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Convaincre sans être contesté. Pour justifier des mesures d’allongement de la vie active, les arguments du gouvernement doivent être irréfutables. C’est pourquoi Edouard Philippe entend s’appuyer sur des données fiables ; car depuis les révisions financières effectuées par le Cor, des controverses sont apparues, a confirmé le Premier ministre lors de son discours devant le Conseil économique et social le 12 septembre 2019.
"Le Conseil d’orientation des retraites a fait, avant l’élection présidentielle, des projections financières. Elles ont été révisées depuis. J’ai noté que ces changements avaient suscité des interrogations. Voire des soupçons". Et d’ajouter : "Je veux que le débat s’engage sur des bases incontestables et je l’espère, partagées", rapporte Capital.
Retraite : l’argument de l’effondrement financier largement contesté
Pour faire travailler plus longtemps les Français, un argument phare est mis en avant par le gouvernement : l’effondrement financier du régime. Or, le remaniement des chiffres a semé le doute. Même la CFDT, l’un des seuls syndicats à soutenir la réforme des retraites, remet en cause cette argumentation. “Pour nous, la trajectoire est bonne, le système va vers l’équilibre voire même des excédents à l’horizon 2040”, a d’ailleurs précisé Frédéric Sève, négociateur retraite pour la centrale, en mars dernier sur France Info. "Il n’y a pas besoin de modifier l’âge légal pour équilibrer les systèmes de retraites." Selon le syndicat, les mesures d’urgence pour repousser l’âge de départ à la retraite avant la mise en place du système universel prévu en 2025 n’ont donc pas lieu d’être.
"S’il y a une manipulation sur l’âge, ce n’est pas pour une question de retraite mais pour d’autres raisons", que le gouvernement doit expliquer a-t-il ajouté sur le plateau de :l’éco.
Retraite : "tout porte à croire que ce déficit va fortement se dégrader"
Si dans son discours Edouard Philippe avoue que pour l’heure, ”le système n’est pas très loin de l’équilibre”, cela ne signifie pas pour autant qu’il ne faut rien faire, précise-t-il. "Car les départs à la retraite resteront très nombreux dans les années à venir et tout porte à croire que ce déficit va fortement se dégrader".Il reprend l’idée d’Emmanuel Macron selon laquelle "pour continuer à financer notre système de retraites, il faut que les Français travaillent plus longtemps. D’autant que nous sommes un des pays d’Europe où l’on part à la retraite le plus tôt".
D'après le Premier ministre le fait de travailler plus longtemps n’est d’ailleurs plus un tabou. "Ni pour la droite, ni pour la gauche. Et encore moins pour les Français, qui travaillent d’ores et déjà aujourd’hui plus longtemps que l’âge légal pour bénéficier d’une meilleure pension : au régime général, ils partent en moyenne à 63,5 ans ! En un sens, ils ont déjà un peu tranché le débat", assure-t-il.
En ont-ils vraiment le choix ?
Retraite : des évaluations précises pour déterminer la meilleure mesure
Afin de mettre un terme à ce débat et ne plus être contrecarré, l’exécutif veut s’appuyer sur des données précises. C’est pourquoi dans la lettre de mission soumise au Cor ce jeudi 19 septembre 2019, Édouard Philippe réclame la réalisation de projections sur l’avenir du régime d’ici à 2030.
Missions ?
- établir les trajectoires de recettes, de dépenses et de soldes du système
- dresser la part des dépenses de retraite par rapport au PIB (14% actuellement)
- déterminer l’ampleur des mesures à prendre afin de garantir l’équilibre en 2025
Le locataire de Matignon entend ainsi avoir des précisions sur “la contribution que pourrait apporter chacun des trois leviers que sont le montant de la pension moyenne, l’âge moyen de départ à la retraite et le taux de prélèvement, au redressement de l’équilibre financier en 2025”.
Il s’agit en somme d’identifier la mesure la plus efficace. En fonction de l’option choisie, l’exécutif souhaite également connaître les impacts sur les différentes catégories de la population.
Le Conseil d’orientation des retraites a jusqu’au 22 novembre pour constituer son rapport