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Lunettes sur le nez, bedaine de quinquagénaire et crâne légèrement dégarni. Marcel Lechien, instituteur dans un petit village de l’Eure, est un homme à apparence « banale ». Mais cette normalité de surface cache les pires travers.
En 2001, le scandale éclate dans la commune de Cormeilles où il enseigne, en classe préparatoire, depuis de nombreuses années. Cette année-là, deux mères de famille se confient à l’écrivain Jean-Yves Cendrey, résident du village. Elles lui rapportent les témoignages effroyables de leurs enfants. Ils auraient été abusés par leur maître d’école, Marcel Lechien, 48 ans. Cendrey est horrifié : il connait bien le personnage, qui a été l’instituteur de ses deux enfants.
Quelques jours plus tard, après avoir reconnu de nombreux autres témoignages, il se rend derechef chez le concerné, et le somme de monter dans sa voiture. Direction : le poste, où il traîne Marcel Lechien jusqu’aux gendarmes, avant de leur lâcher : « je vous amène un pédophile ».
Une enquête colossale se met en route. Les gendarmes vont auditionner près de 240 élèves ou anciens élèves du maître. Ils dessinent alors le portrait d’un homme solitaire, rustre, violent et même tyrannique.
Marcel Lechien, le règne de la terreur de l’instituteur
Dans sa salle de classe, Marcel Lechien fait régner la terreur, et la honte. « Souvent, il nous enfermait dans les toilettes, dans le noir, parfois pendant plusieurs heures. J'avais 4 ou 5 ans. Il y avait un climat de peur dans cette école, d'humiliation, raconte Paul, un ancien élève, au Parisien. Il était fou. Il nous faisait tellement peur que beaucoup urinaient dans leurs vêtements. C'est Marcel Lechien, lui-même, qui se chargeait de nous changer. Nous n'en avons parlé que très tardivement à nos parents. Nous avions peur qu'ils ne nous croient pas », résume celui qui a été l’élève du suspect dans les années 1980.
A l’époque, Lechien est en poste à Piencourt, dans l’Eure, où il commence sa carrière… et ses abus.
« Il en prenait souvent à part dans la forêt », se souvient encore un ancien élève dans le quotidien. A Piencourt, Lechien aurait même jeté son dévolu sur un frère et sa sœur, qui restaient parfois de longues minutes, seuls avec lui, après la fin de la classe.
La rumeur enfle, et l’instituteur est mué dans d’autres communes du département.
En 1989, il arrive à Cormeilles, le village où il est né. Il est responsable de la classe de CP de l’école. Pendant plus de 10 ans, il va y perpétrer les pires abus, dans l’indifférence générale. Attouchement, viols, violences... Les enfants sont ses jouets, et ils n'osent rien dire, terrifiés par cette figure d'autorité.
« Il mettait la main dans mon slip quand il me prenait sur ses genoux », confiera aux enquêteurs Elodie, une ancienne élève.
Affaire Marcel Lechien : les jeux pervers de l’instituteur pédophile
D’autres camarades racontent comment le maître leur faisait subir de nombreux attouchements, sous prétexte de vouloir « comparer » leurs nombrils.
Il imposait également un « jeu » pervers à ses étudiants, consistant à aller chercher un mouchoir ou un crayon au fond de sa poche. Les fillettes, sont, elles, contraintes de se mettre en jupe.
Lors d’une perquisition de sa salle de classe, les enquêteurs découvrent un étrange objet dans les tiroirs du bureau de Lechien : un pénis en pâte à modeler. L’homme s’en serait servi de manière coutumière pour perpétrer ses abus sur les jeunes enfants.
Au terme de sa garde à vue, au cours de laquelle l’instituteur a fini par avouer, il est mis en examen pour viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans par personne ayant autorité ».
Affaire Marcel Lechien : « le maitre me prenait la main et la mettait sur son sexe »
Lorsque l’affaire éclate, l’indignation s’empare de nombreux parents d’élèves, à travers la France entière. Car Lechien aurait pu être arrêté bien plutôt.
En 1996, certains parents avaient déjà signalé la directrice de l’école des faits graves, rapportés par leurs enfants. Deux jeunes élèves témoigneront à l'époque : « le maitre me prenait la main et la mettait sur son sexe », affirmera Julie, alors âgée de 6 ans.
Mais à l’époque, l’établissement conclut que tout ceci n’a « rien de sérieux ». «Un simple contact accidentel à l'entrecuisse», conclura également le rapport d’un enquêteur.
En 2001, la directrice et l’inspecteur sont mis en examen pour « non dénonciation d’agressions sexuelles ». Deux ans plus tard, la procédure se termine par un non-lieu.
Le w2 novembre 2004, Marcel Lechien comparait quant à lieu devant la cour d’assises de l’Eure, à Evreux, pour 38 agressions sexuelles et 3 viols. Durant l’audience, il n’a de cesse de clamer son innocence, et ne fait montre d’aucune forme de regrets. « Les enfants mentent », répète le prévenu depuis son box, avec une froideur déconcertante.
Les psychiatres, eux, considèrent que l’accusé présente un risque de récidive « inévitable ».
Au terme des débats, il est condamné à 15 ans de réclusion criminelle et interdit d’exercer une profession en lien avec les mineurs.
L’homme bénéficie d’une libération conditionnelle sous bracelet électronique en 2011. Mais entre-temps, d’autres anciens élèves ont porté plainte, à leur tour, contre l’instituteur, pour six agressions sexuelles.
En 2013, un nouveau procès se tient, au terme duquel Marcel Lechien est condamné à 5 ans de prison.
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