Une habitante de Ploërmel en Bretagne vivrait depuis plusieurs mois dans son véhicule. Ce type de cas, évoqué de façon récurrente dans la presse, soulève la problématique de la paupérisation des personnes...
"Après une vie jonchée de combats, durant laquelle, malgré mon statut de bourgeoise, j’ai dû me battre pour devenir médecin et m’émanciper en tant que femme, une fois la retraite venue, je ne pensais plus avoir à mener de bataille. Pourtant, depuis une vingtaine d’années, je me bats encore pour sauver ce qu’il reste de mes terres familiales. C’est en partie la raison pour laquelle je continue d’exercer mon métier de pédiatre à Versailles, en cumulant ma pension de retraite et mon emploi, au lieu de profiter de mes vieux jours", nous confie Geneviève Barre.
Comme elle, selon une étude de la Cnav publiée le 4 novembre 2020, "parmi l'ensemble des retraités en paiement au 31 décembre 2018, 397 038 ont cumulés en 2019 une activité salariée relevant du régime général, tout en percevant une pension de ce régime".
Dans son livre, Bourgeoise et rebelle, mon combat pour devenir médecin (Fauves Éditions), elle témoigne de son parcours qui, bien qu’heureux, a été semé d’embûches.
Cumul emploi-retraite : "Je travaille encore pour tenir la promesse faite à ma mère avant sa mort"
"Issue d’un milieu privilégié, j’ai grandi entre Versailles et Saint-Georges-d’Orques, situé à quelques kilomètres de Montpellier, où je suis née. Le village est devenu au fil des siècles, le fief de ma famille maternelle. Je passais, avec mes 7 frères et sœurs, l’ensemble de nos vacances dans notre grande bâtisse de 1200 m2 sur trois niveaux, entourée de vignes et de grands espaces verts de plusieurs hectares. Élevée par des domestiques, je ne voyais que très peu mes parents. Si j’ai dû abandonner très tôt ma vie de château sans aucun soutien pécuniaire ni familial pour poursuivre mon rêve et faire accepter mes choix de vie, je suis restée très attachée aux terres de mes ancêtres. Pour devenir médecin pédiatre et pédopsychiatre, j’ai dû enchaîner les petits boulots en sus de mes études, afin de subvenir à mes besoins. Avec mon mari défunt, également médecin, nous avons gravi les échelons un à un, grâce à notre seule détermination. Je ne le cache pas, si nous avons beaucoup travaillé, nous avons eu une très belle vie, malgré les aléas de la vie. Si nos relations familiales étaient compliquées, avant son décès, ma mère m’a confié une mission : sauver ce qu’il reste de nos terres familiales. Je m’efforce ainsi, depuis une vingtaine d’années, de tenir ma promesse…"
Cumul emploi-retraite : "Je travaille encore pour payer les frais de justice"
"Au début des années, 2000, notre demeure de Saint-Georges-d’Orques a été préemptée, contre mon gré, en mairie du village. Si en échange, on nous avait certifié l’obtention de permis de construire, il n’en est rien ! On tente de nous dépouiller de nos terres, situation que je n’accepte pas ! J’ai ainsi dépensé des sommes folles en entretien et frais de justice pour des terrains qui appartiennent à ma famille. C’est pourquoi je cumule encore emploi et retraite à mon âge avancé."
"Des constructions ont été bâties illégalement sur des terrains jugés inondables pour nous, propriétaires, mais en l’occurrence pas pour les promoteurs. Le cadastre a même été modifié après la mort de ma mère, alors qu’aucune personne de ma famille n’a signé quoi que ce soit. De multiples plaintes ont été déposées, en vain. J’ai seulement pu empêcher par voie judiciaire la construction d’une ZAC sur nos terres, en 2015. Le projet a en effet été jugé illégal par la cour d’appel de Marseille. Pour conserver mon héritage, je continuerai à me battre jusqu’à obtenir gain de cause."
Cumul emploi-retraite : "J’aimerai rendre honneur à ma famille"
"Certes, mon métier me passionne et j’aime toujours autant prendre soin de mes jeunes patients. J’ai d’ailleurs travaillé sans relâche durant la crise sanitaire et les différents confinements. Je ne m’accorde que le jeudi et le dimanche en jour de repos et fini souvent mes journées à plus de 21 heures. Pour autant, j’aimerai à présent me reposer davantage. Je m’efforce de tenir pour rendre honneur à ma famille en parvenant à conserver nos terres, pour que les futures générations puissent aussi en jouir. Je me suis même mise à étudier le droit pour confirmer la réalité de ces iniquités et réduire un tant soit peu les frais de justice."
"Si on tente de nous racheter nos derniers hectares, considérés comme jachères, à des prix dérisoires, j’ai pour ambition d’y construire des maisons de Solenn (établissements de santé pour adolescents Ndlr), des maisons seniors ainsi qu’une petite école Montessori. J’espère pouvoir y parvenir", conclut Geneviève Barre.