Enfants martyrs : l’histoire glaçante de Serena, enfermée dans un coffre par sa mère pendant deux ans getty
Le 25 octobre 2013, deux employés d'un garage de Terrasson, en Dordogne, font une terrible découverte en s'occupant du véhicule d'une cliente. Dans le coffre de la voiture, une petite fillette en sale état est recroquevillée, parmi ses excréments. Elle est livide, incapable de parler, et en état de déshydratation intense. La mère, Rosa-Marie, est interpellée. Elle va alors livrer un récit invraisemblable aux enquêteurs. Depuis la naissance de sa fille, elle la dissimule au monde extérieur, y compris à sa propre famille. La petite Serena vit littéralement dans le coffre de la voiture depuis des mois.
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Une odeur « pestilentielle », et des gémissements étranges. Lorsque les garagistes de Terrasson (Dordogne) s’attaquent à la réparation du véhicule de leur cliente, Rosa-Marie Da Cruz, une mère de famille d’une quarantaine d’années, ils sont interpellés par les effluves désagréables et les drôles de bruits qui semblent émaner du coffre. En ouvrant l’habitacle, leur sang ne fait qu’un tour. Au fond du coffre gît une fillette, suffocante, et dans un état inquiétant. Elle est nue, très sale et baigne dans un mélange d’excréments, de mouches et de larves.

« J’ai découvert cette petite fille au fond du coffre, toute nue, à côté d’un couffin pourri, dégueulasse. J’ai fait un bond en arrière tellement l’odeur était forte », raconte Denis Latour, commercial du garage, à franceinfo.

Déshydratée, l’enfant est immédiatement prise en charge par les secours, tandis que les garagistes préviennent la gendarmerie.

La cliente, quant à elle, est placée en garde à vue.

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A l’hôpital de Brive-la-Gaillarde, les médecins n’en croient pas leurs yeux : l’enfant, dont ils estiment qu’elle est âgée d’un an, est livide, ses yeux sont révulsés, et son petit corps de 7 kilos semble complètement « désarticulé ». Il ne faut pas moins de quatre lavages pour la débarrasser de toute sa crasse.

Serena, « parce qu’elle ne pleurait jamais »

Devant les enquêteurs, Rosa-Marie Da Cruz va alors raconter l’impensable. Sa fille est en réalité âgée de deux ans et demi, et elle s’appelle Serena, « parce qu’elle ne pleurait jamais », confie-t-elle. La mère de famille aurait accouché, dans le secret, le 23 novembre 2011, suite à un déni de grossesse.

Paniquée, elle aurait alors décidé de dissimuler la naissance, tout comme l’existence de l’enfant, aux yeux de tous, y compris de son mari et de ses trois enfants.

Au départ, le bébé est laissé jour et nuit dans une pièce du rez-de-chaussée du pavillon familial, à Brignac-la-Plaine (Corrèze). Puis, la mère décide de la transférer dans le coffre de sa voiture. Pour la nourrir, elle lui apportait du lait en brique ou des aliments mixés. Elle agrémente le coffre de quelques jouets, d'une tétine... Et c’est tout.  

Le père, un maçon de 40 ans, affirme de son côté qu’il ne s’est rendu compte de rien pendant tout ce temps. 

A l’issue de sa garde à vue, la mère est mise en examen et laissée libre sous contrôle judiciaire.

Pour Serena, commence alors une longue rééducation. Car la fillette, qui a grandi dans des conditions terribles, présente de nombreuses lacunes, tant au niveau de sa croissance physique que mentale.   

Affaire Serena, le « bébé du coffre » : le profil de la mère

Rosa-Marie Da Cruz n’avait jamais déclaré son enfant à l’état civil. Selon ses dires, elle aurait souffert d’un déni de grossesse jusqu’au huitième mois d’aménorrhée.

Selon leurs voisins, la famille Da Cruz était plutôt du style discrète, voire, renfermée. Le mari était souvent très alcoolisé, et le couple n’avait vraisemblablement pas d’amis.

Quant à la mère, certains ont remarqué, au fil des mois, quelques comportements étranges, mais sans jamais se douter de l’ampleur du drame qui se jouait à l’insu de tous.

« Avec mon fils, on avait l'impression que cette femme vivait dans sa voiture. Elle ne la quittait pas! Mais on n'a jamais entendu un seul pleur, jamais vu de biberon ou de poussette », raconte Pascale, une voisine, dans les colonnes du Parisien.

Dans un entretien accordé à l’émission Sept à Huit (TF1), Rosa-Marie tentera d’expliquer son terrible geste :

« Pour moi ce n’était pas un bébé qui venait de naître et … voilà… je suis… voilà… je…. Je n’ai pas pu en parler. Le jour de l’accouchement je n’ai rien dit à personne, le lendemain non plus. Le troisième jour non plus. Et ainsi de suite, et ainsi de suite et ainsi de suite. Je me suis enfermée dans un mensonge, un gouffre. »

Pour son avocate, Me Chrystèle Chassagne-Delpech, son déni de grossesse se serait transformé, en quelque sorte, en « déni d’enfant ».

La mère de Serena aurait été, à l’époque, dans un état de « s idération psychique complet », témoignera le Pr Henri-Michel Delcroix, gynécologue obstétricien, lors du procès de Rosa-Marie Da Cruz.  

La mère de famille avait déjà vécu deux dénis de grossesse : le premier, à la naissance de son deuxième enfant, et le second, au bout de sept de mois de grossesse, pour son troisième. Elle n’a jamais été suivie par la suite.

Affaire Serena : les terribles séquelles de l’enfant du coffre

Placée, depuis la terrible découverte, en famille d’accueil, la petite Serena a grandi tant bien que mal, parvenant difficilement à se défaire des terribles séquelles que lui ont laissé ses premières années de vie.

En 2019, alors âgée de 7 ans, Serena ne parlait toujours pas.

Elle souffre d’un syndrome autistique et de lourds problèmes de communication. Serena passe le plus clair de son temps seule.

Selon les experts, la petite fille présenterait le développement intellectuel d’un enfant de 2 ou 3 ans. Et il est peu probable qu’elle puisse, un jour, vivre en autonomie.

« Elle a été enfermée dans le coffre d'un véhicule avec des privations sensorielles extrêmement importantes, dans l'obscurité et sans contact avec l'être humain. [...] Les experts sont certains du lien de causalité entre ces séquelles et les conditions de vie de Serena sur ses deux premières années », expliquait Marie Grimaud, avocate pour l’association Innocence en danger, au micro de RTL en 2016.

En 2019, à l’issue d’un premier procès, Rosa-Marie Da Cruz a été condamnée à 5 ans de prison dont 3 avec sursis.

Sa peine sera commuée en appel : elle écopera de 5 ans de prison ferme.

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