Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
Emmanuel Macron, un président au détriment d’Edouard Philippe ?
Alerte disparition ? Les réactions des différents membres de l’opposition après le discours d’Emmanuel Macron face au Congrès ce lundi ont convergé de nombreuse fois en un point : l’approche autoritaire et jupitérienne du pouvoir par le président, quitte à empiéter sur son Premier ministre. La proposition du chef de l’Etat d’un amendement à la Constitution lui permettant de dialoguer avec les parlementaires dans le cadre d’un Congrès, a fourbi un peu plus les armes de l’opposition.
"C'est une sortie de régime (...), il ne se contente plus d'être un président monarque, il veut cumuler et être un président-Premier ministre", a par exemple dénoncé le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau.
Pourtant, la prise de parole d’Emmanuel Macron face au Congrès s’inscrit dans une évolution des pratiques de la Ve République analyse le politologue Olivier Rouquan. "Sous la Ve, l’article 18 prévoit que le président de la République puisse adresser un message aux parlementaires, lu par un tiers, par exemple un ministre. Depuis 2008, le président a la possibilité de lire lui-même le message. En prenant chaque année la parole face au Congrès, Emmanuel Macron banalise ce droit, résultat, on a un président qui se "parlementarise", ce qui ne correspond pas vraiment à l’esprit de la Ve", rélève-t-il.
Dans l’esprit de la Ve République, c’est le Premier ministre qui est responsable face au parlement, alors que le président dialogue lui avec les citoyens, en ce sens il n’est pas le chef de la majorité.
Emmanuel Macron s’inscrit dans la trajectoire de Nicolas Sarkozy
Les Républicains ne sont d’ailleurs pas complètement étrangers à cette hyper-présidentialisation, pratiquée en son temps par Nicolas Sarkozy, dont François Fillon était le "collaborateur".
Pour Olivier Rouquan, cette difficulté à faire parfois la différence entre les deux têtes de l’exécutif se repose de façon aigüe avec Emmanuel Macron, sans pour autant signer la disparition du Premier ministre. "C’est normal de se questionner sur l’espace laissé au Premier ministre. Avec ce gouvernement on marque une nouvelle étape dans ce questionnement. S’il se poursuit, alors oui un jour il faudra se poser la question de sa disparition. Voudra-t-on un système à l’américaine, sans Premier ministre, ou un système à l’européenne où le président devient un super Premier ministre ?", détaille Olivier Rouquan.
La question de la place du Premier ministre illustre cependant une dichotomie toute macronienne. L’été dernier, le chef de l’Etat avait pris une posture très présidentielle dans laquelle il était question de rester en retrait pour laisser faire son gouvernement. Force est de constater que le locataire de l’Elysée a dû changer de stratégie face notamment à une perte de popularité. Une communication parfois extrême. "Il communique beaucoup et parfois de manière contradictoire. D’un côté, il y a une mise en scène très solennelle avec par exemple le Congrès, ou la signature d’ordonnance, et d’un autre il y a des figurations sur les réseaux sociaux qui apparaissent beaucoup plus familières. C’est ce côté en même temps qui peut parfois brouiller le message et, dans une certaine mesure, lui coûter en termes de popularité", juge Olivier Rouquan.