La boîte à Dibbouk, la vraie histoire derrière le mythe de la cave hantée
On dit qu'il s'agit de l'objet le plus hanté du monde… En 2001, un antiquaire de l'Oregon acquiert une vieille armoire à vin aux enchères. Il est alors loin de se douter qu'il vient d'acheter la « boîte à Dibbouk », renfermant, selon la légende juive, un démon. Dans la boutique du brocanteur, où l'objet est alors entreposé, des évènements étranges et inquiétants vont se succéder... Jusqu'à la rupture. Récit d'une histoire vraie qui continue de questionner.
Sommaire

En 2001, Kevin Mannis, un antiquaire de Portland, dans l’Oregon, se rend à une vente aux enchères, organisée par une famille juive dont la grand-mère vient de s’éteindre, à l’âge de 103 ans. Sur place, les objets de la vieille-dame sont exposés, et Kevin s’éprend d’une cave à vin en bois, qui semble particulièrement ancienne : c’est le lot 35. Le brocanteur renchérit et acquiert l’objet pour 27 dollars.

La petite-fille de la défunte lui raconte alors qu’il vient d’acheter « la boîte à Dibbouk ». Elle explique que sa grand-mère gardait toujours ce coffret dans sa salle de couture, fermé à double tour.

L’objet le plus hanté du monde ?

Lorsqu’on lui demandait ce qu’il s’y trouvait, elle répondait « Un Dibbouk ». Un Dibbouk est une figure de la mythologie juive et kabbalistique désignant un esprit ayant la capacité de prendre possession d’un corps. Il peut s’agir, selon la légende, d’une personne décédée, ou d’un démon. Dans les deux cas, les conséquences sont désastreuses : la personne habitée devient folle, irrationnelle, vicieuse ou corrompue, et en proie à de nombreux problèmes de santé, ou une malchance chronique. Une forme de « malédiction », donc.

Pour cette raison, la vielle dame répétait à son entourage que le coffret ne devait jamais être ouvert, au risque de libérer l’esprit maléfique qui s’y trouvait.

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En apprenant la rumeur, Kevin Mannis est amusé : bien que juif, il ne croit pas à ses théories fantaisistes. Il demande à la jeune femme si elle ne souhaite pas, toutefois, garder cet objet qui semble avoir une valeur sentimentale. Elle refuse catégoriquement, prend un air paniqué, et le conjure de partir avec son acquisition

Pas inquiet pour autant, l’antiquaire décide d’entreposer la cave dans le sous-sol de son magasin. Il est alors loin de se douter que l’objet va être l’origine de phénomènes pour le moins dérangeants.

Les origines de la boîte à Dibbouk

La propriétaire de la « boîte à Dibbouk » est née en Pologne, à la fin des années 1890. Elle se marie et fonde sa famille, mais la deuxième guerre mondiale ne tarde pas à rebattre les cartes. Le destin du foyer bascule. Ils sont tous envoyés dans les camps. Elle est la seule à y survivre. Elle se réfugie ensuite en Espagne, où elle achètera la fameuse boîte à vin. A la fin de la guerre, elle émigre aux Etats-Unis, et refonde une famille sur place. Elle n’emportera avec elle que trois objets : une malle, une boîte à couture, et la petite cave.

Avant de mourir, la vieille dame avait insisté : elle voulait être enterrée avec la boîte. Mais pour la famille, dont les coutumes vont à l’encontre de ce souhait, a finalement refusé. 

Le coffret est fermé par un loquet en métal, sur lequel est fixé un cadenas. Intrigué, Kevin Mannis décide, une fois la boite rapatriée dans son échoppe, de l’ouvrir. Il tord le loquet, qui cède : les portes de la cave s’ouvrent alors toutes seules. Le mécanisme impressionne l’antiquaire.

A l’intérieur, il découvre un penny de 1928 et un autre de 1925, une sorte de calice doré, et un chandelier à la forme étrange, avec des pieds en forme de poulpe. Au fond de la boîte, le mot « Shalom »  est gravé en hébreu sur une petite stèle, à côté de deux mèches de cheveux blonds et bruns.

La boite à Dibbouk : la libération du « démon »

Le jour-même, Kevin, qui doit s’absenter, laisse les clés de la boutique à sa vendeuse, Jane Howerton. Les clients ne se bousculant pas dans l’échoppe, elle décide de se rendre au sous-sol, pour faire un peu de rangement. Là, elle aurait senti « une présence », comme si on l’observait. Au moment de remonter, elle entend un bruit sourd : elle est alors persuadée que quelqu’un se cache dans le sous-sol.

Soudain, la lumière, qu’elle venait d’éteindre, se rallume brusquement, du verre se fracasse, et une chaise se renverse. Terrifiée, Jane s’empresse de joindre son patron. Elle lui explique qu’on dirait « que quelqu’un pulvérise des objets avec une batte de baseball ». Il l’enjoint d’appeler la police, mais son téléphone s’éteint.

De plus en plus inquiet, Kevin décide de courir jusqu’à la boutique. Sur place, il découvre que la grille qui mène au sous-sol est fermée à clé, ce qui le surprend. Une odeur pestilentielle flotte dans les airs, et l’endroit est complètement retourné. Toutes les ampoules ont explosé. Avec une lampe torche, il finit par apercevoir Jane. Elle se tient debout, immobile, les yeux larmoyants. En une fraction de secondes, elle remonte les escaliers, et quitte l’échoppe. Elle ne remettra plus jamais les pieds dans la boutique.

