Origine du trémaIllustrationIstock
Il est mystérieux. A l'oral, il figure dans des mots pour nous faire distinguer le féminin du masculin. A l'écrit, on le place sur des voyelles pour les différencier sans en réalité savoir ce qu'il est vraiment. Sur ordinateur, il faut manipuler deux touches de son clavier pour le faire apparaître. Quel est ce signe qui nous vient d'une langue morte et qui complique un peu plus la langue française ?
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Il nous est tous familier. On le croit de la même origine que l'accent grave, l'accent aigu ou l'accent circonflexe. Il n'en est rien. Le tréma,  ces deux petits point horizontaux que l'on place sur une voyelle pour dire "aïe", "maïs", ou encore, c'est d'actualité, "Noël", nous vient de loin. Mais qu'est-ce que c'est ?

Le tréma n'est pas un accent nous apprend Ça m'intéresse. Mais c'est lui aussi un signe diacritique d'après la définition du Larousse. Soit un :"élément adjoint à une lettre d'un alphabet pour en modifier la valeur ou pour distinguer des mots homographes.Cet élément peut être suscrit [accents], souscrit [cédille] ou placé à côté de la lettre qu'il modifie." 

Les homographes sont des mots ayant la même orthographe mais qui peuvent avoir une signification différente. Exemples, d'après Le Robert : "son" (adjectif) et "son" (nom masculin) sont des homographes homophones (qui se prononcent de la même façon), tandis qu'un "couvent" et "ils couvent" sont des homographes non homophones (qui ne se prononcent pas de la même façon.

Le tréma, un signe à l'origine antique

Ça m'intéresse, nous fait un cours d'histoire linguistique. Le tréma nous vient du grec ancien, et il n'était pas destiné à servir de chapeau aux voyelles. Son origine est "trêmatos", vocable qui désignait les points figurant sur... les dés à jouer. En France, d'après le magazine, il n'apparaît dans des manuscrits qu'au XIII e siècle.

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Le tréma, pour une prononciation "en deux temps"

Au Moyen Âge, il sert dans un premier temps à différencier certaines lettres : il état placé sur le u et le i  pour ne pas les confondre avec le v et le j.  C'est à cette époque que le français, balbutiant, commence à s'imposer dans les écrits officiels et administratifs en lieu et place du latin et des langues locales. Jusqu'à l'Ordonnance de Villers-Cotterêts, imposée en 1539 par François I er, qui le rend obligatoire.

Ce n'est que bien plus tard que sa fonction deviendra une règle encore de mise dans notre orthographe moderne. A partir du XVIII e siècle, il sert "à déterminer quand deux voyelles doivent être prononcées séparément dans un mot". Reprenons l'exemple de saison : "No-ël." Dès lors, "l’orthographe et la prononciation en deux temps seront ainsi imposées et codifiées." 

Le tréma, deux points qui gardent leur mystère

C'est particulièrement flagrant avec le mot "aiguë", féminin de "aigu". Même chose pour les mots "ambiguë", "contiguë" ou "exiguë" (sans lui cela donnerait "aigue", "ambigue", "contigue" et "exigue", essayez et écoutez la différence..). Il est censé systématiquent accompagner le e quand le mot masculin qui finit en u passe au féminin pour en modifier la prononciation. Mais la réforme de l'orthographe de 1990 tolère que l'on place désormais le tréma sur le u, à condition d'uniformiser : "aigüe", "ambigüe", "contigüe", "exigüe".

Autre remarque, en français, le tréma ne se rencontre quasiment que sur les voyelles i et e. Avec une exception : capharnaüm. On vout laisse deviner pourquoi.