Face à la montée des cyberattaques, le FBI et la CISA recommandent d’arrêter d’envoyer des SMS entre utilisateurs d'iPhone et d'Android. Un conseil qui ne vise pas seulement les Américains mais tous les...
Accident, suicide ou meurtre ? Cela fait trois ans jour pour jour que Tiphaine Véran, une Française de 36 ans, a disparu lors d'un voyage au Japon. Seulement deux jours après son arrivée à Nikko, une ville située au nord de Tokyo, l'auxiliaire de vie scolaire, épileptique, se volatilise soudainement dans cette ville touristique entourée de collines et de bois. Dans l'auberge dans laquelle elle séjourne, les enquêteurs retrouvent passeport, valise et son programme de visites "minutieusement préparé depuis 6 mois", selon sa mère Anne Désert, qui ne croit pas à la thèse du suicide ou de la disparition volontaire. "Aucun élément précis n’a permis de faire avancer l’enquête", reconnaît le parquet du tribunal de Poitiers, où l’information judiciaire se heurte au "manque de collaboration" du Japon et à des investigations "trop parcellaires" selon la famille.
L’hypothèse criminelle "jamais véritablement explorée"
Sa famille continue de se battre pour retrouver Tipahine Véron et estime que de nombreuses pistes n'ont pas été exploitées. "Quand tout a été fait, vous devez abdiquer, il y a une sorte de fatalisme. Nous, ce n’est pas le cas, rien n’a été fait, donc on se bat, on n’abandonnera pas", assure le frère de la jeune femme Damien à L'Est éclair. Celui qui anime l'association "Unis pour Tiphaine" espère récolter 60 000 euros afin de pouvoir financer eux-mêmes les frais d’enquête. "Les enquêteurs japonais ont objectivement cherché à faire de cette affaire une non-affaire", estime leur avocat Me Vey, qui regrette que l’hypothèse criminelle n’ait "jamais été véritablement explorée". L'avocat a été engagé par la famille il y a un pour relancer l'affaire. En visite à Tokyo pour les Jeux olympiques ce samedi 24 juillet, Emmanuel Macron a quant à lui évoqué la disparition de Tiphaine Véron avec le Premier ministre japonais Yoshihide Suga. "Il a demandé que l’enquête se poursuive, que la justice fasse son travail", rapporte l’Élysée, exigeant "toute la coopération des autorités exécutives et judiciaires japonaises".
Une mauvaise rencontre sur "Line", le WhatsApp japonais ?
"Aujourd’hui, il est impossible de trancher définitivement en faveur d’une thèse plutôt qu’une autre car les recherches ont été effectuées de manière très éparpillée. (…) Nous sommes face à un puzzle dans lequel il y a beaucoup trop de pièces manquantes", assure l’avocat de la famille Me Vey auprès du quotidien régional L'Est-éclair. "Aujourd’hui, il est impossible de trancher définitivement en faveur d’une thèse plutôt qu’une autre car les recherches ont été effectuées de manière très éparpillée. (…) Nous sommes face à un puzzle dans lequel il y a beaucoup trop de pièces manquantes", juge l’avocat. Il évoque notamment "des auditions de témoins inexistantes ou incomplètes, des pièces manquantes ou non traduites" et s'interroge sur "des données téléphoniques absentes sans que l’on comprenne pourquoi elles n’ont pas été collectées, alors qu’elles permettraient de géolocaliser les téléphones de Tiphaine et des protagonistes sur la zone".
"Nous disposons seulement de ses données Wifi à l’hôtel. Nous savons par ailleurs qu'un SMS envoyé sur son téléphone le dimanche vers 20 heures n’est jamais arrivé à destination, ce qui pourrait indiquer que son appareil était alors cassé", assure l'avocat auprès de Marianne. Il souhaite aussi obtenir des informations sur le compte de Tiphaine sur l’application "Line", le "WhatsApp japonais" sur laquelle s'était connectée Tiphaine Véron. Les données pourraient révéler une prise de contact avec des locaux potentiellement suspects sur ce le réseau.
Un faux guide dans le sanctuaire de Takino ?
La mère de Tiphaine Véron penche plus pour la piste criminelle. "Plus les mois passent, plus l’éventualité d’un meurtre me paraît évidente. Ou alors elle est vivante, mais dans quelles conditions ?", s'interroge-t-elle. Afin de lever de nombreses "zones d'ombre" dans cette affaire, l’avocat de la famille a demandé une nouvelle commission rogatoire internationale auprès de la juge d'instruction de Poitiers en date du 31 mars dernier. L’avocat a également recruté un enquêteur pour des investigations sur le "climat criminogène" de Nikko. Le Tokyo Reporter rapporte plusieurs affaires de meurtres de femmes autour de la ville. Me Vey évoquent "plusieurs découvertes macabres" qui semblent être en contradiction avec la réputation sûre de Nikko.
Selon Marianne, dans le sanctuaire Takino où Tiphaine Véron aurait pu se rendre, une pancarte alertait sur la présence d'un "faux guide". Le journal évoque aussi la prise de contact de deux touristes avec la famille Véron pour leur faire part d'une mésaventure survenue en novembre 2020 pendant la visite d’un petit cimetière de Nikko. En effet, selon le journal, ces deux femmes se seraient retrouvées cernées par deux hommes qui auraient eu une "attitude inquiétante". Or sur une carte retrouvée retrouvée dans la chambre d’hôtel Tiphaine Véron, ce cimetière était noté comme une visite potentielle. La jeune femme aurait donc pu faire une mauvaise rencontre dans le sanctuaire de Takino ou dans ce cimetière de Nikko.
Damien, le frère aîné de Tiphaine Véron, rapporte également un échange étrange survenu sur le parking de l'hôtel de Tiphaine Véron lors d’un de leurs voyages à Nikko, à la mi-août 2018 : "C’était un type étrange qui se faisait passer pour un yakuza, se souvient Damien. Il circulait à bord d’une camionnette blanche et nous a parlé d’une façon belliqueuse. Il nous a dit : 'Moi je sais où est Tiphaine !'". Face à tant de pistes inexplorées, la famille tente de garder espoir.