Kevin, qui veut comprendre ce qu’il s’est passé, tente de la joindre à plusieurs reprises. En vain : Jane a disparu des radars. Il se met alors à penser que c’est probablement la vendeuse qui est responsable de tout ce branle-le-bas de combat. Jusqu’à ce qu’un autre évènement troublant se produise.

La boîte à Dibbouk : un cadeau empoisonné

Quelques jours plus tard, Kevin Mannis décide de surprendre sa mère, Ida, qui célèbre son anniversaire. Il veut lui offrir la cave à vin. Le 31 octobre, la vieille dame se présente à la boutique de son fils et reçoit son étrange présent.

Alors qu’elle explore l’objet, Kevin s’absente pour répondre à un coup de fil. Ida, en observant la boîte, se sent soudain prise d’un malaise. Son visage se paralyse, des larmes se mettent à couleur sur ses joues. Son regard se teinte de frayeur. Un employé, qui remarque l’attitude inquiétante de la grand-mère, alerte Kevin, qui accourt. Ida semble incapable de parler. Une ambulance la conduit à l’hôpital, où le diagnostic des médecins est sans appel : elle a été victime d’un AVC.

Alors qu’elle est en convalescence, son fils lui rend visite. Ida ne parvient toujours pas à parler, mais elle lui transmet un mot : « hate gift » (« je déteste mon cadeau »). Kevin s’en amuse.

Et puisque sa mère ne veut pas du coffret, il décide alors de l’offrir à sa sœur ; cette dernière lui rapporte une semaine plus tard. Les portes s’ouvrent toutes seules, sans cesse, et cela l’exaspère.

C’est son frère qui hérite alors de la cave. Il ne la garde que trois jours : sa femme ne supporte pas son odeur « d’urine », même si lui trouve plutôt qu’elle sent le jasmin.

En dernier recours, Kevin Mannis en fait donc cadeau à sa petite-amie ; elle le supplie de la revendre deux jours plus tard.

L’antiquaire commence à se poser des questions, et décide, finalement de se débarrasser du coffret. Le jour même, un couple de retraités la lui achète. Sauf que là aussi, il ne leur faut que quelques jours pour retourner l’objet au brocanteur, avec cette note : « cette boîte contient une étrange obscurité ».

Dépité, Kevin remise alors l’objet au fond de sa cave, et tente de l’oublier.

La malédiction de la boîte à Dibbouk

Dès lors, il se met à faire des rêves de plus en plus étranges. Dans ces cauchemars, une personne de confiance se transforme en sorcière ou en démon et le lacère de griffes. Au réveil, l’antiquaire a le corps couvert de contusions.

Il se rend bientôt compte que tous ceux qui dorment chez lui font exactement le même rêve.

Quelques jours plus tard, Kevin Mannis croit devenir fou lorsqu’il aperçoit systématiquement une ombre dans les coins de sa boutique. De curieuses odeurs, nauséabondes ou de fleurs de jasmin, embaument aussi régulièrement son espace.

Excédé, il décide de mettre l’objet en vente sur eBay. Pour attirer les spécialistes, il ne ment pas et décrit le bien comme une « boite à Dibbouk », hantée.  Le message est clair : « aidez-moi ».

C’est Brian Grubbs qui en devient alors le propriétaire en mai 2003. C’est un étudiant, qui est loin d’être un adepte de l’occulte, mais qui n’en reste pas moins intrigué par l’objet.

Chez lui aussi, les phénomènes étranges se succèdent. Les objets électroniques cessent de fonctionner, les lumières vacillent, et toutes ses odeurs… Des cafards envahissent l’appartement. Son colocataire devient chauve, et paranoïaque.

Une fois de plus, l’objet atterrit sur eBay.

Boîte à Dibbouk : où se trouve-t-elle aujourd’hui ?

En février 2003, Jason Haxton l’acquiert pour 280 dollars. C’est un conservateur de musée. Il décide d’examiner la boîte scrupuleusement. Rien d’anormal.

Quelques jours plus tard, le matériel informatique du musée est victime d’une panne générale, et les employés tombent tous malades les un après les autres. Pour les protéger, Jason rapatrie l’objet chez lui. Les cauchemars commencent. Les problèmes de santé s’accumulent. Un soir, son fils et lui aperçoivent même de curieuses ombres noires s’échapper de la boîte.

L’histoire se propage, et l’objet devient peu à peu célèbre. Jason est assailli de messages. Il entre en contact avec Rebecca Edery, une comptable juive de Brooklyn dont le père était expert en cabale. Elle explique que pour mettre fin aux malédictions en série, il faut enterrer la boîte dans un cimetière juif et réaliser une prière collective.

Pour en savoir plus, Jason remonte aux origines de l’objet et contacte Kevin, le premier « propriétaire ». Ce dernier décide de retrouver la famille qui lui a vendu le coffret. C’est finalement la cousine de la défunte qui lui raconte comment « la boîte à Dibbouk » est née, après une séance de Ouija. Un esprit malveillant était venu leur parler à travers la planche, et elles l’avaient enfermé dans la boîte selon un rituel spécifique.

Depuis que Kevin avait ouvert la boîte, l’esprit s’était donc libéré.

Jason pris contact avec plusieurs rabbins : après de longues recherches et de nombreuses prières, le coffret fut définitivement scellé à nouveau. Elle est désormais conservée par Jason dans un endroit secret.

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