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"Je préfère parler à la radio que de passer des coups de fil à des humoristes", a-t-elle taclé, sans hésitation. Elle, c'est Amélie de Montchalin, secrétaire d'Etat auprès de Jean-Yves Le Drian, interrogée par Jean-Jacques Bourdin au sujet de l'appel accordé par Emmanuel Macron à Jean-Marie Bigard. Depuis, le trublion envisage d'ailleurs de se présenter à l'élection présidentielle.
Si le chef de l'Etat n'a que peu goûté à cette pique, ainsi que l'explique La Dépêche, ce n'est pas la première fois qu'il doit faire face à la déception de son entourage. Les départs en cascade au sein de la majorité présidentielle l'illustrent bien : il peine désormais à rassembler, y compris au sein de son propre camp. Aurélien Taché, par exemple, est parti au profit de l'une des nouvelles formations à l'Assemblée nationale, comme le rappelle le Huffington Post. Il était pourtant l'un des parlementaires avec qui le président de la République aimait débattre.
Le président risque-t-il l'isolement au sein de son camp ?
D'aucuns s'inquiètent donc de l'isolement progressif du locataire de l'Elysée, indique Gala. Il y a d'ailleurs de quoi, affirme le politologue Raul Magni-Berton.
"Le risque est réel", note sans ambages le chercheur en sciences-politiques, qui enseigne à l'Institut d'Etudes Politiques (IEP) de Grenoble. "Sur le plan politique au moins, Emmanuel Macron risque effectivement de se retrouver coincé. C'est l'ADN même de son mouvement qui veut ça : La République en Marche rassemble depuis ses débuts des profils très hétérogènes, dont certains ne sont parfois pas conciliables", alerte-t-il. C'est pourquoi le chef de l'Etat enregistre autant de défections ces derniers temps.
"Quand l'on gagne, il est facile de gommer de telles différences. En revanche, elles resurgissent lorsque la formation politique est confrontée à un obstacle. Tenir son parti en cas de défaite est difficile. Et à l'évidence, le président a du mal à le faire…", analyse-t-il encore.
Emmanuel Macron, un président en voie de François Hollandisation ?
Un autre président de la Vè République a dû faire face aux frondeurs et s'est retrouvé relativement isolé au sein de son propre parti : François Hollande. De quoi inquiéter Emmanuel Macron qui se refuse catégoriquement à lui ressembler et n'entend pas être - ou avoir été - son obligé ? Peut-être. Pour Raul Magni-Berton, plusieurs scénarios sont possibles.
"A l'issue de sa mandature, si Emmanuel Macron demeure aussi isolé qu'il peut l'être, il ne manquera probablement pas d'opportunité professionnelle mais peinera sans doute à exister politiquement parlant. Quand on a été président de la République, il est très difficile d'accepter devenir un simple soutien", analyse le spécialiste, dans un premier temps. "Il finira sans doute par disparaître de la vie politique, si une telle situation devait se produire".
"En cours de mandat, être isolé laisse peu d'opportunités. Si le gouvernement finit par tomber, Emmanuel Macron pourrait être tenté de dissoudre l'Assemblée nationale. Ce serait un pari : s'il le gagne, il serait relégitimé. S'il le perd, en revanche, il devra accepter la cohabitation…", rappelle le politologue.
Isolé, Emmanuel Macron dispose-t-il encore de recours institutionnels ?
"S'il est contraint à la cohabitation, Emmanuel Macron ne sera plus véritablement en mesure de gouverner", tranche d'entrée de jeu Raul Magni-Berton. Et lui d'expliquer quelques principes de bases du régime hexagonal. "N'oublions pas que la France est un pays parlementaire. Si le président de la République paraît aujourd'hui aussi puissant, c'est en grande partie parce qu'il est capable d'exercer un fort pouvoir sur les députés", souligne-t-il.
"C'est l'une des conséquences mécaniques du passage au quinquennat. En corrélant les élections présidentielles et législatives, on renforce le président de la République qui, par sa victoire, avantage considérablement sa formation. Dès lors, tout ou parti des députés qui seront élus lui doivent leur victoire… Et son parti se présidentialise. Il a le contrôle, dans une certaine mesure, de qui est élu et qui ne l'est pas", précise le chercheur.
"Cependant, tout gouvernement peut gouverner sans dépendre du président. il peut théoriquement aller à son encontre. Ce qu'il ne peut pas faire - ou en tout cas pas aussi bien - sans la confiance de l'Assemblée nationale", détaille-t-il encore.