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S'il est bien quelqu'un pour inquiéter les conseillers c'est Cyril Hanouna. Depuis des mois, déjà, ils angoissent à l'idée de voir émerger une candidature hors les parties, supposément susceptible de détrôner leur champion, le président de la République. Et la menace pourrait se faire d'autant plus réelle que le trublion du paysage audiovisuel français (PAF) a demandé à ses avocats de déposer la marque Hanouna2022, comme l'a déjà expliqué Planet. Une démarche qui a de quoi interroger... et sur laquelle l'animateur s'est d'ores et déjà expliqué.
"Alors, je vous dit pourquoi on a fait ça, parce que comme un moment on était avec #Hanouna2022, on s'est dit qu'il y a peut-être un mec qui va le déposer, qui va essayer de se faire de l'argent sur notre nom avec des casquettes, des conneries, tout ça", a expliqué le présentateur de C8, qui évoque le moment où sa potentielle candidature faisait des émules sur les réseaux sociaux. Aucune volonté de se présenter a-t-il ajouté. "On en fera jamais rien", insistait-il ensuite, rappelle le Huffington Post, avant de conclure : "Ne vous inquiétez pas !".
Mais Cyril Hanouna n'est pas le seul amuseur public que l’Élysée surveillerait de près, indique Le Monde. Jean-Marie Bigard, que le président n'a pas hésité à mettre en lumière d'un appel téléphonique, en pousse aussi à se ronger les sangs, dans les couloirs du palais. A la différence de l'animateur, l'auteur du Lâcher de salopes envisagerait sérieusement de briguer la plus haute fonction de l’État. Pour autant, à en croire le politologue Christophe Bouillaud, rien de tout cela ne devrait vraiment empêcher Emmanuel Macron de dormir.
Cyril Hanouna et Jean-Marie Bigard seront-ils les nouveaux Coluche ?
"Il faut évidemment souhaiter que Cyril Hanouna ou Jean-Marie Bigard ne puissent pas renverser Emmanuel Macron, mais force est de constater que le risque est tout de même très faible", rappelle d'entrée de jeu l'enseignant-chercheur, officiant à l'Institut d’Études Politiques (Sciences-Po) de Grenoble.
"D'aucuns les comparent parfois à un Coluche et entretiennent le fantasme d'un Beppe Grillo à la française. C'est une erreur. N'oublions pas que Beppe Grillo est entré en politique bien avant de se déclarer : dans les années 2000 il était d'ores et déjà activiste et enquêtait sur différents scandales politico-financiers en Italie. Il y avait une vraie réflexion politique et humaine derrière son engagement. La situation n'avait rien à voir", assène-t-il sans ambages, non sans tacler également celles et ceux qui soutiennent aujourd'hui qu'une grande majorité de l'électorat serait dépolitisée et à même de se tourner vers de telles candidatures.
"Évidemment, Bigard pourrait théoriquement essayer de mobiliser l'électorat du Rassemblement national. De là à croire qu'il serait plus crédible qu'une Marine Le Pen ou qu'un Eric Zemmour...", poursuit le chercheur.
Quid d'Eric Zemmour, Elise Lucet ou François Ruffin ?
D'autres profils, peut-être un peu moins surprenant, ont aussi attiré l'attention d'Emmanuel Macron. Il s'agit encore une fois d'outsider, souligne le quotidien du soir, qui évoque notamment la journaliste Elise Lucet, l'éditorialiste Eric Zemmour ou encore François Ruffin, de la France Insoumise. "Le président redoute notamment qu'un François Ruffin, par exemple, fasse la passerelle entre extrême gauche et extrême droite", explique d'ailleurs un "stratège du chef de l'Etat", qui n'hésite pas à faire référence à la fiction française Baron Noir, dans laquelle un professeur blogueur du nom de Christophe Mercier parvient à capitaliser sur la colère des Françaises et des Français. "Pour lui, c'est un Christophe Mercier potentiel. D'ailleurs Ruffin fait du Mercier, il se filme dans sa cuisine", poursuit le conseiller présidentiel.
"Emmanuel Macron n'a aucune emprise sur la France populaire. C'est pourquoi il la craint autant. Il la sait divisée aujourd'hui, fracturée, et s'inquiète de la voir se réunifier. Dès lors, parce que le pays compte bien plus de prolétaires qu'il ne compte d'électeurs La République en Marche", observe Christophe Bouillaud, qui nuance tout de même la menace que pourrait représenter une candidature Zemmour ou Ruffin. "L'un comme l'autre sont très clivants, car ils affichent des identités politiques très marquées. Ils pourraient peut-être remporter une primaire dans leur camps respectifs, mais il est peu probable qu'ils puissent ensuite l'emporter face à un Emmanuel Macron centriste", analyse-t-il.
