Retraite : cette mesure rusée qui pourrait être employée pour reculer l’âge de départ

Cette mesure rusée qui pourrait être employée pour reculer l’âge de départ à la retraite : accélérer l’augmentation de la durée d’assurance

Allonger, génération par génération, la durée d’assurance requise pour obtenir une retraite à taux plein. Voici en quoi consiste la loi du 20 janvier 2014, dite réforme des retraites Touraine (du nom de Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé de l’époque).

La durée de cotisations doit être relevée d’un trimestre tous les trois ans, à partir de 2020.

Objectif ? Atteindre en 2035 172 trimestres de cotisations pour les générations nées à partir de 1973.

Pour l’accélérer, on pourrait avancer l’âge des générations concernées. Ce serait par exemple celles nées dès 1967 qui devraient cotiser 172 trimestres (au lieu des 170 prévus) pour toucher une retraite à taux plein à la place de celles nées dès 1973.

Conséquence ? Les Français seraient amenés à travailler plus longtemps.

Cette mesure rusée qui pourrait être employée pour reculer l’âge de départ à la retraite : maintien de l’âge légal mais recul du départ

Cette réforme a pour visée d’inciter les actifs à travailler plus longtemps. Une technique habile qui qui accroîtrait mécaniquement le montant des cotisations versées, tout en réduisant celui des pensions versées puisque les années passées à la retraite seraient moins longues.

“Une telle mesure permet de maintenir l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans tout en reculant l’âge de départ à taux plein. Ainsi il y aura de plus en plus de probabilité que des actifs subissent une décote du montant de leur retraite à leur âge légal et décalent en conséquence leur départ”, confie Valérie Batigne, dirigeante de Sapiendo, cabinet d’expertise retraite, à C apital. “Mécaniquement, une telle mesure décale l’âge réel de départ à la retraite.”

Cette mesure rusée qui pourrait être employée pour reculer l’âge de départ à la retraite : des avis bien tranchés

Rien n’est encore déployé. Le haut-commissariat à la réforme des retraites, affirme d’ailleurs que le sujet n’a pas été abordé avec les syndicats et qu’il ne sait pas dans quel cadre il pourrait l’être.

Plusieurs groupements ont toutefois réagi. “Si la décision d’accélérer la réforme Touraine est prise, cela signifierait pour nous la fin de la réforme des retraites”, assure Philippe Pihet de Force Ouvrière.

“On ne peut pas changer les règles du jeu en cours, s’insurge Dominique Corona de l’Unsa. Une telle mesure romprait la confiance dans notre système”.

Une telle mise en place créerait-elle une polémique ?

Cette mesure rusée qui pourrait être employée pour reculer l’âge de départ à la retraite : du bricolage sans réflexion ?

Pour Frédéric Sève de la CFDT, “cela ressemble à du bricolage sans qu’il n’y ait vraiment de réflexion sur le sens. Une bonne fois pour toute notre système de retraite n’est pas en péril et nous nous demandons bien pourquoi on mettrait en place une telle mesure. S’il s’agit de baisser la dépense publique ou de financer la dépendance, ces questions n’ont pas de lien avec la retraite”.

Philippe Pihet rappelle quant à lui avec ironie que les citoyens ne sont pas dupes :

“Si l’on pense que les Français ne comprennent pas qu’accélérer la réforme des retraites de Marisol Touraine revient exactement à la même chose que repousser l’âge minimum de départ, nous serons là pour leur expliquer.”