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INTERVIEW. Le 23 juillet, Emmanuel Macron annonçait qu'il ne nommera pas de premier ministre avant la “mi-août” et la fin des Jeux Olympiques. Mais que peut-on craindre pour la suite des évènements ? Thomas Guénolé, politologue et essayiste, a répondu à nos questions.
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Après avoir appelé à une “trêve politique” durant la période des Jeux Olympiques, Emmanuel Macron était interoggé par Thomas Sotto et Nathalie Lannetta, ce mardi soir sur France 2. Il a notamment mis les choses au clair concernant son choix de Premier ministre.

"Vous avez un gouvernement qui a préparé ces Jeux. Ma responsabilité, c'est que cet événement se passe bien", a insisté Emmanuel Macron. "De manière évidente, jusqu'à la mi-août, on doit être concentré sur les Jeux. Et puis à partir de là, en fonction de l'avancée de ces discussions, ce sera ma responsabilité de nommer un Premier ministre ou une Première ministre et lui confier la tâche de constituer un gouvernement et d'avoir le rassemblement le plus large qui lui permette d'agir et d'avoir la stabilité", a annoncé le chef de l’Etat.

Lucie Castets : sa candidature rejetée 

Pourtant, avant son interview, la coalition de gauche avait proposé le nom de Lucie Castets, haute fonctionnaire de 37 ans, engagée au sein d'un collectif de défense des services publics, pour devenir Première ministre. Une demande rejetée dans la foulée par Emmanuel Macron. 

Une situation de crispation à laquelle principale interessée a réagi. "Je suis prête, nous sommes prêts, je demande au président de la République de prendre ses responsabilités et de me nommer Premier ministre", avait-elle affirmé sur France Inter, au lendemain de l’interview d’Emmanuel Macron. 

Mais en l’absence d’un gouvernement avant la “mi-août”, que peut-on craindre ? Pour Planet, Thomas Guénolé, politologue et essayiste, a répondu à nos questions.

Thomas Guénolé : “Dans un premier temps, ce qu’à essayé de faire Emmanuel Macron c’est de monter une alliance entre le bloc macroniste et la gauche non LFI à l'Assemblée nationale. Il se trouve que le parti socialiste et les Verts ont préféré rester avec LFI, d’où la situation de blocage actuel. 

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L’union de la gauche sait déjà, parce que les macronistes et lepénistes ont dit qu’ils voteront la censure en cas du moindre ministre LFI, qu’un gouvernement d’union de la gauche sera censuré et tombera. 

Planet : Quelle stratégie tente d’adopter le chef de l’Etat ?

Thomas Guénolé : Emmanuel Macron sait, puisqu’ils ont déjà dit non, qu’il ne peut compter que sur le parti socialiste et les Verts pour s’allier avec lui et faire un gouvernement du centre et de la gauche. Il ne lui reste que la possibilité de faire un gouvernement du centre et de la droite. 

C'est pour cette raison d’ailleurs que vous avez Laurent Wauquiez, un des chefs de fil de la droite au parlement à l’Assemblée nationale et Bruno Retailleau, le patron des “Républicains” qui ont renouvelé, le lundi 22 juillet, leur proposition d’impact législative, c’est à dire une coalition sans le dire

“Composé de treize textes, le "Pacte législatif" est sous-tendu par "trois axes" : 

  • La "restauration de l'autorité" 
  • La "relocalisation de [la] production" 
  • L'"importance des services publics", un sujet sur lequel le député de Haute-Loire a défendu "une révolution dans l'approche de [sa] famille politique”, précise LCP, Assemblée nationale.

Emmanuel Macron : le maître des horloges

Thomas Guénolé : Dans ce contexte-là, vous avez Emmanuel Macron qui essaye de boucler les négociations avec la droite, mais tout ça, ça prend du temps. En attendant ce qu’il fait, c’est qu’il invoque les Jeux Olympiques parce qu’il n’a rien trouvé de mieux pour se justifier que de faire traîner encore la désignation du Premier ministre. 

Selon l’article 8 de la Constitution, Emmanuel Macron peut prendre son temps pour nommer un Premier ministre. La loi ne fixe aucune date butoir et le chef de l'Etat est légalement libre de décider quand il voudra former un nouveau gouvernement.