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Emmanuel Macron face aux gilets jaunes : le risque de débordements
Difficile pour l’instant de mesurer en cote de popularité les effets de l’itinérance mémorielle d’Emmanuel Macron, mais de l’avis général les commémorations du centenaire de l’armistice ce week-end ont été jugée réussies. Si la séquence mitigé de cet été et de la rentrée semble loin derrière, le président de la République fait face à de nouveaux fronts, à commencer par la grogne sociale qui monte.
Gilets Jaune, pourquoi ça inquiète ? Si l’exécutif a su surmonter sans trop de dommages les mouvements sociaux liés à la réforme du travail ou de la SNCF, la grogne spontanée des gilets jaunes du 17 novembre ne présente pas exactement le même visage. Parmi les éléments qui suscitent interrogations et premières inquiétudes côté politique, l’absence de corps identifié. Les syndicats se sont désolidarisés de ce mouvement capable de rassembler aussi bien des Insoumis, des Républicains, des partisans de Marine Le Pen...
Interrogé par Le Figaro, une source proche d’Emmanuel Macron confie que l’inquiétude a fini par grimper au regard de ce mouvement soutenu par deux-tiers des Français d’après un sondage BVA pour La Tribune. "Tout le monde est tétanisé. Ça peut partir en vrille", confie une source proche de l’exécuitf. D’autant que le président peine toujours à se détacher de l’image de président des riches et que les solutions pour pallier semblent peu efficaces. 20 euros d’aide par mois ? Prime à la conversion ? Chèque énergie ? Pour 52% des Français, ces solutions ne vont pas dans le bon sens.
Le risque ? Le mouvement des gilets jaune a déjà dépassé son ambition initiale, celle de dénoncer une hausse des prix des carburants à la pompe. Pour preuve, les prix baissent mais pas la grogne. Cette mobilisation a ainsi tous les atours de l’expression d’une colère "fourre-tout" contre l'exécutif et son président. Gage que le mouvement pourrait avoir un coût médiatique et social important : des policiers ont fait part de leur solidarité et promis de ne pas mettre de PV.
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Craintes d'Emmanuel Macron : le deuxième second tourface à Marine Le Pen
Ce qui inquiète. Si beaucoup veulent voir l’extrême droite dans le mouvement des gilets jaunes, ce n’est pourtant pas le tournant où l’attend l’exécutif. Certains membres du Rassemblement national prendront bien part à la manifestation mais aucune consigne n’a été transmise au sein de la formation et Marine Le Pen, qui soutient le mouvement, sera en Bulgarie pour une réunion en amont des européennes le 17 novembre.
C’est précisément le sujet des européennes qui nourrit en partie l’inquiétude des macronistes. Le président s’est d’ailleurs attelé depuis plusieurs semaines à remettre sur le devant ce qui était déjà un élément de sa stratégie pour la présidentielle : se présenter comme le rempart à l’extrême-droite. C’est lors de son allocution à la télévision, mi-octobre, qu’Emmanuel Macron a de nouveau appuyé sur ce message. Une mise en garde qui a par ailleurs trouvé un écho ans, récemment lorsqu'il a comparé la période actuelle avec les années 30, mais aussi lors des différents discours donnés à l’occasion du centenaire de l’armistice ce week-end où il a été question des dangers du nationalisme.
Le risque en chiffre. En campagne ? Il n’est pas trop tôt. Selon un sondage Ifop paru début novembre, le Rassemblement national est crédité de 19% des voix contre 21% pour La République en marche. Et, la dynamique irait vers une égalité plutôt qu’une échappé de tête pour le parti au pouvoir… Un deuxième sondage, signé cette fois Elabe, place même la formation de Marine Le Pen un demi point devant celle d’Emmanuel Macron.
Les européennes constituent le premier scrutin non-nationale pour La République en marche, et donc sa capacité à convaincre en région. Etant donné les premières estimations, le président a tout intérêt à incarner cette élection façon ''moi ou le déluge".
Craintes d'Emmanuel Macron : Ségolène Royal et les écolos en embuscade
Ce qui inquiète : d’être débordé sur la droite… mais aussi sur la gauche. Un long article du Monde relate ainsi comment le cercle proche du président commence à s’inquiéter d’une montée des écologistes et de Ségolène Royal. L’ancienne candidate à la présidentielle vient de sortir un ouvrage, Ce que je peux enfin vous dire, qui bénéficie d’une belle couverture médiatique et dans lequel elle étrille une partie de la classe politique. Son ex-mari compris.
Surtout, profitant de pouvoir raconter des anecdotes sur le sexisme ou les petitesses des uns et des autres, Ségolène Royal en a remis une couche sur le "manque de courage de l’exécutif en matière d’écologie". Le départ de Nicolas Hulot, comme la détresse du Parti socialiste, lui ayant offert un trampoline efficacement tendu. "Signe de l’inquiétude de l’exécutif, Mme Royal, qui était jusqu’ici épargnée par les 'snipers' de la Macronie, est désormais dans le viseur", écrit le quotidien du soir, égrénant les critiques qui ont fleuri ces dernières semaines.
Le risque. Les macronistes de premier ordre ne perdent pas non plus de vue que les écologistes savent créer la surprise aux européennes, comme ce fut le cas en 2009. D’autant qu’entre un président de la République qui tangue trop droite, des socialistes morcelés, et une France Insoumise souvent jugées trop vitupérante, il y a un espace électoral à saisir. "Il existe encore un espace social-démocrate à la gauche d’Emmanuel Macron, qui représente environ 15 % du corps électoral, note le directeur du département opinion de l’IFOP, Jérôme Fourquet. Ces électeurs sont de gauche, mais ne se reconnaissent ni dans Macron ni dans Mélenchon", détaille Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’IFOP.
Les élections européennes se dérouleront le 26 mai 2019.