De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Pourquoi voulez-vous qu’à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ?” Cette phrase, le général de Gaulle l’a réellement prononcée lors d’une conférence de presse en mai 1958, lorsqu’à la suite d’une tentative de coup d’Etat en Algérie, il s’est dit prêt à devenir Président de la République.
Nombreuses sont les grandes et petites citations attribuées au f ondateur de la Ve République, notre régime actuel, et l’on ne compte plus les fois où son nom a été invoqué. L’actuelle crise politique consécutive à la dissolution de l’Assemblée nationale ne fait pas exception.
Du Gaullisme en 2024
“Je ne confonds pas les enfants de Gaulle et les enfants de Pétain" a encore clamé le sénateur LR, Hervé Reynaud, sur France Bleu Saint-Etienne Loire après l’annonce fracassante du ralliement d’Eric Ciotti, président de son parti, au Rassemblement national. “Nous le sortirons du bureau des héritiers du général de Gaulle”, a, de son côté, affirmé Aurélien Pradié, actuel député LR du Lot, sur France 2.
Alors que le monde vient de célébrer les 80 ans du Débarquement de Normandie, jamais n’aura été aussi vive la mémoire de celui qui fait partie des Français les plus connus dans le monde (mais quand même un peu moins que Sartre et Proust). Le moment où jamais de convoquer ses souvenirs pour se demander, “ce qu’il en aurait pensé, de tout ça”.
A la rédaction de Planet, nous nous sommes prêtés donc prêté à un petit jeu, en convoquant – tant pis ou tant mieux ? – pour l’anachronisme, un oracle de notre époque : le fameux ChatGPT.
Le protocole utilisé
Bien sûr, il ne s’agit là que d’un exercice tout à fait spéculatif. Les réponses de ChatGPT, en l’occurrence la version gratuite 4.0, reposent sur des algorithmes, des analyses lexicales automatisées et un certain nombre de sources, non détaillées. Au pire, une telle fiction pourra donc prêter à sourire; au mieux, elle donnera matière à réfléchir…
Voici le protocole employé pour “interroger” la machine. Nous lui avons en premier lieu proposé de “s’imaginer” répondre “comme si” il était le Général de Gaulle. Nous lui avons ensuite soumis la situation suivante : “imaginons que le président actuel ait choisi de dissoudre l'Assemblée nationale après la victoire du Rassemblement national aux élections européennes. En conséquence, Jordan Bardella serait pressenti pour devenir Premier ministre”.
L’outil répond ainsi : “Très bien. En tant que Charles de Gaulle, voici comment je pourrais réagir à cette situation hypothétique : la perspective que le Rassemblement national obtienne le pouvoir suscite en moi une grande préoccupation.”
"Je vous exhorte à réfléchir attentivement aux conséquences de vos choix"
Il argumente ensuite: “Le Gaullisme, tel que je l'ai conçu, est profondément enraciné dans la défense de la démocratie, le respect des droits de l'homme et l'unité nationale. L e Rassemblement national, par son histoire et ses positions, a souvent été perçu comme un parti qui divise plus qu'il ne rassemble.
Il est crucial que ceux qui prétendent gouverner notre pays le fassent avec un profond respect pour les institutions républicaines et avec une vision claire de l'intérêt général, loin des passions et des discours qui peuvent fracturer notre nation.
Je crains que l'arrivée au pouvoir du Rassemblement national ne remette en question certains des acquis fondamentaux de notre République. Il est de notre devoir, en tant que citoyens, de rester vigilants et de veiller à ce que la France continue de s'élever sur la voie de la liberté, de l'égalité et de la fraternité”
Et de conclure : “Je vous exhorte à réfléchir attentivement aux conséquences de vos choix politiques et à vous engager activement pour préserver les valeurs qui ont fait la grandeur de notre nation.”
Un mot pour le président de LR ?
Nous lui avons également demandé ce qu’il aurait pensé du ralliement de l’actuel président du groupe Les Républicains (sans le nommer dans la requête). “Qu’aimeriez-vous lui dire ?”, interrogeons-nous.
“Cette démarche m'interpelle profondément, car elle touche à l'essence même de l'héritage que j'ai laissé à notre nation et au mouvement politique que j'ai fondé. Les Républicains, descendants spirituels du Gaullisme, portent en eux les valeurs de dignité, de justice et d'unité nationale. Ce ralliement au Rassemblement national me semble être en contradiction avec les principes fondamentaux que j'ai toujours défendus. Je dirais à ce président : Monsieur, en ralliant le Rassemblement national, vous prenez une décision qui pourrait éloigner votre parti des valeurs gaullistes. Vous engagez votre responsabilité devant l'histoire et devant le peuple français. Je vous exhorte à reconsidérer votre position et à réfléchir aux conséquences de votre choix sur l'unité et la cohésion de notre nation. Le Gaullisme a toujours été un rempart contre les extrêmes et une force de rassemblement pour tous les Français. Ne trahissez pas cet héritage en vous associant à ceux qui pourraient compromettre les principes républicains et diviser notre pays.”
Un oracle pas tout à fait neutre
L’exercice a bien sûr ses limites. Ainsi l’on peine à déceler entre ces lignes, le ton, la voix, les mots si caractéristiques de l’auteur des Mémoires de Guerre. Difficile en outre d'établir réellement ses positions politiques à l'aune de nos enjeux actuels, et sans occulter ses positions qui furent aussi résolument conservatrices.
Toutefois, l’on aurait pu s’attendre à davantage de pincettes de la part de cet l’outil de langage programmé pour répondre avec neutralité (en réalité celle-ci est toute relative comme l’ont déjà démontré des chercheurs). Et l'on n'a finalement la preuve que l'on peut faire dire ce que l'on veut à un mort, même lorsque l'on n'est qu'une série d'algorithmes !
Patience, qui, sait, dans quelque mois une version “deepfake”, vidéo générée par l’IA, d’une telle interview pourrait, qui sait, se révéler d’un réalisme confondant… Que nous diraient alors un Pompidou ou un Mitterrand revenus de l’au-delà pour juger nos contemporains ?