchon “représente un handicap pour son propre camp”.
Une candidature rejetée à gauche
Du côté du Nouveau Front Populaire, son nom semble, effectivement, loin de faire l’unanimité. Raphaël Glucksmann, dont la liste aux élections européennes est arrivée troisième derrière le RN et la majorité présidentielle, s’est exprimé à plusieurs reprises sur ce sujet. Ce mercredi, il écrivait dans un message publié sur X: “C ’est désormais clair et net : Jean-Luc Mélenchon ne sera pas Premier ministre vu que tous les autres partis s’y opposent. On peut maintenant se concentrer sur le véritable enjeu qui est d’empêcher que Jordan Bardella le soit, lui? Car cette hypothèse est très réaliste, elle.”
De son côté, Carole Delga, présidente (PS) de la région Occitanie était invitée de Christophe Barbier sur Radio J le 25 juin. Elle a assuré : "Jean-Luc Mélenchon, c’est fini. Quand vous avez 72% des Français qui ont une opinion négative d’une personnalité, c’est fini. Il ne sera pas Premier ministre, il s’est disqualifié, l’antisémitisme n’est pas résiduel."
Quant à Yannick Jadot (Les Ecologistes), il s’est montré plus nuancé tout en s’agaçant de la tournure du débat. Il a tempêté au micro de Franceinfo ce mercredi : "Il ne sera pas Premier ministre et quand j'entends une partie de la gauche notamment s'obséder sur Jean-Luc Mélenchon, quand c'est l'extrême droite qui arrive, moi ce n'est pas mon copain Jean-Luc Mélenchon, mais Jean-Luc Mélenchon ce n'est pas Marine Le Pen, il faut arrêter les conneries !"
Même au sein de LFI, ses prétentions éventuelles ne font pas l’unanimité. Ainsi François Ruffin, qui bénéficierait d’une meilleure image dans l’opinion selon un sondage publié par les Echos, ne cache pas ses divergences avec l’ancien président de son groupe parlementaire.
“Qu’il se taise”
Au cours du week-end précédent, c’est un ancien Président de la République qui s’exprimait. “Aujourd’hui s’il (Jean-Luc Mélenchon) veut rendre service au Nouveau Front Populaire, il faut qu’il se mette de côté, qu’il se taise”, a ainsi déclaré François Hollande, candidat en Corrèze le 23 juin. Même son de cloche pour Lionel Jospin, qui a déclaré “ Aujourd'hui, Jean-Luc Mélenchon n’est pas la solution”.
D’autres figures du NFP s’efforcent de mener la discussion sur un autre terrain. “On souhaite avoir la majorité la plus large possible, ça oblige au consensus. Nous allons discuter jusqu’à ce qu’on ait une solution qui aille aux quatre partis », a ainsi indiqué Marine Tondelier (Les Écologistes - Europe Ecologie Les Verts) à l’AFP.
Quant à Laurent Berger qui avait été cité comme candidat potentiel à Matignon par Raphael Glucksmann peu après l’annonce de la dissolution, il a balayé cette idée. “On crève de personnalisation”, a déclaré l’ancien responsable de la CFDT sur France 2 le 24 juin. Qualifiant la polémique de “course de petits chevaux”, a martelé que “le sujet, c’est comment on évite le Rassemblement national.”
Quelles alternatives ?
Cette “course”, même celui qui se trouve au centre des discussions s’y prête. “Concentrons nos efforts sur la victoire et non sur une guerre interne pour tenter de m’éliminer”, a ainsi publié Jean-Luc Mélenchon sur X le 24 juin. Lors d’une interview sur France 2, il a cité d’autres noms de personnalités de son camp “qui ont été préparés à cela, notamment par moi” dont il soutenait l’éventuelle candidature : Manuel Bompard, Mathilde Panot, Clémence Guetté, Eric Coquerel et Younous Omarjee.
Il n’a rien dit d’autres personnalités du NFP qui ont publiquement accepté le défi d'une nomination éventuelle à la tête du gouvernement en cas de victoire le 7 juillet, notamment Clémentine Autain, François Ruffin ou encore Boris Vallaud.