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Il s'en frotte certainement les mains. Après tout, il y a de quoi ! François Bayrou, explique Challenges, est récemment devenu le "nouvel homme fort de la majorité". Conséquence immédiate des multiples départs qui jalonnent l'histoire de La République en Marche (LREM) depuis la création du groupe Liberté et Territoires en octobre 2018, le président du MoDem gagne en influence. Une réalité qui s'observe d'autant plus simplement qu'Emmanuel Macron ne pourra plus s'appuyer sur son seul parti pour faire passer ses prochains textes de loi, rappelle l'hebdomadaire : il a perdu la majorité absolue.
Fort de quelques 46 élus, le MoDem de François Bayrou a aisément de quoi assurer une majorité confortable à son allié de toujours. Pour autant, nuance le politologue Raul Magni-Berton, cela ne signifie pas que son président soit tout d'un coup devenu l'homme providence aux yeux des parlementaires et des dirigeants de La République en Marche. "Dire du Mouvement démocrate qu'il gagne en force quand Emmanuel Macron recule, c'est présupposer que lorsqu'un parti devient minoritaire, tous les groupes susceptibles de l'aider à gagner la majorité gagnent en influence. C'est vrai et, mécaniquement, cela ne profite pas qu'au MoDem", affirme le chercheur en sciences-politiques, qui enseigne à l'IEP (Institut d'Etudes Politiques) de Grenoble.
Emmanuel Macron n'est pas captif de François Bayrou
"N'oublions pas qu'en dehors du maire de Pau, Emmanuel Macron bénéficie aussi d'autres soutiens. Des structures comme l'UDI ou Agir, dont est issu l'un de ses ministres, pourraient sortir renforcées de cette situation. Dans la mesure où n'importe lequel de ces groupes est suffisant pour permettre au président de la République de retrouver la majorité absolue, il est difficile d'affirmer que le MoDem s'y retrouve plus avantagés que ses concurrents", poursuit le spécialiste, pour qui il ne faut pas se laisser avoir par un jeu de dupe. Et lui d'ajouter : "Le chef de l'Etat n'est pas captif du MoDem".
"Quand bien même certaines structures auraient été plus petites, elles auraient aussi offert au président une certaine marge de manœuvre. Le fait d'être médiatique n'assure pas au MoDem un levier de pouvoir incontournable", assène-t-il encore.
François Bayrou est-il devenu l'un des personnages les plus importants de l'Etat ?
Le fait est, cependant, que le président du MoDem compte parmi les alliés de poids pour le chef de l'Etat, dont il a d'ailleurs toujours eu l'oreille. Cette proximité personnelle et l'évolution du rapport de force pourrait-elle contribuer faire de François Bayrou l'une des figures politiques les plus importantes du pays ? Pas sûr, réplique sans hésiter Raul Magni-Berton.
"Là encore, ne nous laissons pas avoir par le jeu médiatique. François Bayrou paraît puissant parce qu'il compte pour 46 sièges au Palais Bourbon et parce qu'il est connu sur la scène journalistique. Cela ne signifie pas pour autant qu'il jouisse d'une influence institutionnelle particulière", alerte-t-il d'entrée de jeu, non sans rappeler que certains personnages capables de garder les reporters loin de leurs dossiers, de tenir un parti sans en réclamer les mérites, peuvent-être tout aussi essentiels que des figures comparables à celles du maire de Pau.
"Surtout, François Bayrou n'a pas le choix de s'opposer : il n'est pas en mesure d'exister en dehors de la coalition présidentielle. Par conséquent, il n'a pas vraiment de marge de manœuvre pour négocier et n'a pas su réellement inverser le rapport de force. S'il n'appuie pas Emmanuel Macron, il n'a aucun avenir politique. Malgré les départs à LREM, il reste plus otages qu'il ne tient le président captif", poursuit encore le politologue.
La République en Marche devra tout de même le choyer
Pas de quoi contraindre La République en Marche, connue pour sa condescendance, à davantage d'humilité, donc ? Pour Raul Magni-Berton, il faut tout de même s'attendre à une évolution de certains comportement. "Les élus de LREM ne sont pas spécialement plus dédaigneux que les autres, mais ils sont assez naïfs pour ne pas s'en cacher. Leur récents insuccès les pousseront peut-être à s'aguerrir un peu. Sans doute, et cela vaut mieux pour eux, apprendront-ils à le masquer", estime le chercheur.
"Il leur faudra tout de même choyer leurs alliés", tranche le politologue, pour qui les réalités de terrain vont forcément faire bouger certaines lignes. "Comme tous les partis qui se lancent, LREM manque de personnel politique. Pour réussir son implantation de façon durable, il lui faudra forcément apprendre à négocier avec celles et ceux qui étaient là avant comme celles et ceux qui seront là après…", conclut-il.