De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Quarante ans plus tard, les cicatrices sont encore vives. A Beaune, personne n’a oublié la tragédie du 31 juillet 1982, qui a coûté la vie à 53 personnes, dont 46 enfants.
A Crépy-le-Valois, dans l’Oise, non plus.
C’est depuis ce village que, ce soir-là, partent deux bus, remplis d’enfants et d’adolescents, direction la Savoie, pour une colonie organisée par l’assistance sociale de la caisse locale d'allocations familiales.
Dans les autocars, l’ambiance est à la fête tandis que les deux véhicules descendent l’autoroute du soleil, en plein chassé-croisé de l’été. Mais tout va basculer en une fraction de secondes.
Peu après 1h30 du matin, les bus atteignent, au kilomètre 313 de l'A6, “l’entonnoir” de Beaune, où la circulation se rétrécit de trois voies à deux.
Le chauffeur du premier car est fatigué : il a aussi fait de la route la veille, et n’a dormi que quelques heures. Lorsqu’un autobus freine brusquement devant lui, il tarde à réagir. Les deux poids-lourds s’entrechoquent, à 16 km/h. Sauf que dans le même temps, deux voitures s’insèrent à toute vitesse derrière l’autobus. Une 2CV choque le premier bus, et est bientôt à son tour percutée de plein fouet par le second car, qui suit. Un quatrième véhicule ne parvient pas à freiner à temps et s’écrase contre le bus. Le carambolage est dantesque.
Les réservoirs s’éventrent, explosent, les véhicules prennent feu. 6, au total, s'embrasent. C’est la panique : dans le premier car, on réussit à évacuer la totalité des enfants. Mais dans le second, il est déjà trop tard. "Ils étaient entassés à l’arrière du bus, parce que c’était la seule sortie possible. Avec le choc, la porte de devant avait été bloquée", raconte au Télégramme Philippe Rouillard, un des premiers pompiers arrivés sur place. Aujourd’hui, le soldat du feu reste profondémment marqué par ce qu’il a vu cette nuit-là. "Lorsqu'on arrive, c'est complètement embrasé. On sait que personne ne sortira vivant. C'est trop tard", a-t-il confié à l’AFP.
Au total, sur les 107 enfants présents dans les bus, 46 périront. Le plus jeune avait 5 ans. 7 adultes trouvent également la mort dans le tragique accident, au beau milieu de l'autoroute.
L’accident de Beaune, un drame de la route gravé dans les mémoires
"J'en ai fait des cauchemars pendant des années, confie à France 3 le photographe de l'AFP dépeché sur place à l’époque, Eric Feferberg. Les pompiers sortaient des restes qui n’avaient plus rien d'humain".
Pour les parents, prévenus à l’aube, le drame est inimaginable.
"On ne fera jamais le deuil", raconte Marie-Andrée Martin, elle aussi à France 3. Ce jour-là, ces 4 enfants faisaient partie du voyage. Trois d’entre eux ont péri.
C’est le maire du Crépy-en-Valois, Michel Dupuy, qui communiquera le lendemain matin le nom des enfants décédés, par ordre alphabétique.
Le drame fait la Une des journaux, et bouleverse la France entière. Le 3 août, les obsèques des petites victimes ont lieu dans la commune de l’Oise, en présence du président de la République, François Mitterrand, et de son premier ministre, Pierre Mauroy.
L’accident qui a changé la sécurité routière en France
En 1985, un mémorial est érigé sur l’aire de repos de Curney, à quelques encablures du lieu de l’accident.
Le drame réveille aussi les consciences, et le ministre des Transports de l’époque, Charles Fiterman, décide de prendre une série de mesures qui façonnent aujourd’hui encore la sécurité routière en France. A ce titre, la vitesse maximale des autocars est réduite sur l’autoroute, et les transports collectifs de mineurs sont prohibés pendant les périodes de chassé-croisé.
Ce week-end, pour commémorer les 40 ans de l’accident, plusieurs célébrations ont été organisées, à Merceuil, la commune adjacente, mais aussi au Crépy-en-Valois, pour que personne n’oublie les victimes du pire drame routier que l’Hexagone ait jamais connu.
40 ans après, découvrez en images dans notre diaporama l’émotion et la douleur du pire drame routier de notre histoire.