De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Le meurtre parfait a-t-il eu lieu en 1937 en plein Paris ? Rarement une affaire n’aura comporté autant de mystères et, 85 ans après les faits, elle n’a toujours pas été résolue officiellement. Nous sommes le 16 mai lorsque débute ce qu’on appelle désormais l’affaire Laetitia Toureaux. Il est 18h30 dans Paris, plus précisément à la station de métro Porte Dorée, dans le XIIe arrondissement de la capitale.
Le crime du métro : un cadavre découvert dans la rame
Le train arrive à quai comme à son habitude, dans une station presque déserte en ce dimanche soir et une seule personne se trouve dans la rame. Il s’agit d’une jeune femme qui porte une robe verte et un chapeau blanc, mais qui semble s’être assoupie sur sa banquette : elle est immobile et sa tête tombe vers l’avant. Le freinage un peu brusque du métro la fait vaciller, elle tombe de son siège tête la première et ne se relève pas. Normal, puisqu’elle est morte.
Arrivés sur place, les enquêteurs remarquent qu’un couteau à cran est planté dans son cou, au niveau de la jugulaire. La malheureuse n’avait donc aucune chance de survie. Qui a bien pu s’attaquer à cette femme sans défense, seule dans la rame ? À une heure de pointe, la question aurait rapidement trouvé sa réponse mais, ce dimanche 16 mai 1937, personne n’a rien vu. Le mystère se trouve-t-il dans l’identité de la victime ? Laetitia Toureaux est une jeune Italienne de 29 ans, veuve depuis deux ans et semble mener une vie normale dans la capitale. Surtout, l’emploi du temps de la jeune femme ne laisse que quelques minutes à son meurtrier pour agir, quatre exactement, entre deux stations de métro. Un crime rapide et violent donc, qui laisse perplexe le tout Paris de la fin des années 1930…
Le crime du métro : Laetitia Toureaux tuée entre deux stations ?
Le meurtre de Laetitia Toureaux est le premier à avoir lieu dans une station de métro parisienne. Bien sûr, l’affaire met rapidement la presse en émoi et chaque journal y va de sa théorie. De leurs côtés, les enquêteurs piétinent et ne parviennent pas à mettre la main sur le moindre suspect. Selon les différents éléments qu’ils ont pu rapporter, ainsi que les témoignages obtenus, la jeune femme a participé à un bal à Maisons-Alfort en compagnie de son frère, avant de partir vers 18 heures. Elle a pris un bus qui l’a déposée à la station Porte de Charenton, où elle a pris le métro, la station suivante étant Porte Dorée, où son corps est découvert. Le crime s’est donc passé dans le métro, entre le départ de la première station et l’arrivée à la seconde. Comment l’assassin aurait-il pu échapper à la vigilance des autres voyageurs, même en changeant de wagon ? Impossible. Le crime aurait donc eu lieu avant le départ du métro : l’assassin aurait planté son couteau dans le cou de la jeune femme lorsque le train était à quai à la station Porte de Charenton, puis serait redescendu sur le quai. Quatre minutes plus tard, le corps est découvert à Porte Dorée.
Il ne s’agit que de suppositions, car les enquêteurs ne parviennent pas à savoir qui a commis le crime. Quel est le mobile ? La jeune femme n’a pas été victime d’un voleur puisque son sac à main est intact et qu’elle porte encore tous ses bijoux. Une lettre attire néanmoins leur attention : elle avait rendez-vous avec un certain « Jean » à 23 heures le soir-même, place de la République. En fouillant un peu plus dans sa vie privée, ils découvrent qu’elle avait deux amants, dont ce matelot de Toulon et un soldat qui s’appelle René. L’un des deux hommes, jaloux, a-t-il tué celle qu’il ne voulait rien que pour lui ? La piste est envisagée, mais vite refermée, car les deux hommes ont un alibi. En réalité, Laetitia Toureaux n’est pas qu’une employée modèle et une femme de son temps, elle est aussi une espionne talentueuse…
Le crime du métro : des aveux 25 ans plus tard
Laetitia Toureaux est manutentionnaire dans une entreprise de cirage le jour, mais aussi espionne pour le compte de certains patrons. Elle est chargée de mener des filatures auprès de certains employés. L’un d’eux a-t-il voulu se venger ? La théorie ne tient pas non plus, car, au moment du meurtre, la jeune femme n’exerce plus cette activité depuis plusieurs mois, bien heureuse d’avoir trouvé un travail stable.
Ces deux hypothèses oubliées, l’affaire ne connaît pas de rebondissement et tombe aux oubliettes avec le début de la Seconde guerre mondiale. Il faudra attendre 25 ans et l’année 1962 pour qu’il se passe enfin quelque chose ! Cette année-là, le directeur de la police judiciaire parisienne reçoit une lettre à son bureau, envoyée depuis l’Allemagne. Un homme, âgé de 22 ans au moment des faits, avoue le meurtre de Laetitia Toureaux et explique avoir voulu se venger car la jeune femme avait rompu avec lui.
Etudiant en médecine, il n’a pas supporté qu’elle annule leur rendez-vous pour rejoindre un autre homme, le fameux matelot Jean. Dans cette longue lettre citée par Le Point, et publiée dans l’ouvrage Dans les archives de la polic e, l’homme décrit avec minutie comment il l’a suivie à sa sortie du bal de Maisons-Alfort : « J’entrai dans le métro juste derrière elle, sans qu’elle devinât ma présence. Elle s’installa en première, je montai juste derrière elle et, ne sachant plus ce que je faisais, je l’appelai alors qu’elle venait de s’asseoir. Etonnée, elle se retourna, je sortis mon couteau et lui plongeai dans la gorge ».
L’affaire étant prescrite, ce témoignage ne permet pas la réouverture de l’enquête et le nom de cet homme ne sera jamais dévoilé. Si le crime parfait trouve une explication, la victime reste officiellement sans assassin.