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Tout commence le 10 septembre 1979, à l’heure où l’Ile de Beauté se déleste de ses derniers vacanciers. Ce jour-là, les proches de Marcelle Nicolas, une jeune infirmière bretonne de 29 ans, se rendent au commissariat de Bastia pour signaler sa disparition. La maman célibataire passait ses vacances au camping de Miomo, avec son fils de 8 ans. Elle n’est jamais rentrée chez elle, en région parisienne.
Très vite, une enquête est ouverte, et les policiers corses s’enquièrent des quelques témoins qui ont croisé la route de Marcelle pendant ses congés. Ils décrivent une femme « libérée », qui aime s’amuser et aurait souvent confié son jeune fils aux employés du camping pour aller faire la fête. A part ça, rien.
La jeune femme a pourtant bien décalé, à la dernière minute, son départ, initialement prévu au 25 août. Son fils était malade. Le 26 août, elle se rend à l’hôtel de police pour demander l’adresse d’un médecin. Elle est inquiète, diront les témoins, voire très agitée. Problème : l’enfant n’est pas avec elle. Et lorsque le médecin se déplace, c’est en vain, car le petit garçon n’est pas avec sa mère à l’hôtel.
La femme sans tête de Miomo : le choc de la découverte
Marcelle et son fils sont introuvables depuis. Et l’enquête s’enlise.
Jusqu’au 9 août 1988, soit près de 10 ans plus tard. Ce jour-là, un employé du cimetière de Miomo s’affaire à préparer le caveau familial d’un habitant dont les funérailles approchent. Il découvre alors avec stupeur, dans la crypte, un corps partiellement momifié, desséché, et sans tête.
La découverte fait grand bruit dans la région. Qui a bien pu jeter ce cadavre dans le caveau, et surtout, qui est la victime?
Une autopsie est pratiquée sur la dépouille. Les analyses sont formelles : il s’agit de Marcelle Nicolas, l’infirmière disparue.
La jeune femme a été battue à mort : on relève près de 60 fractures sur son corps. Sa tête a été découpée à la scie électrique. La barbarie du crime laisse sans voix. Qui a bien pu en vouloir à ce point à cette jeune bretonne sans histoires ?
La femme sans tête de Miomo, l’enquête impossible ?
Dès lors, une cellule spéciale est créée au sein de la police judiciaire de Bastia, et flics et gendarmes passent la région au peigne fin dans l’espoir de récolter des indices sur le sort de Marcelle. En vain. Les pistes sont toutes infructueuses, et le dossier finit par prendre la poussière.
Un an plus tard, pourtant, l’affaire ressort des tiroirs contre toute attente. En novembre 1989, une trentaine d’enquêteurs investissement une étrange maison abandonnée, à quelques encablures du camping de Miomo où séjournait la mère de famille. Dans les environs, il y a également une ancienne fonderie. Sur place, les investigations mènent à un tunnel souterrain, partiellement sous l’eau, dans lequel les découvertes macabres vont s’enchaîner, selon la presse de l'époque.
On raconte qu’ossements, vêtements en lambeaux et scies auraient été repêchées par les techniciens de la PJ. Sauf qu’en réalité, il s’agit d’ossements d’origine animale, et que les scies seraient tout bonnement fictives. Une nouvelle fois, l’enquête se heurte à un mur.
En 1994, la famille de Marcelle, désespérée face à l’inertie des investigations , lance un dernier appel dans l’émission « Témoin numéro 1 » sur TF1. Ils supplient les habitants de briser l’omerta. Et cela fonctionne. Les enquêteurs reçoivent de nombreux témoignages, et placent même quelques personnes en garde à vue. Mais faute d’éléments , ils sont finalement tous relâchés.
La femme sans tête de Miomo : la contre-enquête d'un journaliste
La disparition de Marcelle et de Yann semble insoluble. Mais un jeune journaliste corse, Antoine Albertini, qui a passé toutes ses vacances à Miomo lorsqu’il était enfant, se donne, en 2010, une nouvelle mission. Il va enquêter sur cette affaire.
A l’époque de la disparition, Antoine Albertin avait 4 ans. Il en avait 13 lorsque, en 1989, on découvre le cadavre de Marcelle dans le caveau. Il garde en mémoire les mots de son père, à l’époque :« Quel est le fils de putain qui a bien pu faire ça ? ».
Alors qu’il mène son enquête, pourtant, Antoine se rend vite compte que personne ne compte vraiment l’aider. Pire, le dossier judiciaire a été vraisemblablement perdu par le parquet. Il parvient seulement à recueillir les confidences d’un ancien major, très impliqué à l’époque dans l’affaire, qu’il compilera dans un livre, La femme sans tête.
Aujourd’hui, nul ne sait ce qu’il est advenu de Marcelle et de son jeune fils. Des victimes oubliées, un crime effroyable, un dénouement impossible…
Marcelle a été inhumée en 1990 au cimetière Valmy, à Paris, près de l’hôpital psychiatrique où la jeune maman exerçait son métier d’infirmière.
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