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"C'est trop tard, c'est une réforme de début de mandat", alertait François Bayrou, il y a quelques mois. Pourtant, le président de la République y penserait très fort écrit L'Express : il a chargé le gouvernement de travailler à une transformation des modes de scrutin en France, afin d'y intégrer la proportionnelle. Certains, explique Europe 1, souhaiteraient l'introduction d'une simple dose tandis que d'autres parient davantage sur une version intégrale. Dans tous les cas, rappelle la radio, il s'agit de favoriser "une meilleure représentativité à l'Assemblée nationale".
Emmanuel Macron s'était initialement engagé à mener à bien cette drastique évolution de notre mode de scrutin - dont certains, comme cela peut être le cas d'Atlantico, vont jusqu'à questionner sa compatibilité avec la Vème République. Le chef de l'Etat aimerait voir cette réforme entrer en vigueur d'ici 2022, de sorte à permettre la construction d'une grande coalition majoritaire, plutôt que de la voir reposer sur plusieurs partis, comme c'est déjà plus ou moins le cas actuellement.
Proportionnelle : sans être une réelle priorité pourquoi la réforme presse
Comme la réforme des retraites, à qui le Covid semble avoir mis un coup d'arrêt plus ou moins définitif pour ce premier mandat, la réforme des institutions est en attente depuis l'affaire Benalla.
Dès lors, elle n'est "pas tout à fait enterrée, mais plus du tout une priorité", affirment nos confrères d'Europe 1. Seulement, voilà : l'échéance promise par le chef de l'Etat se rapproche considérablement… Ne pas mener cette réforme pourrait embarrasser le président de la République, s'il décidait de défendre son bilan.
Proportionnelle : une réforme dilemme ?
Pour les partisans de la proportionnelle, cette réforme "donnerait corps à une culture de coalition", résume Le Figaro. Et si plusieurs des alliés - dont un certain Edouard Philippe - du chef de l'Etat l'incitent à ne pas la mener pour le moment, d'autres estiment qu'il ne peut au contraire pas s'en passer. "Il faut faire attention à ne pas se retrouver en 2022 avec l'ensemble du programme économique réalisé, sauf la partie sur les institutions", alerte en effet un "responsable de la majorité" dont le nom n'est pas communiqué par le quotidien.
Naturellement, davantage de proportionnelle signifierait rendre ses opposants plus puissants. Mais c'est aussi, pour Emmanuel Macron, la seule façon de sauver sa réélection, assurent certains de ses conseillers. "Il faut absolument qu'on arrive à bouger pour vivifier la démocratie", juge en effet un de ses proches. Ils sont nombreux à s'inquiéter non seulement de son succès en 2022, mais aussi - et surtout - de sa capacité à réunir une vraie force parlementaire. Dans le cas contraire, le pays serait simplement ingouvernable. "La proportionnelle, ça sauve sa majorité", jure un ministre contacté par le titre de presse.
La proportionnelle n'a pas que des avantages
Hélas, s'il est assez peu d'opposants frontaux à la proportionnelle, cela ne signifie pas qu'une telle réforme serait par essence en tout point profitable au chef de l'Etat. Ils renforcent aussi ses adversaires potentiels "Quand vous voyez les Gilets jaunes qui sont prêts à escalader les grilles de l'Élysée et que vous retournez à l'Assemblée nationale, que les Insoumis et le Rassemblement national occupent une place très marginale de l'Hémicycle, ça pose question", questionne par exemple un "conseiller du pouvoir" dans les colonnes du Figaro.
En outre, c'est une réforme qui pourrait servir de bâtons à certains de ceux qui décideraient finalement de s'y opposer, rappelle Europe 1. "Changer le mode de scrutin maintenant, c'est aussi prendre le risque de se faire accuser de manœuvrer", soulignent nos confrères.