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"Et bien moi, je suis désolé, mais je ne suis pas Charlie". Jean-Marie Le Pen a créé la polémique samedi dernier avec cette phrase. Déplorant "la mort de douze compatriotes" dans l’attentat contre Charlie Hebdo, l’ancien leader du Front National a toutefois déclaré ne pas adhérer au mouvement "Je suis Charlie" orchestré, selon lui, par les médias.
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Comme lui, de nombreuses personnalités publiques mais aussi des internautes élèvent aujourd’hui la voix contre le rassemblement autour de l’hebdomadaire satirique. Face à cette communion qu’ils jugent artificielle, ils ne s’estiment pas être "Charlie", sans pour autant soutenir les auteurs des attentats parisiens. A tort ou à raison, le mouvement "Je ne suis pas Charlie" s’appuie sur des arguments divers.
Ne pas adhérer à la ligne éditoriale de Charlie Hebdo
Sur son blog, le journaliste belge Marcel Sel écrit : "Tu n’écriras pas 'Je suis Charlie'. Tu as critiqué le journal par le passé. Tu assumes." Un argument que partagent également d’autres journalistes. Adepte de la provocation, Charlie Hebdo s’attaque volontiers aux religieux sans jamais être condamné, ce que Marcel Sel déplore. "Tu n’as pas compris qu’on ne le condamnât pas pour deux caricatures en particulier qui te semblaient faire l’amalgame entre musulmans et terroristes", écrit-il.
Un art de jouer avec la corde sensible qui provoque un certain malaise, notamment dans les pays à majorité musulmane mais aussi au Royaume-Uni et aux Etats-Unis victimes du terrorisme islamiste.
Dans le New-Yorker, l’écrivain nigérian-américian Teju Cole écrit : "Ce n’est pas parce qu'on condamne leur odieux assassinat qu'on doit embrasser leur idéologie."
Pour le plus grand nombre des "Je ne suis pas Charlie", la satire a des limites. Selon le Guardian"le soutien au droit inaliénable d'une publication de suivre ses propres jugements éditoriaux n'oblige pas à faire écho à ces jugements" face aux caricatures des dessinateurs de Charlie Hebdo relayées par d’autres médias.
Hypocrisie républicaine
Certains internautes critiquent également la stérilité de l’union nationale qui a été rapidement mise en échec par des discordances politiques. Un internaute d’Arrêt sur images écrit : "La société française est complètement anomique (désorganisée), mais on continue à se raconter des histoires."
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La vague de soutien qui reste "un mouvement sain et compréhensible" entraîne pour d’autres un "déni collectif" ayant pour conséquences l’oubli "des causes profondes" de cette déstructuration de la société française. Ils condamnent ainsi cette société qui ne met rien en œuvre pour éviter que d’autres drames,comme ceux de mercredi et vendredi derniers, ne se reproduisent.
"Notre problème c'est de faire en sorte qu'il n'y ait plus personne en France qui n'ait (…) pour seule raison de vivre que de tuer des gens en masse", explique l’internaute d’Arrêt sur images, pointant le rôle du milieu carcéral dans l’embrigadement des djihadistes.
"Si vous étiez Charlie, vous seriez morts"
Dans une tribune, le journaliste américain Matt Welch fustige, lui, le "geste admirable" mais "complètement faux" des citoyens mus par un hommage à grande échelle aux victimes des attentats. "Si vous étiez Charlie, vous seriez morts", écrit-il.
Selon lui, beaucoup ont cédé à un mouvement de masse alors qu’ils n’ont jamais lu ou entendu parler de Charlie Hebdo. "Non, nous ne sommes pas Charlie - très peu d'entre nous sont aussi bons, et aucun d'entre nous n'est aussi courageux", lâche-t-il.
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Un autre "non-Charlie" écrit : "Ce serait indigne aujourd’hui de te déclarer solidaire de tout ce que Charlie Hebdo a produit alors que tu ne l’étais pas."
Enfin, ces voix discordantes condamnent les démarches intéressées autour du mouvement solidaire. "Je ne suis pas Charlie parce que si je l’étais, je serais mort. Stop au marketing sur les sujets les plus douloureux", lance l’une d’entre elles.
Mais pour ne pas paraître irrespectueuse ou indécente vis-à-vis de la mémoire des victimes de Charlie Hebdo, la majorité des internautes à contre-courant préfère utiliser le "oui mais..", tout en affichant son écœurement face à l’attentat contre l’hebdomadaire satirique.
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