Législatives : les anciens Premiers ministres s'exprimentPool/ABACAabacapress
Dominique de Villepin, Jean-Pierre Raffarin mais aussi Lionel Jospin se sont exprimés à propos des élections législatives. Tour d'horizon.
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Certains font campagne. C’est le cas d’Elisabeth Borne qui brigue un mandat dans le Calvados et d’Edouard Philippe, qui, sans être candidat personnellement, soutien son camp la tête du parti Horizons. 

D’autres, sans doute tenus à davantage de discrétion en matière politique, tels que Jean Castexà la tête de la Ratp ou encore  Laurent Fabius qui dirige le Conseil constitutionnel, ne se sont pas exprimés publiquement sur le scrutin.

Mais ce n’est pas le cas d’autres occupants de Matignon, même ceux qui sont restés longtemps en retrait. Plusieurs anciens Premiers ministres ont ainsi partagé leur avis sur les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet organisées à la hâte à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale. 

Lionel Jospin  : “ce n’est pas raisonnable”

Lionel Jospin, qui fut un chef de gouvernement de “cohabitation” pendant la présidence de Jacques Chirac (entre 1997 et 2002), a donné une interview au Monde le 16 juin. Il y fustige la décision du président de la République, prise selon lui de manière unilatérale, sans tenir compte des avis divergents et de manière trop précipitée. “Nos concitoyens vont devoir prendre des décisions lourdes dans un délai très court. La campagne des élections législatives va durer moins de quinze jours. Ce n’est pas raisonnable”, estime Lionel Jospin.

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Ce dernier estime que la stratégie d’Emmanuel Macron, “par la pratique du débauchage” de personnalités à gauche comme à droite, a “affaibli” les partis “sans même se soucier de leur substituer une force politique vivante ou de bâtir des coalitions stable”, ce qui a permis au “parti d’extrême droite de frapper aux portes du pouvoir”. 

Concernant le favori, celui qui a renoncé à la vie politique en avril 2002, suite à sa défaite au premier tour de la présidentielle face à Jean-Marie Le Pen a déclaré : “Déjà, à l’époque de Jean-Marie Le Pen, je ne disais pas que le Front national était un parti fasciste. Mais le Rassemblement national aujourd’hui est tout aussi dangereux que son devancier.” Il qualifie le RN de “nationaliste” et “xénophobe”, et craint qu’une fois au pouvoir, il “pactise avec celui qui s’affirme notre ennemi : Vladimir Poutine.” 

Sans se réengager en politique, Lionel Jospin dit son intention d’accompagner “volontiers ce que tente de faire la nouvelle alliance de gauche”. 

Dominique de Villepin “RN constitue aujourd’hui la véritable menace pour notre pays

L’ancien Premier ministre - qui a, par le passé rejeté sur Nicolas Sarkozy la responsabilité d’avoir inspiré la dissolution de 1997 à Jacques Chirac - a clairement appelé les citoyens à voter contre l’un des partis candidats aux législatives anticipées. “ Je considère que la priorité doit être donnée à la lutte contre le RN et que le RN constitue aujourd’hui la véritable menace pour notre pays”, a-t-il martelé sur LCI mercredi 19 juin. Il a indiqué qu’il voterait pour “la force centrale”, au premier tour de l’élection, mais n’écarterait donc pasle choix du Nouveau Front Populaire si l’un de ses candidats se retrouve face au RN au second tour. 

“Est-ce qu'il faut renvoyer dos à dos l'ensemble des formations? Je crois que c'est prendre le risque de banaliser le Rassemblement national", a-t-il assuré.

 

Jean-Pierre Raffarin : “ deux extrêmes ne proposent pas de solution d’avenir”

Invité de Laurence Ferrari sur le plateau de Punchline sur CNews, le 18 juin, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac a fait part de son rejet des “deux extrêmes”. Il juge que ceux-ci ne “proposent pas de solution d’avenir”. Il est montré encourageant concernant son successeur Gabriel Attal estimant que “Le Premier ministre (a) plutôt donné un sentiment de qualité, de bonne énergie”. 

François Fillon :  l’extrême gauche “pire” que l’extrême droite 

Celui qui fut candidat à la présidentielle en 2017 a publié une tribune dans le Figaro le 18 juin. Il y fait d’ailleurs allusion à cette campagne au cours de laquelle il fut mis en cause pour une affaire d’emplois fictifs (affaire pour laquelle il a été condamné, ce qu’a confirmé en avril 2024 un arrêt de la cour de Cassation). “L’élection d’Emmanuel Macron, dans un contexte faussé par la mise en œuvre d'une procédure judiciaire sans précédent, a privé la France du débat démocratique équitable qu’elle méritait”, écrit François FIllon.

A l’instar de Lionel Jospin, ce dernier critique la stratégie “ni droite ni gauche” engagée par le chef de l’Etat. Se refusant à donner des “consignes de vote”, il exprime son inquiétude concernant le programme du RN, mais plus encore celui du Nouveau Front Populaire, assimilée à “l’extrême gauche”. S’il rejette l’extrême droite, il estime “pire qu’elle encore, l’extrême gauche qui menace l’unité nationale”. 

Jean-Marc Ayrault : “une irresponsabilité”

De son côté l’ancien Premier ministre socialiste Jean-Marc Ayrault, interrogé sur France Bleu Loire Océan, a indiqué qu’il considère comme une “irresponsabilité” la stratégie du camp présidentiel de renvoyer le RN et le Nouveau Front populaire dos à dos. A gauche toujours, Bernard Cazeneuve s’est pour sa part exprimé lors d’une réunion publique en Charente-Maritime le 20 juin, rapporte BFMTV. Il s’est dit “en colère” contre “l’alliance conclue à gauche”, rejetant notamment l’accord avec la France Insoumise. Il qualifie cependant le RN “d’ennemi de cette élection” 

Quant à Manuel Valls, il a publié sur X une vidéo visant à soutenir Gilles Le Gendre, candidat dissident du camp Macron.