Aux yeux du politologue, c'est précisément parce que le président redoute que la France populaire se trouve un héros qu'il s'intéresse tant à des candidatures supposées comme celle de Cyril Hanouna ou de Jean-Marie Bigard. "Au fond, il pourrait tout à fait chercher à faire émerger une candidature de mauvaise qualité, capable de diviser les oppositions et facile à écraser au second tour", estime le chercheur.
"Il ne veut surtout pas que la France populaire puisse se retrouver, que les incompatibilités réelles entre le Rassemblement national et la France Insoumise se résorbent et que les laissés pour compte parviennent à construire l'instrument qui leur permettra de se débarrasser d'un président incarnant la haute fonction publique dans toute sa morgue. Ce que tous les Français, de gauche comme de droite, peuvent détester par ailleurs", souligne-t-il encore.
Selon Christophe Bouillaud, qui rappelle néanmoins combien ce scénario est improbable, Elise Lucet aurait peut-être plus de chances que n'en auraient François Ruffin ou Eric Zemmour. "Tout dépendrait, évidemment, du degré de rejet suscité par Emmanuel Macron. Mais Lucet pourrait tout à fait devenir la candidate de tous les mécontentements. Elle semble relativement marquée à gauche mais son identité politique demeure assez flou pour ne pas scinder en deux un électorat qui pourrait être prêt à voter pour elle", juge-t-il.
Emmanuel Macron et la crainte du dégagisme
"Un Zemmour, un Raoult, un Hanouna, pourquoi pas une Elise Lucet qui incarnent chacun à leur manière cette rupture entre le peuple et les élites, peuvent faire irruption dans le jeu et tenter de poursuivre la vague de dégagisme de 2017", s'inquiètent encore les "poids lourds" du gouvernement interrogés par le quotidien national de référence.
"Emmanuel Macron a toutes les raisons du monde de craindre le dégagisme. Sa gestion de la crise du coronavirus Covid-19 est catastrophique. Tous les sondages le montrent : il n'a pas bénéficié du moindre effet rebond, dont même Boris Johnson jouit aujourd'hui. Les Français ne lui font pas confiance", confirme Christophe Bouillaud, avant de pointer du doigt les "nombreuses crises qui ont émaillé sa présidence jusqu'à présent".
"Emmanuel Macron, du fait de sa politique, doit aujourd'hui faire face à plusieurs foyers de colère. Il a du encaisser les Gilets Jaunes, les mobilisations contre la réforme des retraites. Dorénavant des manquements graves dans la gestion de l'épidémie sont soupçonnés. Cela fait beaucoup pour un seul et même président, qui plus est quand il est considéré comme celui des riches depuis le début de son quinquennat. Une crise économique, visiblement très probable, pourrait le mettre encore en plus en difficulté", alerte le chercheur.
Pourquoi craindre Cyril Hanouna quand Marine Le Pen, Xavier Bertrand, Jean-Luc Mélenchon ou Edouard Philippe existent ?
Loin des candidatures fantaisistes parfois évoquées par les conseillers de l'Elysée, d'autres personnalités politiques pourraient faire office de rivaux bien réels. C'est le cas, par exemple, de Marine Le Pen, rappelle le chercheur. "Une partie non négligeable de la France populaire qui vote le fait pour le RN", rappelle-t-il.
"Sans doute Emmanuel Macron préfère-t-il affronter Cyril Hanouna plutôt qu'un candidat sérieux au second tour. Et pour cause ! Il lui serait bien plus complexe de l'emporter contre un adversaire un tant soit peu crédible. Encore une fois, il a donc tout intérêt à saboter l'éventuelle candidature de la France d'en bas", poursuit encore l'enseignant en sciences-politiques, qui a tout de même quelques réserves concernant l'avenir du chef de l'Etat.
Et lui d'asséner : "Je conçois tout à fait qu'Emmanuel Macron, par orgueil, s'imagine d'ores et déjà au second tour des élections. Cependant, compte tenu de l'état actuel de la nation et du degré de rejet dont il fait déjà l'objet, rien ne permet d'affirmer qu'il passera le premier..."